Une routine infernale

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Un cliquetis sur la porte le réveilla de son profond sommeil. Il resta sur le dos un long instant fixant le plafond sans but particulier. Il avait perdu la notion du temps depuis quelques jours. Il se sentait vide et exécutait les tâches sans réel objectif. Il ne savait plus pourquoi ni depuis combien de temps il était enfermé ici. Il subissait sa routine dans ce centre. La porte s'ouvrit pour laisser entrer une infirmière blonde qu'il connaissait et appréciait. Elle s'appelait Lydia et avait toujours été très gentille et douce avec lui.

- Bonjour exclama-t-elle avec un fin sourire. Voici tes cachets quotidiens dit-elle en venant les déposer sur la table basse se trouvant à côté du lit.

Il la regarda un court instant, sans émotion, il se redressa de son lit. La jeune femme attendait patiemment, il savait qu'elle n'allait pas sortir de cette pièce sans vérifier la prise correcte de ses médicaments. Il attrapa le verre, inséra les pilules dans sa bouche et les avala en finissant entièrement l'eau. Il ouvrit ensuite la bouche pour montrer que la tâche avait été effectuée. Il avait souvent essayé de ruser jusqu'au jour où la punition ne valait pas la peine d'éviter cette prescription. La blonde sourit chaleureusement avant de sortir de la salle.

- On t'attend à la cafétéria pour le petit déjeuner affirma-t-elle en fermant la porte.

Il se leva pour prendre ses affaires, enfin les vêtements obligatoires et identiques à tous. Un pantalon blanc en coton ainsi qu'un t-shirt blanc sans forme. Il sortit de sa chambre pour comme à son habitude prendre une douche dans les salles de bains communes et surveillées. 5 minutes lui suffisaient pour ensuite déposer ses habits sales dans le bac à linge approprié puis partit prendre son petit-déjeuner. Un bol de lait, accompagné d'un muesli et d'un fruit de saison. Il s'assit à la table habituelle, seul avant d'être rejoint par la même blonde de tout à l'heure, son infirmière attitrée.

- Alors aujourd'hui, tu as la séance musicale habituelle avec Geoffrey ensuite tu as ta séance d'hypnose et ta séance de thérapie puis temps libre avant le dîner expliqua-t-elle en regardant l'emploi du temps de son patient.

Il hocha simplement la tête, toujours et encore le même emploi du temps uniquement la séance du matin changeait entre musique, art visuel ou art plastique. Ils appelaient ça séance de divertissement. Cela arrivait d'avoir quelques visites de l'extérieur, surtout de sa sœur. Puis il avait droit à des séances de soins médicaux ou plutôt des séances de contrôle d'esprit. Elles se ressemblaient toutes, et ils avaient tout essayé avec lui, le patient rebelle. Les manières douces ne marchant pas le père du patient, qui avait été le seul à être à l'origine de son enfermement, avait accordé le libre court à la directrice de l'établissement Imogen Herondale. Une femme cartésienne qui menait d'une main de fer ce centre. Elle refusait d'avoir un patient aussi incontrôlable et avait donc employé des manières fortes et peu conventionnelles. C'est elle-même qui se chargeait de ses séances de thérapie camouflant ses agissements. Or c'était loin d'être si rose et ouvert d'esprit.

- Oh j'ai oublié ta sœur te rendra visite aujourd'hui avoua-t-elle en vérifiant ses notes.

Lydia voyant le plateau vide de son patient, lui proposa de se diriger vers son atelier musique. Elle l'installa sur sa chaise habituelle, le garçon fixant sans émotion le professeur qui leur faisait faire quelques leçons de musique. La blonde le laissa dans cette pièce pour deux heures, s'affairant à organiser les médicaments de mi-journée.

Elle savait que son patient avait été admis pour des pensées suicidaires. Elle était novice dans ce métier sortant tout juste de son école de médecine. Il était son premier patient et cela depuis plus d'un an. La blonde se rappelait des débuts difficiles où il refusait catégoriquement les cachets, les séances de divertissements et restait muet lors des séances avec le psychologue. Il criait haut et fort qu'il n'avait jamais tenté de se suicider et que c'était une machination de son père pour l'éloigner d'un certain garçon. Elle se souvient des quelques fois où elle avait dû soigner les plaies sur le dos de ce jeune homme pour le punir de sa désobéissance. Lydia avait été en colère de voir que des flagellations étaient acceptées comme un remède contre une rébellion. Elle avait fait de son mieux pour protéger ce garçon âgé de cinq ans de moins qu'elle. Ce garçon qui devrait être en dernière année de lycée et se retrouvait à être robotiser dans ce centre psychologique. Néanmoins elle croyait en ses chances de guérison, le garçon n'avait jamais tenté de mettre fin en ses jours depuis son enfermement et malgré le développement de son insensibilité elle y croyait dur comme fer que la thérapie pourrait l'aider à sortir de ses démons. C'était ce qu'elle croyait jusqu'à ce jour...

"Je demande simplement une fin heureuse."Où les histoires vivent. Découvrez maintenant