Angel's Friends : Origins

24 - La Cité Éternelle

L'avant-veille de l'offensive prévue par les Limbes, Anges et Démons durent retourner dans leurs Cités respectives pour l'Unification qui aurait lieu le lendemain.

Sulfus et Gas n'avaient visiblement pas entendu leur réveil sonner et Kabalé en profita pour attirer discrètement Raf afin de lui raconter son dernier cauchemar. Cette dernière, après l'avoir écoutée attentivement, lui fit promettre de ne rien dire aux autres, surtout pas à Sulfus. Kabalé accepta à contrecœur.

Les Anges et les Démons, quand tout le monde fut finalement prêt, se dirent au revoir. Ils se reverraient très vite, mais ils appréhendaient l'Unification qui allait être effective à minuit précises. Raf et Sulfus s'étreignirent longuement. Sulfus avait toujours eu du mal avec les au revoir.

Alors que les deux groupes venaient de se séparer, allant dans deux directions opposées, Magalast se retourna. Lilith venait de lui murmurer quelque chose à l'oreille.

— Elohim !

L'interpellé et les autres Anges se retournèrent, intrigués.

— Quand la situation se sera calmée, je t'emmènerai enfin à un rendez-vous digne de ce nom !

Elohim acquiesça en rougissant. Sacha lui tapa dans la main et fit un clin d'œil de loin à Lilith. Les élèves de l'Académie d'Or étaient bouché-bée, eux qui pensaient que Raf et Sulfus étaient des cas à part.

***

Cassidy et Kubral avait été enfermés pendant des semaines dans une prison sur Terre et ils allaient être séparés pour quelques heures, jusqu'à l'Unification.

— À demain, Kubral. J'espère que je vais pas trop te manquer.

Cassidy était la première à retourner dans sa Cité. Cela laissait plus de temps à Kubral pour tenter de contacter Temptel, il ne voyait pas à qui d'autre il pouvait transmettre les informations qu'il détenait. Il dissimula sa longue lettre contre son torse.

Les gardes qui l'escortaient vers la Cité du Souffre refusèrent de transmettre son message à Temptel. La déclaration de guerre des Limbes n'avait visiblement pas été prise au sérieux. Même quand Kubral évoqua Reina, les gardes se regardèrent en riant. Ils n'avaient aucune idée de ce qui allait s'abattre sur eux.

***

Quand les Anges furent arrivés dans leur Cité, Raf retint Urié par le bras pendant que les autres se disaient à demain. Chacun allait rentrer chez lui pour vivre l'Unification avec sa famille, il fallait être à l'intérieur de son habitation avant 23h.

— Je peux te parler cinq minutes Urié s'il te plaît ?

— Bien sûr, Raf. Quelque chose ne va pas ?

Si les deux Anges n'étaient plus aussi proches qu'avant, elles étaient meilleures amies depuis toujours, et les habitudes avaient la vie dure. Elles avaient l'habitude de s'inquiéter l'une pour l'autre.

— Oui, oui ! Je voulais juste te présenter mes excuses, j'aurais dû te parler de notre décision de nous lancer sur le Sentier des Métamorphoses avant de l'annoncer à tout le monde. J'espère que tu me pardonnera un jour.

— Évidemment que je te pardonne, Raf. Je sais bien que tu as l'habitude d'écouter ton cœur sans réfléchir. Et puis, maintenant que les deux Cités vont en devenir une seule et que le V.E.TO. ne sera jamais rétabli, vous allez pouvoir vivre librement votre histoire d'amour !

Raf sourit. C'était ce qu'elle pensait elle aussi, jusqu'à ce qu'elle parle avec Kabalé.

— Et toi, avec Sacha ? J'ai vu que vous vous étiez pas mal rapprochés au cours du stage.

Les deux amies papotèrent ainsi pendant une bonne trentaine de minutes, avant de se dire à demain.

***

Quand les Démons arrivèrent à la Cité du Souffre, Sulfus demanda à Kabalé s'il pouvait venir chez elle. Le jeune Démon ne voulait pas voir son père.

— Sulfus, il va bien falloir que tu le vois un jour. Il doit commencer à s'inquiéter, c'est ton père quand même. Et, avec Lilith, on comptait aller prendre des nouvelles de Cabria.

— Je n'ai qu'à vous accompagner ! Moi aussi, je veux savoir comment elle va. Mon père peut attendre.

— Bon, Sulfus. Je comprend que le retour de mes cauchemars t'ai rappelé de mauvais souvenirs mais il va falloir que tu arrêtes d'être un petit imbécile égoïste. Arrête de penser qu'il n'y a que toi qui a été affecté par la mort de ta mère ! Je te rappelle que ton père a perdu sa femme et qu'il pense que c'est sa faute depuis toutes ces années, alors qu'on sait tous très bien qu'il n'aurait rien pu faire !

— Il est médecin, c'est son travail de sauver les gens.

— Écoute-moi bien Sulfus. Si notre dernière rencontre avec Reina nous a bien prouvé quelque chose, c'est qu'on peut perdre les personnes qu'on aime en une fraction de secondes. La guerre contre les Limbes promet d'être difficile et on ne peut pas prédire à l'avance qu'elle en sera l'issue. Alors tu vas me faire le plaisir d'aller te rabibocher avec Uphir, avant de risquer le regretter amèrement.

Sulfus n'avait rien à répondre. Au fond de lui, même s'il était difficile pour lui de le reconnaître, il savait que Kabalé avait raison. Il ne pouvait pas en vouloir à son père toute sa vie.

***

Il était 23h50. Tous les Anges et tous les Démons étaient chez eux. Plus que quelques minutes et les Cités des Anges et du Souffre disparaîtraient à jamais. Raf était chez ses parents adoptifs, chez qui logeait provisoirement Angélie. Sulfus, après avoir fait de nombreux détours, avait finalement fait face à son père. Kabalé était rentrée chez elle après avoir rendu visite à Cabria, qui ne s'était malheureusement toujours par réveillée.

***

Minuit. Anges et Démons étaient à leurs fenêtres. Un faisceau lumineux embauma les bâtiments. La terre trembla un peu, on entendit quelques verres et assiettes se briser, mais rien de grave. Depuis la planète Terre, les Humains, qu'il fasse jour ou qu'il fasse nuit là où ils se trouvaient, virent le ciel se colorer des couleurs de l'arc-en-ciel. Les scientifiques ne parvinrent jamais à expliquer ce qu'il s'était passé ce jour là.

Le spectacle ne dura que quelques minutes. À minuit passée de sept minutes, le faisceau qui entourait les habitations et les infrastructures s'évapora lentement. Les Éternels découvrirent leur nouveau lieu de vie commun.

C'était magnifique.

Saï rouvrit les yeux, ils avaient retrouvé leur couleur originale.