— J'ai un mal de tête...
Sandra était allongée sur le dos dans le lit - merveilleux Saint Graal que lui avait finalement octroyé la destructrice. Son état ne devait pas y être étranger. Elle avait dormi le restant de la nuit, et alors que le petit matin pointait le bout de son nez, l'agitation de la chambre l'avait réveillée. Des bribes de souvenirs défilaient, mais elle était incapable de se rappeler comment elle était parvenue dans ce lit, ou la chronologie exacte de la soirée.
— Ça s'appelle la gueule de bois, lui lança Sydney qui enfilait un t-shirt dans la pièce sombre.
Sandra remercia mentalement son hôte de ne pas avoir ouvert les volets en bois.
— Nan, j'ai reçu un coup, gémit-elle, se massant les tempes avec l'espoir d'amenuiser la douleur. Oh ! Mais tu dois être au courant, tu y étais, non ?
— Je pense quand même que c'est l'alcool le coupable, dans les deux cas. Tu sais ce qu'on dit ? Quand on ne tient pas l'alcool, on ne boit pas. Tu devrais te le faire tatouer, ça pourrait te servir un jour. Surtout si je ne suis pas dans les parages...
Sydney ouvrit subitement les volets. Une clarté presque mystique inonda la petite chambre. Suspicieuse, Sandra jeta un regard noir à la destructrice. Elle n'avait pas besoin de plus de preuves : l'air satisfait de Sydney prouvait à lui seul son intention de torturer son être.
— Oh je vois, ma sauveuse, ironisa Sandra. Sache que je m'en serais très bien sortie sans toi.
— Laisse-moi en douter, la défia Sydney.
Cette dernière croisa les bras sur un t-shirt couleur vert pastel. Sandra ne put s'empêcher, malgré la luminosité qui agressait ses rétines, de la regarder, les mains en visière. Le vêtement, d'une couleur qui mettait ses yeux en valeur, épousait ses formes parfaitement. La teinte pâle contrastait avec ses cheveux noirs et sublimait sa propriétaire.
— J'ai survécu vingt-et-un ans sans l'ombre de ta présence. Enfin, presque.
— Il faut croire que tu as une bonne étoile, ou une chance incroyable de pas t'être fait tabasser à mort, répliqua Sydney.
— Franchement, je m'en serais très bien sortie seule, il n'aurait pas tiré !
— Ferme-la. Tu n'écoutes donc jamais ? Bien sûr qu'il aurait tiré et tapissé le sol du bar de ta cervelle ! Quoique, pour ce dernier fait, il faudrait déjà que tu en aies une !
— Alors ça, c'est mesquin, s'offusqua Sandra.
— Tu t'attendais à quoi, des louanges ? Ça t'amuse de mettre la vie des gens en danger ? Tu ne sais rien de ce monde. Ici, on t'égorge pour moins que ça ! Alors ne me dis pas qu'il n'aurait pas tiré, car dans tous les cas, il t'aurait butée.
L'emportement soudain de la destructrice surprit Sandra. Jamais elle n'avait été aussi loquace et sèche. Même lorsqu'elle la menaçait avec sa lame, ses paroles avaient toujours été posées, assurés, comme pesées. Là, elle assistait à la remontrance d'une inconnue qui lui en voulait terriblement. L'avait-elle à ce point froissée en prétendant ne pas avoir besoin d'elle ? Ou était-elle simplement mécontente d'avoir été interrompue dans son jeu puéril avec Lucky Luke ?
Sydney avait plongé son visage dans ses mains, histoire de se calmer. Sa rage impactait plus Sandra que les coups de la veille. Son but n'avait jamais été que Sydney éprouve de la haine à son égard.
La destructrice quitta sa propre chambre, sans une explication. Ou peut-être l'avait-elle déjà donnée en fin de compte. Sandra se recoucha dans le lit, un marteau-piqueur en furie logé au sein de son cerveau.
VOUS LISEZ
L'Ascenseur : 2ème étage
Paranormal"L'Ascenseur : 2ème étage" est la suite de "L'Ascenseur". L'idéal, c'est de lire le premier avant celui-ci, mais si vous êtes un vrai rebelle, faites comme bon vous semble ! (J'adore les rebelles). Deux années se sont écoulées depuis que Sandra, Je...