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«Enfin si, j'ai peut-être une sujet sur lequel ouvrir une brèche. Mais la véritable question est : ai-je vraiment envie de parler de tout ça à mon professeur de français ? En réalité pas vraiment, mais vous ne nous avez pas donné le choix, pas vrai ?

Je me suis souvent fait insulter et malmener étant plus jeune. Et je ne sais même pas pourquoi je viens de dire « en étant plus jeune» car ce n'est pas vraiment comme si c'était fini aujourd'hui. Les insultes pas rapport à ma cicatrice ou à mes habits un peu trop atypiques pour ce monde constitué de cases dans lesquelles ont vous range dès votre entrée à l'école. Et où le seul moyen pour s'en sortir et gravir les échelons revient à écraser tous les obstacles qui se trouveront sur ton minable passage, sans te soucier le moins du monde de ce que les gens autour de toi seraient susceptibles de ressentir. Car le plus important c'est toi et toi seul. Nous vivons d'ailleurs dans une societé étrange, car si jamais tu décides de ne pas agir comme une garce tu te trouves aussi vite que ce choix a été fait, relégué au rang d'insignifiante petite personne aussi inutile que le vieux chewing gum que la miss france de ton lycée a mâché la semaine dernière et qui s'est retrouvé collé sous la place qu'elle occupait en technologie. Je crois qu'en ce qui me concerne, je n ai jamais vraiment eu a faire ce drôle de choix, les autres l'ont fait à ma place.

Je ne suis ni chearleder, ni la petite-amie ou l'amie de quelqu'un de populaire. Je ne suis même pas belle, intelligente ou intéressante moi-même, quel intérêt pour cette foule de lycéens de me considérer comme un être à part entière ? C'est vrai qu'il vaut mieux s'amuser avec moi en m'insultant.

C'est tellement plus drôle, c'est vrai. Moi aussi ça me faisait beaucoup rire, le soir entre deux sanglots, lorsque ma gorge n'était pas trop nouée et qu'un son arrivait à se frayer un chemin entre mes lèvres entrouvertes, je laissais parfois échapper un rire. Mais je ne riais pas de vos conneries. Non, je riais de moi même, je ne sais même plus vraiment pourquoi à vrai dire. J'ai dû oublier... ou les mots refusent peut-être de me revenir, au contraire des souvenirs qui reviennent comme d'horribles flash à l'instant où j'écris ces mots.

Et pourquoi ne pas parler de l'horrible cicatrice qui se trouve sur ma joue tiens ? »

Il n'eut pas le temps de le finir que quelqu'un arriva et s'installa à côté de lui. Il replia la feuille déjà bien abimée et se tourna vers le nouvel arrivant qui n'était autre que l'un de ses amie, Arthur. Les deux garçons partirent alors dans une conversation animée à propos du dernier match de foot qui s'était déroulé à la capitale, bien que Tom ne soit pas totalement avec lui, un peu perturbé  par ce qu'il venait de lire. Mais il venait tout juste de comprendre qu'il fallait qu'il retrouve cette fille. Cette même fille qui l'avait bousculé, il en était sûr. Elle était exactement comme elle l'avait décrit, avec sa cicatrice.

Quelques Mots À Propos De NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant