la voie lactée fendait le ciel en deux. les cieux hurlaient douleur en crachant quelques étoiles. la Lune, pensive, n'y prêtait pas attention. aujourd'hui, elle savait. un drame allait se produire juste là, derrière les carreaux de cette fenêtre éclairée par une faible bougie.
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❝ 𝐥𝐚 𝐯𝐢𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐭 𝐞𝐧 𝐭𝐫𝐚𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐲𝐞𝐮𝐱 ❞
un silence planait, pas comme un oiseau libre, non, comme un oiseau qui avait oublié comment voler. un silence qui éparpillait ses plumes ébènes un peu partout où l'oiseau, perdant son équilibre, se cognait, rendant l'atmosphère encore plus lourde. 𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒 était assis, mais ne peignait pas. il ne s'en plaignait pas, il avait surtout faim. avant, il se rassasiait de peinture, maintenant s'affamait d'illusions. ses yeux rencontraient chaque corps pendus aux murs. qu'ils étaient beaux. il fut un temps où il aimait les peindre différents, avec des morphologies et des couleurs qui changeaient selon son humeur. parfois, même, il leur retirait un bras, un jour, c'était un sein, le lendemain il leur ajoutait un œil ou deux, peut-être trois tiens. il dessinait pour chaque âme abandonnée un corps où le monde voudrait bien d'eux, un corps où on les apprécierait à leur juste valeur. il ne pouvait pas les abandonner maintenant, ils se feraient sûrement dévorés par ces démons et pourtant...
𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
tu es bien silencieux aujourd'hui𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
je crois que je suis𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
amoureux ?𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
non, malade𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
l'homme est parti𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
où ?𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
loin
il ne reste plus que nous deux𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒, en désignant 𝐋𝐄𝐒 𝐂𝐎𝐑𝐏𝐒.
nous tous tu veux diresilence
𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒, se leva et secoua la tête
𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
non... je ne pense pas que je pourrais le faire𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
moi non plus
je crois que nous sommes en train d'assister à notre propre mort𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
ce fut une belle vie passée à tes côtés𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
que dis-tu de la vivre ailleurs ?
maintenant
ce soir ?
je ne veux garder que ton sourire en tête
je ne veux pas être condamnée
dans l'éternel
à regarder tes larmes encrées sous mes paupières𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
ce soir...
maintenant...il se dirigea vers la fenêtre pour admirer 𝐦𝐨𝐧𝐭𝐦𝐚𝐫𝐭𝐫𝐞 et ses étoiles. son cœur hurlait en lui qu'il ne voulait pas rompre avec la vie. 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫, ce marionnettiste qui contrôlait nos sentiments du bout de ses fils, voulait encore vivre ? mais alors... d'où venait son envie de rejoindre la voie lactée ?
𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
c'est un peu dommage de finir comme ça, non ?𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
personne ne le remarquera
personne ne pleurera notre mort
tu le sais𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
et eux ?𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄, désignant la bougie de ses yeux.
ils viennent avec nous.𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒 se tourna vers elle. ses iris rétrécirent sous la surprise. la réalité venait juste de marquer au fer rouge sa prise de conscience sur son âme. après toutes ces années, 𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒 l'avait enfin regardée. il n'était plus aveugle. le corps qui se tenait devant lui était humain.
peut-être qu'elle ressemblait à ça la fin ?
une fin où le peintre
se rendait compte
que son modèle
avait des sentiments.
𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
depuis quand souffres-tu ?𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄
depuis que tu as décidé de ne plus vivre𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒 soupira. il ne vivait plus, c'est vrai, mais il avait quand même cette peur de mourir. il se déplaça au centre de la pièce. sous le regard de 𝐋𝐀 𝐁𝐎𝐇𝐄̀𝐌𝐄, il tourna autour de lui-même, en prêtant attention à chaque tableau. il voulait que ces corps, qui avaient vécu avec lui, soient ses derniers souvenirs.
𝐂𝐇𝐀𝐑𝐋𝐄𝐒
je crois que c'est bon,𝐣𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐬 𝐩𝐫𝐞̂𝐭.
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─ 𝐥𝐞𝐬 𝐛𝐞𝐚𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐫𝐩𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐢𝐬.
Şiir❄︎ ▏ 𝐋𝐄𝐒 𝐁𝐄𝐀𝐔𝐗 𝐂𝐎𝐑𝐏𝐒 ❝ 𝐭𝐚 𝐩𝐞𝐚𝐮 𝐧𝐮𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐚 𝐩𝐥𝐮𝐦𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐬𝐚𝐢𝐭 𝐯𝐢𝐛𝐫𝐞𝐫 𝐦𝐚 𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞 ❞ ...