Courtisant d'azur

Chapitre 3 Peur

Mon sang était glacé, mon regard encore plongé dans le siens, mes jambes tremblaient et menaçaient de me lâcher lors de mon ascension. Je sentis quelque chose de froid se coller à ma gorge. Une lance, au bout de celle-ci un homme géant aux sourcils énormes et au regard rempli de haine. Je n'avais jamais remarqué sa présence dans les escaliers menant au trône.

- Pas un pas de plus esclave.

À ses mots, je vis les yeux du Pharaon changer, il n'y avait plus cette curiosité que je croyais y percevoir, il y avait clairement un agacement. Je voyais enfin la couleur de ses prunelles, un gris-bleu glacial et orageux. Je m'agenouillai dans les escaliers face à cet homme. Cinq marches nous séparaient lui et moi, je voulais les gravir et toucher cette main tendue vers moi, mais ce buffle de garde m'en empêchait.

- Ton nom esclave.

Sa voix grave était autoritaire, elle me faisait frissonner dans la chaleur étouffante de la salle bondée. J'ouvrais la bouche mais, aucun son n'en sortait.

- Ne me fait pas me répéter va nue pied.

Il était maintenant agacé, je ferais mieux de retrouver ma voix avant que ma vie en dépende. Je déglutis le nœud qui était dans ma gorge, je ressentais toujours la lame contre ma gorge.

- E-E-Eren, v-votre majesté.

La sueur ruisselait dans mon dos maintenant, je comprenais pourquoi les gens disaient qu'il était froid. J'étais effrayé dû à son visage inexpressif et son gorille qui le protège. Comment comprendre ce qui se passe dans sa tête.

- Tu as peur de moi Eren?

- Nh-non, j'ai plutôt peur de perdre ma tête due à la lance qui s'y trouve tout prêt, Sir.

Seulement avec un mouvement de main du souverain, la lance du garde reprenait sa position initiale. Le pharaon me refit signe d'approcher. J'avalais le peu de salive qui se trouva dans ma bouche et me relevai pour continuer de gravir l'infime partie d'escalier qui restait entre moi et cet être captivant. Juste avant que je ne puisse toucher sa main, il la baissa me faisant ainsi signe de m'agenouillé. J'obtempérai immédiatement à sa demande silencieuse. 

Sa main frôla ma peau pour attraper le collier que mon maître m'avait mis au cou. Il se pencha vers moi et susurra ces quelques mots : « Je vais t'en offrir un plus beau. » Il l'arracha et le balança au pied de mon maître. La couleur de sa peau diminua de quelque teinte au geste du Pharaon. Le monarque pointa un doit vers le collier et fit un sourire cruel.

- Il est mon présent alors, pourquoi oses-tu y mettre ta marque.

Le maître y resta muet. Le dirigeant fit signe à une femme aux cheveux auburn au pied de l'escalier de s'approcher.

- Je le veux propre, il sent la sueur et la merde de rat de fond de cale.

Son visage était dégoûté, son nez se retroussa et ses lèvres se pincèrent en même temps que ses paroles. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais la femme me prit par le bras et m'amena par une porte derrière le trône. Je la suivais avec difficulté, elle se retourna brusquement vers moi avec un sourire de démente. Elle serra ma main et se mit à rire, cette femme était la plus barge que ma vie m'ait permise de rencontrer. Elle continua notre marche dans les couloirs du palais. Je n'avais aucune idée où elle m'amenait.

- Levi n'accepte jamais de cadeau de personne. Il les refuse tous et exécute ceux et celle qui lui en offrent ou le cadeau lui-même.

- Q-qui est Levi?

Encore une fois elle arrêta sa course et je lui rentrai dedans finissant par terre. Ouch, elle m'exaspérait déjà. Elle parut surprise de ma question.

- Le Pharaon gros bêta, son nom est Levi Ackerman. Tu ne sais même pas à qui tu as été offert. Pauvre petit esclave, je savais que Dot n'était pas très loquace envers ses captifs mais, de là à ne rien dire il m'étonne.

- Et toi, ton nom c'est?

- Ho! Oui, pardons, moi c'est Hange Zoe. Le géant blond qui protège Levi est Erwin Smith. Nous sommes les seuls ayant le droit d'approcher Levi ... mis à part toi maintenant.

Elle fit encore son sourire de folle et me poussa dans une immense pièce avec un bassin énorme. Je déglutis avec difficulté, je ne savais pas ce qui m'y attendait. Elle s'avança vers le bassin et me montra des fioles, les ouvris puis me les fis humer. C'étaient des huiles pour un bain ... minutes cet immense bassin était un bain. Mes yeux s'écarquillèrent et elle riait maintenant à gorge déployée.

- Tu n'as jamais vu de bain avant ou quoi. Aller! Enlève ta chausse avant que le Pharaon s'impatiente. Il est invivable lorsqu'il est contrarié. Déjà qu'il est grognon tous les jours de sa vie.

Mes joues s'empourpraient, je ne vais pas me dénuder devant elle quand même. Mes bras se croisaient devant mon torse en signe de protection et mon regard se dirigea vers la porte. Elle comprit le message, hochant de la tête elle quitta la pièce. Je me retrouvai seul avec moi-même. C'était la première fois depuis des mois. Mes vêtements et bijoux quittèrent mon corps un à un et je m'immergeai dans l'eau tempérée du bassin. Cela faisait des lustres que je n'avais pas pris de bain et jamais dans un aussi immense. 

Mes yeux arpentaient les murs de la pièce, des hiéroglyphes étaient peints en grand démontrant une femme avec un petit dans ses bras et un aigle allant vers le soleil. Les lumières des torches vacillaient doucement, mes yeux commençaient à se clore et je laissai mon corps tremper dans l'eau plus qu'agréable. J'entendis de petits bruits d'eau qui clapotaient puis une main était venue toucher mon visage. La panique me prit et j'attrapa cette inconnue avant même d'ouvrir mes yeux, elle rigola.

- Levi s'impatiente, tu t'es endormi et il est déjà dans ses appartements. Dépêche-toi ... Et un petit conseil, il adore l'odeur délicate des nénuphars, c'est cette fiole.

Elle me lança une fiole que j'attrapa puis quitta la pièce après avoir déposé quelque chose près des carafes de parfum. Je me dépêchais de terminer ma toilette et de me sécher pour découvrir les vêtements très peu virils qui m'avaient été laissés. Le rouge gagna mes pommettes. Je portais un collier en or avec un jade au centre, une petite étoffe blanche semi transparente servait à couvrir mon bas et de petites sandales de cuire étaient mises à ma disposition. 

Mon corps sera plus couvert par les bijoux qui étaient des bracelets d'or serties de pierres précieuses pour mes bras et mes chevilles ainsi qu'une ceinture d'or pour ma taille que par le bout de tissu qu'on m'avait fourni. Je ravalai ma honte et me dirigea vers la sortie du bain. Elle m'attendait adossée au mur, un petit sourire fière perché à ses lèvres et sans un mot, je la suivis encore dans ce labyrinthe. Vais-je voir le pharaon habillé de la sorte?