13 - 346

226 10 0
                                    

Tyco et Saï avaient été transportés à l'infirmerie de l'École du Soleil. Sur le trajet depuis le Théâtre des Princes, il s'était avéré que les deux amants étaient visibles par les Humains. Il avait fallu ruser pour ne pas trop attirer l'attention.

Arrivés à l'infirmerie, Sulfus avait essayé d'utiliser son pouvoir de guérison sur Saï, mais sans résultat. Elle passait de l'éveil à l'inconscience à intervalles irréguliers. Tyco avait raconté au groupe ainsi qu'à leurs professeurs les événements qui les avaient ramenés au Théâtre des Princes.

Raf lui confirma que la balance du V.E.T.O. avait été détruite, quelques semaines auparavant. Tyco n'en revenait pas. Comme tout le monde, il pensait que c'était impossible.

Misha et Gabriel l'interrogèrent sur les changements d'ailes et de couleurs des yeux que lui et Saï avaient subi, mais Tyco était incapable de les expliquer. Il ne se rappelait plus de rien après avoir entendu les chuchotements de Saï. Il avait du perdre connaissance, et cette perte de connaissance avait duré plusieurs semaines.

— Il faut prévenir le professeur Arkan ! Il saura quoi faire !

— Et Temptel !

Misha et Gabriel échangèrent un regard, ils pensaient visiblement la même chose.

— Je ne pense pas que les professeurs de l'Académie d'Or puissent nous apporter quelconque aide. L'équilibre entre les Anges et les Démons a fortement été perturbé par la destruction de la balance du V.E.T.O.

— Et je vous rappelle qu'on s'est fait exclure définitivement de l'Académie d'Or suite au Sacrilège de Raf et Sulfus.

Le silence tomba sur l'infirmerie. Elohim s'avança vers Saï mais Tyco s'interposa. Magalast intervint.

— Laisse-le passer. Tu n'as rien à perdre, de toute façon.

Tyco obéit et s'écarta, observant le jeune Ange frêle qui posa ses mains sur les tempes de sa bien-aimée. Il ne supportait pas de la voir comme ça. Sacha prit la parole.

— Elohim a de très forts pouvoirs psychiques ainsi que télékinésiques. Il peut en quelque sorte lire dans les pensées, mais ce ne sont pas des mots qu'il perçoit, ce sont des couleurs, parfois des chiffres.

Elohim avait les sourcils froncés, il avait besoin de plus de concentrer quand la personne était inconsciente. Au début, il ne perçu rien, comme si Saï avait perdu toute son essence. Puis il le vit, mais ses doigts commencèrent à chauffer. Il se redressa subitement, manquant de trébucher. Magalast le rattrapa de justesse.

— Alors ? Qu'est-ce que tu as vu ?

Miki réalisa qu'elle n'avait jamais entendu la voix d'Elohim. Il était très discret, mais possédait visiblement des pouvoirs puissants.

— Du gris clair, très très clair. Presque blanc. Et un nombre, « 346 ».

Le jeune Ange avait l'air épuisé. Sacha et Magalast le soutenaient afin qu'il ne s'effondre pas.

— Le gris symbolise généralement la neutralité. Cette couleur peut aussi représenter le calme mais également la tristesse, la mélancolie et l'indécision. Le blanc représente à la fois la pureté et le vide.

— Emmenez-le se reposer dans sa chambre. D'ailleurs, allez tous vous reposer dans vos chambre.

Le ton de Misha était ferme.

— Mais, et le nombre 346 ? Qu'est-ce qu'il signifie ?

Misha ne répondit pas à la question de sa petite sœur.

— Lilith, ne m'oblige pas à me répéter.

La jeune Démon n'insista pas. Elle savait qu'il valait mieux ne pas mettre Misha en colère. Elle quitta la pièce la dernière, et entendit un bout de la conversation des deux professeurs.

— Le nombre 346, ce n'est pas bon signe, Gabriel. Ce n'est pas bon signe du tout.

— Je sais, Misha. Il faut avertir les Hautes et les Basses Sphères.

— Ça ne servirait à rien. Elles doivent déjà être au courant.

Sur le trajet vers le dortoir, Anges et Démons étaient silencieux. Magalast avait fini par prendre Elohim sur son dos et était en tête du convoi. Sacha et Lilith marchaient à leur côté, s'assurant que l'état du jeune Ange ne s'aggrave pas. Gas était intrigué, ils avaient l'air tous les quatre très proches, malgré le fait que deux d'entre eux soient des Anges et les deux autres des Démons. Les techniques d'enseignement à l'Académie d'Argent devaient être différentes.

Sulfus fermait la marche, il était perdu dans ses pensées. Il observait Raf, ayant du mal à analyser son ressenti face à la disparition du Sentier des Métamorphoses. Ils n'avaient pas pu avoir la discussion qu'il espérait, au final.

Sulfus se rappela soudain du mauvais rêve que Kabalé avait mentionné quelques nuits plus tôt. La jeune Démon traînait des pieds, elle avait l'air fatiguée. Sulfus lui attrapa le poignet, l'arrêtant dans sa marche.

— Kabalé, ça va ? Tu as l'air fatiguée.

— Lâche-moi, Sulfus. J'ai juste mal dormi.

— Tu as encore fait un cauchemar ?

— Qu'est-ce que ça peut te faire ?

Entendant la dispute entre les deux Démons, le reste du groupe s'était lui aussi arrêté et observait la scène. Cabria avait les sourcils froncés depuis qu'elle avait entendu Sulfus prononcer le mot « cauchemar ». Elle s'approcha de ses deux amis.

— Tes cauchemars ont recommencé ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Comment ça « recommencé » ? Depuis combien de temps fais-tu des cauchemars, Kabalé ?

L'intéressée avait l'impression qu'elle allait imploser. Cela faisait trois nuits qu'elle dormait à peine, réveillée chaque nuit, à cause de ce maudit cauchemar, à 3h46. Elle se boucha les oreilles, elle ne voulait pas y penser.

— Laissez-moi tranquille !

La jeune Démon tenta de s'enfuir mais Cabria lui attrapa à son tour le poignet. Elle était coincée.

— Kabalé, parle-moi. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu sais bien que tu peux tout me dire.

— Kabalé, il faut que tu nous dises ce qu'il se passe dans ce rêve. Tu as oublié ce qui s'est passé la dernière fois que tu as fait pendant plusieurs mois le même cauchemar ?

Kabalé ne voulait pas s'en rappeler. Ça ne pouvait pas recommencer.

— Qu'est-ce ce que racontes, Sulfus ? Que s'est-il passé la dernière fois que Kabalé a fait le même cauchemar de manière répétée ?

Cette dernière se laissa glisser au sol, en larmes. Elle ne voulait pas entendre la réponse de Sulfus, qui soupira avant de répondre à Cabria.

— Ma mère est morte.

Angel's Friends : Origins Où les histoires vivent. Découvrez maintenant