10 - Meilleure amie

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Kabalé n'en pouvait plus. Cabria passait pratiquement tout son temps avec Lilith, avec qui elles partageaient leur chambre. En effet, de vrais dortoirs avaient été aménagés à l'École du Soleil. Sulfus et Gas partageaient une chambre avec Magalast, qui, s'il était intimidant, était aussi très sympathique. Raf, Urié, Dolce et Miki restaient toutes les quatre et Sacha et Benjamin partageaient eux aussi une chambre.

Kabalé comprenait que Cabria souhaite passer du temps avec Lilith, elle ne l'avait visiblement pas vue depuis longtemps, mais elle avait depuis trois jours l'impression d'être invisible. Elle restait ainsi la plupart du temps seule, ne s'étant toujours pas décidée à adresser la parole à son meilleur ami, qui restait la plupart du temps avec Gas et Magalast. Et il était hors de question qu'elle traîne avec les Anges !

La nuit suivante, Kabalé se réveilla en sursaut. Elle avait fait un cauchemar, mais ce n'était plus le même qu'avant. Elle se frotta longuement les yeux, afin d'effacer les images de Reina de sa mémoire. Elle ne pouvait même pas se réfugier dans le lit de Cabria, qui le partageait depuis le début de la semaine avec Lilith. C'était apparemment une habitude que les deux adolescentes avaient prise depuis qu'elles étaient petites, à chaque fois qu'elles faisaient une soirée pyjama. Kabalé soupira, la soirée pyjama commençait à être longue.

Incapable de se rendormir, Kabalé jeta un œil à son réveil. Il n'était que 3h46. Frustrée, elle décida d'aller faire un tour. Elle enfila la première veste qui lui tomba sous la main et l'enfila, avant de quitter discrètement la chambre, ne voulant pas réveiller ses colocataires.

Une fois sortie, ne sachant pas tellement où se rendre, la jeune Démon se dirigea vers le toit des dortoirs. Kabalé aimait les toits, elle s'y sentait à l'aise avec ses pensées, et surtout libre. Arrivée à destination, elle constata qu'elle n'était pas seule. Une silhouette masculine familière lui tournait le dos. Kabalé tenta de faire demi-tour discrètement, c'était bien la dernière personne qu'elle voulait voir, mais elle avait déjà été repérée.

— Je sais que tu es là.

Elle ne répondit rien. Peut-être que Sulfus était somnambule et qu'il parlait dans son sommeil.

— Tu comptes m'ignorer tout l'été ?

Kabalé soupira. Sulfus n'était donc pas somnambule. Tant pis, il fallait bien qu'elle lui parle un jour, de toute façon. Elle s'approcha de lui d'un pas mal assuré. Maudit cauchemar.

— Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure-ci ? Il est presque 4h du matin.

— Je pourrais te poser la même question, je te signale.

— Oui, mais j'ai demandé la première.

Les deux Démons rirent doucement. Kabalé devait avouer que son meilleur ami lui avait un peu manqué ces dernières semaines. Ils se connaissaient pratiquement depuis qu'ils étaient nés, sa présence dans sa vie semblait indispensable.

— Je réfléchis à mon avenir.

Kabalé se tourna vers son ami, surprise par cette affirmation.

— Réfléchir à quoi ? Tu vas devenir un Humain et passer le reste de ta vie de mortel avec Raf, où est le problème ?

Sulfus soupira.

— Le problème c'est que Raf m'a à peine adressé la parole depuis notre arrivée ici.

— Mmh, peut-être qu'elle n'est pas aussi dépourvue de bon sens que ça, finalement.

— Kabalé !

— Oh, ça va. Si on ne peut même plus plaisanter.

Le silence tomba quelques minutes sur les deux amis.

— Tu penses vraiment que je suis un imbécile égoïste ?

Sulfus avait prononcé ces mots timidement, comme s'il craignait la réponse de son amie. Mais il en fallait plus pour amadouer Kabalé.

— Oui, mais ne t'inquiète pas, c'est normal pour un Démon.

Cette réponse fit sourire Sulfus mais son sourire ne s'éternisa pas sur ses lèvres.

— Tu en as parlé à ton père ?

— Non.

— Sulfus...

— Tu penses que je suis en train de faire une bêtise ?

Il connaissait la réponse, mais il avait besoin de l'entendre.

— Évidemment. Tu ne vas pas tout plaquer à seulement dix-huit années éclairs pour un Ange que tu n'aimerais peut-être plus dans quelques mois.

— J'aimerais Raf toute ma vie !

— Oui, oui. C'est ce qu'on dit tous au début. Moi aussi pendant longtemps je pensais que je serai amoureuse de toi pour l'éternité.

Sulfus tourna brusquement sa tête vers sa meilleure amie, n'étant pas sûr d'avoir bien compris ce qu'elle venait de dire.

— De quoi tu parles, Kabalé ?

La surprise de son ami faillit la faire éclater de rire.

— Je suis amoureuse de toi depuis que j'ai cinq années éclairs, Sulfus. Mais c'est en train de me passer, ne fait pas cette tête. Je ne peux pas croire que tu n'avais rien remarqué. Même ta mère était au courant.

Sulfus se figea à la mention de sa mère. Aïe, Kabalé avait parlé trop vite, le sujet était encore douloureux pour le jeune Démon, même s'il tentait de ne rien laisser paraître.

— Je suis désolé, Kabalé. Je ne m'en suis vraiment pas rendu compte.

— Boh, t'inquiète pas pour ça. J'ai toujours su que tu n'étais pas très futé. Et ce n'est pas ta faute, tu n'allais pas te forcer à m'aimer de toute façon.

Elle se releva et aida Sulfus à faire de même. Il était vraiment tard, il fallait qu'ils retournent se coucher.

Sulfus, ne pouvant s'empêcher de se sentir coupable, raccompagna Kabalé jusqu'à la porte de sa chambre. Alors que cette dernière posait la main sur la poignée de la porte, il l'arrêta dans son geste.

— Tu ne m'as pas dit ce que tu faisais sur le toit à cette heure-ci.

Kabalé, qui ne voulait pas y repenser, se contenta d'une réponse vague.

— Juste un mauvais rêve, ne t'inquiète pas.

Et elle entra discrètement dans la chambre.

Sulfus ne pu s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. Les mauvais rêves de son amie n'avaient jamais été de bon augure.

Angel's Friends : Origins Où les histoires vivent. Découvrez maintenant