Tom et sa mère s'attablèrent devant la télé, des parts de pizza rechauffées posées devant eux sur la petite table basse. A coté du cliché de la même jeune femme brune et aux yeux adorablement petillants. La vue de cette photo lui fit soudainement repenser a son père, qu'il avait appris à haïr de tout son être. Son père les avait lâchés juste après la mort de la jeune fille, préférant s'en aller loin disait-il. Loin de tous ces mauvais souvenirs qui le torturaient. Comme si sa femme et son fils ne ressentaient rien. Sa mère aurait d'ailleurs déménagé aussi, avec lui si elle en avait eu les moyens, mais les fins de mois étaient déjà difficiles à arrondir, elle ne voulait pas en rajouter.
A la fin du repas Tom se rendit dans sa cuisine. Il fit chauffer une tasse de thé pour sa mère qui ne se sentait pas bien, car d'après elle cette boisson lui permettait d'aller mieux. Peut-être car c'était la boisson préférée de cet être cher parti trop tôt, et que cela lui donnait l'impression d'être plus proche d'elle.
Lorsque celle-ci fut prête, il lui apporta. Les bord brulants de la tasse spider man lui donnaient la désagréable impression que la peau de ses paumes étaient en train d être réduites en cendres, mais il n'y fit pas attention, préférant se concentrer pour éviter de renverser son contenu sur le carrelage.
Une fois que sa mère eut posé ses lèvres rosées contre le rebord de la tasse, buvant à petites grogées le liquide brûlant, il quitta le salon et rejoignit sa chambre à grandes enjambées. Il se posa sur son lit, attrapa l'ours en peluche marron qu'elle lui avait offert et le serra très fort contre son torse.
Il se décida ensuite à finir l'histoire -si l'on pouvait l'appeler comme ça- de cette personne dont il ne connaissait même pas le nom.
«C'était un matin pluvieux, ma mère devait me conduire chez le dentiste. Un simple aller-retour, de vingt minutes tout au plus. Pourtant ce voyage ne s'est jamais achevé pour elle. La pluie avait rendu la route trop glissante, une seconde d'inatention de la part de ma génitrice, un crash sourd, de la fumé et une odeur de brûlé qui semblait me retenir prisonnière et me serrer la poitrine bloquant ma respiration. Et la voiture était dans le décor, le capeau applatit contre le tronc d'un sapin.
Les médecins nous avaient annoncé qu'elle s'en serait plutôt bien tirée, sans une égratignure, pas un os de cassé... Si seulement son coeur avait tenu le choc. Elle serait peut-être toujours là aujourd'hui.
Quand à moi, eh bien... j'ai hérité de cette magnifique cicatrice que je m'évertue chaque jour à camoufler sous plusieurs dizaines de couches de fond de teint et a replacer une de mes mèches platine dessus. Chaque matin, lorsque je me reveille et que je me regarde dans le miroir c'est comme si elle me rappelait ce qu'il s'était passé. Qu'elle me chuchotait doucement, d'un sifflement aigu de vipère au creux de l'oreille, que j'avais perdu ma mère, et qu'elle ne reviendrait plus. Comme si elle s'était fixée cela comme sordide objectif. M'emprisoner au milieu de ces souvenirs douloureux qui ne manquaient jamais de me secouer violemment, me laissant croire qu'elle était toujours là, le temps d'un cauchemar où elle finissait toujours écrasée entre deux voitures ou pendue à un sapin.
J'espère que je me suis assez bien racontée pour vous Mr. Morgan.
Une jeune fille qui ne sait pas réellement où est sa place dans cette société, pas plus que les autres apparemment. Juste une pauvre fille qui continue de sourire et de rire malgré ce qui est arrivé à sa mère et les insultes qu'elle reçoit quotidiennement. Une imbécile qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour cacher une horrible marque sur son visage, mais qui ne se gêne pour s'habiller avec des couleurs qui attirent votre regard.
Pour resumer, je suis un paradoxe. Ce mot me correspond plutôt bien, qu en dites vous ?»
Il reposa la feuille lentement devant lui. Ne sachant plus vraiment quoi penser. Ces phrases étaient bourrées d'humour mais cachaient au fond tant de tristesse et de douleur que ceci le rendait mal à l'aise.
Il se décida à tout relire. Analysant chacune de ces phrases, chacun de ces paragraphes, jusqu'à n'avoir plus qu'une certitude : ces mots étaient le reflet d'une fille un peu perdue qui ne savais plus où se mettre dans ce monde bien plus compliqué que nécessaire. Et cela il connaissait : ne pas savoir où était sa place, avoir beau la chercher sans jamais parvenir à la trouver. C'était un cache-cache malsain, qui vous prenait pourtant au tripes, sans que vous ne puissiez plus jamais y échapper.
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Quelques Mots À Propos De Nous
Teen FictionCe matin là, le professeur de la classe de 1 ère L4 était arrivé avec quelques minutes de retard. En refermant doucement la porte il avait directement annoncé à la classe : « Sortez une feuille double, nom, prénom et classe. » Les protestations avai...