Chapitre 148 : Keep going, you will be fine

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L'année de choc

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L'année de choc. Quand je pensais à cette année inondée d'émotions et de tragédie, j'en frissonnais. Tout avait commencé par un rêve qui, de base, devait être des plus banals quand on y réfléchit bien. Pourtant je me suis réveillée dans ma vraie vie pas très rose. Une vie où malgré moi, je continuais d'être manipulée telle une marionnette et où personne ne me comprenait vraiment.

Mon réveil dans cette vie que je détestais plus que tout m'avait fait énormément souffrir. Souffrir au point de tomber au fur et à mesure du temps, dans une dépression un peu plus noire chaque jour. Je coulais donc seule, avec des personnes autour de moi qui ne le remarquaient même pas, pensant juste que je tapais mes crises comme d'habitude. Pourtant elle existait vraiment. Elle était plus que réelle. La tentative de suicide suivait aussi. À deux reprises aussi, la première ayant échouée avant même que je tente quelque chose, et la deuxième qui avait réussi. À un détail près.

Jungkook était entré dans ma vie aussi. Nos deux fardeaux extrêmement lourds à porter, nous avions pris la décision spontanée de les porter ensemble et de marcher main dans la main pour surmonter nos souffrances, aussi grandes soient-elles. Et quand on voyait bien, nous avions agi tel un couple pendant tout ce temps. Pendant plus de six mois.

Pourtant, nous ne pouvions jamais être un vrai couple, ou encore s'aimer. C'était prévisible, et à cent pour cent. Jungkook était atteint d'une sorte de syndrome appelé le deuil post-traumatique. Je ne l'avais jamais réellement remarqué. Il n'avait jamais vraiment guéri de la perte de Karen. Il ne le montrait peut-être pas mais son absence avait fait de lui un être brisé, tout comme moi. Je me demandais même des fois s'il serait encore prêt à aimer à nouveau. Durant tout ce temps, je remplaçais cet être qui lui était si cher et qui s'était envolé volontairement. Et ça ne me dérangeait pas au final. D'abord oui, je n'arrivais pas forcément à l'accepter, n'arrivant toujours pas à faire la distinction entre le Jungkook de mes rêves et celui de la réalité.

Pour ma part, il a fallu rêver d'une suite de ma vie qui pourrait s'arranger pour me rendre compte à quel point je vivais mal. Je rêvais donc de moi, une psychologue sans capacité qui terminait une histoire d'amour avec un vampire super badass et en plus qui ne supportait pas la vue du sang. Je venais de m'en rappeler d'ailleurs. Et la chute fut violente. J'avais enfin pris conscience de la gravité de ma situation juste après. Depuis mon enfance, j'étais comme effacée de la vie, ne pouvant échapper aux tourments de ma belle-mère, et à cause aussi de moi-même.

C'est seulement à la presque fin de ma dépression que j'avais découvert que j'étais atteinte d'érotomanie. Un trouble psychologique basé sur les illusions amoureuse qui avait été provoqué par un trouble lui-même appelé rêverie compulsive. Ma vie était basée sur une illusion me faisant croire que même après mon rêve, j'étais encore amoureuse de Jungkook, et que le fait qu'il ne me reconnaisse plus me brisait. Tout ça n'était pas vrai au final, ce qui me brisait c'était moi, mes humeurs, mes rêves, mes cauchemars, ma situation et les chaines que j'avais aux poignets depuis toujours.

Cette année avait été si lourde, si pesante et douloureuse que je devais d'abord apprendre à nouveau à dépendre de moi et seulement de moi, et à m'aimer comme avant. Partir était la seule et unique solution. J'avais toujours envie de partir seule, et c'était ce que j'allais faire. Fuir pour se reconstruire, fuir pour prendre son envol et pour dépendre seulement de soi-même. J'ai réussi à me décrocher un poste en tant que médecin en psychologie dans un hôpital en Australie. J'allais donc vivre là-bas et reconstruire ma vie petit à petit.

Je l'avais dit à Jungkook, et lui aussi était du même avis que moi. Nous avions besoin de nous lâcher la main. De prendre des chemins différents pour avoir une chance de s'en sortir. C'est ainsi que la veille de mon départ, nous avions pleuré, énormément. Comme si pour une dernière fois, nous voulions nous montrer à quel point chacun a sauvé l'autre. À quel point nous avions été indispensable l'un pour l'autre dans cette phase douloureuse. Voir Jungkook pleurer, voir pour une fois cette dernière facette que je n'ai jamais pu voir. Une facette qui voulait dire " j'ai mal, mais ça ira."

Nous avions compté énormément l'un pour l'autre, et cette nuit là nous avons brisé toutes ces carapaces et toute cette retenue. C'était les larmes qui parlaient en nos noms, pour dire que maintenant tout allait aller pour le mieux. Que maintenant nos chemins se séparaient, mais lui comme moi, nous espérons nous revoir un jour, pour voir à quel point nous avons fait du chemin. À quel point nous nous sommes reconstruis.

Et à l'instant, je me retrouvais dans l'aéroport de Séoul, mes deux grosses valises en mains avec un Jungkook camouflé devant moi qui avais négocié pour m'accompagner. "T'es sûre que ça va aller?"

"Oui t'inquiète, l'aigle doit prendre son envol une fois pour toute."

"Le bébé oiseau ouais, t'as absolument pas l'étoffe d'un aigle." Je levais les yeux au ciel avant qu'une voix à l'haut-parleur annonce l'arrivée de l'avion que je devais prendre. "Fais attention, envoie-moi un message quand t'es arrivée. Et oublie pas de me dire comment elle est la colocataire avec qui tu vas vivre."

"Ouais t'inquiète." Ses bras m'enlacèrent une dernière fois douloureusement alors que j'essayais de retenir mes larmes.

La voix de l'haut-parleur annonça une dernière fois que les personnes en retard devaient faire vite. Je me suis donc rendue vers mon avion après avoir montré mon passeport à une dame et mes autres papiers. Pour une fois dans ma vie, je disais enfin au revoir à ce pays en direction de l'Australie où j'allais vivre une nouvelle vie.

Le chemin de Jungkook et le mien se séparaient, mais pas d'une façon négative après tout. Nous avions ensemble appris à vivre avec nos douleurs et nos peurs, et maintenant chacun devait apprendre à le faire seul de son côté. Après tout, nous ne savions pas ce que la vie nous réserve, peut-être que dans un avenir proche nos chemins se recroiseront à nouveau. Je l'espérais, du plus profond de mon cœur.

 Je l'espérais, du plus profond de mon cœur

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