La princesse du bataillon

24- Nymphe:

A peine avons nous franchis l'entrée de l'infirmerie qu'une masse brune à lunettes nous tombe dessus toute excitée.

- Félicitations jeunes gens pour cette première victoire face aux titans. Je savais que nous pouvions compter sur vous! Fit Hanji en redressant ses lunettes les yeux pétillants.

Elle nous regarde tour à tour puis observe Eren inconscient. Aussitôt son visage devient sérieux et elle nous demande en fixant ce dernier:

- Que s'est-il passé?

- Il était comme ça après qu'on l'ait sorti du corps du titan.

Hanji prend le temps d'examiner Eren du regard avant d'indiquer une couchette de fortune à Armin qui y dépose doucement son ami. Aussitôt la soldate commence à l'ausculter avec des gestes doux mais sûrs. Nous la regardons faire en silence attendant avec légèrement de crainte son verdict. Au bout de quelques minutes elle se redresse et nous annonce avec un sourire rassurant:

- Tout va bien pour lui son pouls est légèrement plus faible que d'habitude mais il n'a rien de grave. Il refait juste ses forces car sa transformation a dû lui demander beaucoup d'énergie. Il sera prêt a monter à cheval dès demain.

Nous soupirons de soulagement et prenons congé pour laisser Eren se reposer tandis qu'Hanji prend des notes sur un calepin. En sortant de la tente nous sommes accueillis par une brise d'air frais et un ciel qui commence à se parer de teintes pâles suivant l'ascension de la lune dans le ciel. Il semble y avoir plus de soldats que tout à l'heure. Les autres groupes rentrant petit à petit de leurs missions. La plupart d'entre eux se sont réunis autour d'un feu qui danse doucement éclairant le camp dans cette luminosité déclinante. L'humeur semble au beau fixe mais dans certains regards se trahi une grande peine. Celle d'avoir perdu des frères d'arme, des amis... Je secoue la tête et me dirige vers l'espace réservé à la 104ème division. Je retrouve alors mon cheval que je brosse doucement. Cette tâche m'apaise grandement. J'ai toujours aimé prendre soins des chevaux. C'est Jack qui m'a appris comment faire alors dès que je le pouvais ou que je ne supportais plus l'ambiance du palais, je me réfugiais dans les écuries et je m'occupais des chevaux au plus grand dam des palefreniers. Jack... mes pensées continuent de se tourner vers lui et la cité royale peu importe mes tentatives pour les oublier.

Je ne cesse de me demander ce que je serai à l'heure qu'il est si je n'avais pas fuis le palais. Sûrement aurais-je été bien malheureuse et plus seule que jamais, enfermée dans un château, mariée avec ce prétentieux James. J'aurais sûr mes épaules le titre de princesse et serai enceinte d'un enfant que je ne voudrais élever car il aurait une trop forte ressemblance avec son père. Je verrais le roi tous les jour, devant supporter sa présence et ses coup d'œil pervers. Mais le pire aurait été de devoir assister à chacune des réunions que m'aurait imposé mon nouveau statut, sans oublier les bal avec les hauts dirigeants. Oui, cette vie aurait été bien triste et c'est pour cette raison que je préfère rester ici malgré l'épée de Damoclès oscillant au dessus de ma tête, prête à tomber.

- Oï Ackerman tu es de garde ce soir. Fit la voix désagréable du caporal dans mon dos brisant le fil de mes pensées.

Je sursaute et me retourne pour rencontrer les prunelles glaciales de ce singulier personnage.

- Bien monsieur. Quand devrais-je commencer?

- Kirschtein te préviendra.

Je le salue en guise d'approbation et il retourne à ses occupations sans prendre la peine de me saluer. Je soupire agacée par ce comportement et m'empare de ma couchette que je déroule au sol et pose une lampe à huile à côté. Je rejoins ensuite mes amis assis près du feu en train d'éplucher des légumes sous les directives d'un soldat avoisinant la quarantaine. Je m'assieds entre Sasha et Christa et m'empare d'un couteau et d'une pomme de terre que j'épluche tout en écoutant distraitement les bavardages de mes amis. Une fois la cuisine faite des effluves appétissantes emplissent le camp venant à l'appel des ventres affamés. Bientôt un brouhaha s'installe pendant que tous les soldats mangent avec appétit saluant à grand renforts de cris le chef cuisinier et les soldats ayant participé à la cuisine. Un groupe part ensuite faire la vaisselle au bord d'un petit ruisseau et le calme revient plus sinistre que jamais avec l'arrivée d'une charrette remplie de masses difformes. Au vu de l'odeur pestilentielle qui s'en échappe, nous devinons qu'il s'agit des restes de nos camarades tombés au combat que l'équipe de ramassage a réussi a dénicher. Lorsque tous les soldats sont enfin présent, le major Erwin fait son apparition et se place devant le feu. Son air est grave et la lumière tremblante des flammes joue sur son visage lui donnant un air à la fois furieux et attristé.