Chapitre 12

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Croché droit. Croché gauche. Je me baisse. Coup de genou droit. Pied droit. Je me baisse. Croché droit, croché gauche, croché droit, croché gauche. Mes mains me font atrocement mal, je saigne mais je continue. Croché droit, deux fois. Croché gauche vers le bas. Le sac de boxe s'éloigne et revient. Je l'attrape et jette à nouveau un croché gauche vers le bas. Coup de genou gauche. Mes articulations commencent à me brûler. Croché droit, croché gauche, croché droit. Et je répète mes mouvements. Mon rythme est plus rapide, et je tape dans le sac de boxe à une vitesse affolante. Droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche. Je frappe ensuite avec mes avant-bras, ceux-ci étant parsemés d'ecchymoses. Mes mains et mes poignets sont seulement protégés par des bandages blancs. Ils ne protègent rien du tout. Je peux voir mes phalanges, mes poignets et mes avant-bras complètement rouges, virant à certains endroits au bleu. Et pourtant je continue mes mouvements rapides et brutaux. Droite, gauche. Avant-bras, droit. Avant-bras, gauche. La tête de mon cubitus me fait atrocement mal, étant presque noir maintenant. Coup de genou droit. Coup de genou gauche. Ceux-ci sont également couverts de bleus, portant simplement un pantacourt de sport, mes genoux et mollets sont nus et rougissent de plus en plus.

Depuis une semaine je travaille sur mon corps. Sur mon endurance. Sur tous mes mouvements et mes stratégies. Depuis le cours de tir, je pensais avoir assuré pendant mes entraînements. Mais comme toujours, je suis la dernière de la liste. Celle qui risque de se faire renvoyer. Depuis que ce connard de Travers à involontairement laisser entendre qu'il avait envoyé mon père en Afghanistan, je n'arrête de me battre. D'essayer de progresser. Mais en une semaine les changements sur mon anatomie sont minces. J'ai très légèrement pris de la force dans les bras. J'arrive enfin à envoyer le sac de boxe un peu plus loin que d'habitude. Mais pas assez pour remonter sur la liste. Je travaille d'arrachepied pour progresser, pour remonter.

Et je suis toujours là, à me demander pourquoi ils m'ont choisie. Pourquoi ? Je suis pire que nulle. J'ai foiré le test d'entrée. Complètement foiré. Et pourtant je suis là, à essayer de progresser. À me brûler les articulations. À réellement saigner pour réussir. Je n'ai jamais pensé qu'il fallait  travailler autant pour réussir dans la vie. Même avec tout ce que je fais. Je comprends mieux maintenant pourquoi il est très dur de se faire accepter dans un camp militaire. Surtout si on n'a pas les capacités acquises.

J'ai toujours été une forte tête. J'abandonne rarement quelque chose qui me tient à cœur. Et si cette chose qui me tient à cœur est de sauver mon père, il est bien évident que je n'abandonnerai pas.

Je continue de frapper le sac de boxe de toutes mes forces. Contractant mon corps pour avoir une meilleure position et pour le faire travailler entièrement.

En une semaine, j'ai eu l'absence et le manque d'une personne dont je pensais ne pas porter dans mon cœur, mais qui y a une place malgré tout.

Harry n'est pas revenu depuis déjà deux semaines. Deux longues semaines où il a évité tous nos appels. Où je n'ai pas pu lui parler. Je ne me suis jamais vraiment confiée à lui et pourtant il me manque énormément. Ça peut paraître débile, mais sa façon de m'embêter et d'essayer de me faire rire me manque. J'ai toujours pensé que je réussirais mieux s'il n'était pas là. Mais pourtant ce n'est pas le cas. J'ai incontestablement besoin de lui. Sa force procure la mienne. Et maintenant qu'il n'est plus là, j'ai besoin d'acquérir la force nécessaire pour me battre sans son aide.

Et après ces deux semaines, j'ai juste l'impression qu'il a disparu. Qu'il est juste parti. Qu'il n'est même plus au camp, où sur l'île. Il est rentré chez lui. En tout cas, c'est ce que ses amis pensent. Ils ne veulent pas se dire qu'il s'est peut-être passé autre chose. Je ne veux pas être pessimiste, mais je ne comprends toujours pas la raison de son départ. Ce n'est pas normal. S'il est tout simplement parti pour rentré chez lui, il nous aurait prévenus.

Away [h.s] (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant