Angel's Friends : Origins

17 - La Prophétie

Gabriel et Misha se dépêchèrent de rejoindre l'immense bibliothèque de l'Académie d'Or, ils n'avaient pas de temps à perdre. Ils croisèrent les deux bibliothécaires, qui se dirigeaient vers la Salle du Conseil. Ils avaient besoin d'eux et leur barrèrent la route, malgré leurs contestations.

— Nous avons besoin de votre aide ! Ce sont les professeurs Arkan et Temptel qui nous envoient, c'est urgent !

— Qu'y a-t-il de plus urgent que le retentissement de la Sonnerie du Retour ?

— La réalisation de la Prophétie.

Les deux bibliothécaires, qui possédaient un savoir immense, échangèrent un regard avant de faire demi-tour.

— Suivez-nous !

Les quatre Éternels traversèrent la bibliothèque au pas de course.

— J'ai toujours rêvé de courir dans une bibliothèque, dommage que mon rêve se réalise dans de telles circonstances.

— Et bien dis donc, Gabriel, ce n'est pas tellement digne d'un Ange Gardien ça !

L'intéressé sourit en hochant les épaules innocemment.

— Personne n'est parfait !

Les bibliothécaires les conduisirent vers une des salles les plus reculées de la bibliothèque, qui semblait sans fin. Elle devait contenir en tout des millions et des millions de livres. Pourtant, un seul les intéressait : celui de la Prophétie.

Une fois le livre déniché, les bibliothécaires leur annoncèrent qu'ils se rendaient dans la Salle du Conseil et qu'ils les tiendraient au courant de l'avancée de la situation.

Gabriel et Misha s'installèrent à la table la plus proche. Ni l'Ange, ni le Démon n'aurait imaginé se retrouver dans cette situation un jour. Les Gardiens sont obligés d'étudier la Prophétie afin d'être diplômés, au cas où, mais personne ne la prenait réellement au sérieux.

Misha fut celle qui ouvrit le livre, qui ne contenait que quelques pages. La Prophétie ne fut pas difficile à trouver.

« Quand la volonté originelle aura été outrepassée, et que les Humains auront imposé leur volonté ;

Quand l'équilibre aura été brisé, et que l'Impartiale aura été libérée, après qu'un Démon en ait des mois durant rêvé ;

Quand les Métamorphoses auront été dissimulées, et que la neutralité, l'indécision et le vide auront été mélangés ;

Quand les entités de contrôle se seront de leur missions écartées, en appliquant inutilement des peines injustifiées ;

Quand le nombre 346, à de nombreuses reprises, se sera manifesté ;

Quand l'entité créatrice, de sa mission initiale, sera temporairement détournée, après que son retour ait été sonné ;

Un peuple oublié sera amené à se soulever, sans que rien ni personne ne puisse l'en empêcher ;

L'Ordre entre les Anges et les Démons sera mis à mal puis renversé, pour toujours ou à jamais. »

Après que Misha ait terminé de lire la Prophétie à voix haute, elle regarda Gabriel. Il avait l'air aussi désemparé qu'elle.

— J'ai à peine compris la moitié de ce charabia.

— Ce n'est pas le moment de se laisser abattre, Gabriel ! Essayons d'analyser chaque paragraphe.

— Tu as raison. Pour une fois, je suis d'accord avec un Démon.

Misha releva les yeux vers lui.

— Et pourtant j'ai l'impression qu'on répète cette phrase à longueur de journée.

Alors que les deux Gardiens commençaient à se perdre dans les yeux l'un de l'autre, le silence se fit. La Sonnerie du Retour ne retentissait plus. Misha détourna le regard.

— Il faut sérieusement qu'on se mette au travail.

L'Ange et le Démon se mirent ainsi à analyser les huit paragraphes de la Prophétie.

Ils abandonnèrent rapidement le premier. Comment les Humains auraient-ils pu de quelconque manière leur imposer leur volonté ? Cela n'avait pas de sens.

Le second paragraphe faisait indéniablement référence à la destruction de la balance du V.E.T.O. et à la libération de Reina. N'ayant pas été mis au courant des cauchemars de Kabalé, ils pensèrent que cette libération était celle qui avait été provoquée par le Sacrilège de Raf et Sulfus. Ils ne se doutaient pas que Reina avaient à nouveau été libérée.

Le troisième paragraphe devait faire référence à la disparition du Sentier des Métamorphoses et à l'analyse par Elohim des pensées de Saï. Gabriel et Misha étaient loin de se douter que le Sentier emprunté par Tyco et Saï n'était pas la seule voie possible vers la Métamorphose.

Le quatrième paragraphe leur posa également quelques difficultés. Les entités de contrôle mentionnées devaient faire référence aux Hautes et aux Basses Sphères mais ils ne comprenaient pas en quoi elles étaient en faute. Les Sphères cachaient en effet bien leur jeu.

Le cinquième paragraphe les fit réfléchir plus que les autres. Le nombre 346 ne leur était apparu qu'une seulement fois. Ils cherchèrent, en vain, un autre moment où ils avaient pu croiser ce nombre. Ils ne savaient rien de l'heure des réveils nocturnes de Kabalé.

Le sixième paragraphe annonçait le retour de l'entité créatrice, qu'ils avaient étudiée en cours : Originem. Ils en savaient très peu sur elle, mais ne doutait pas que la sonnerie qui venait de s'arrêter était annonciatrice de son retour.

Le septième paragraphe et le « peuple oublié » ne leur inspirèrent pas grand chose, ce qui était assez ironique. Le peuple des Limbes avait en effet été oublié par les Anges et les Démons.

L'analyse du huitième et dernier paragraphe ne présageait rien de bon. « Pour toujours ou à jamais », quelle drôle de formulation. Pourtant, même si Gabriel et Misha ne le comprirent pas, elle était un signe d'espoir.

***

Reina, depuis les Limbes, grâce à l'une de ses fenêtres-vidéos, avait suivi toute la scène de la bibliothèque, même si la Sonnerie du Retour n'avait pas retentit jusque dans les Limbes. Blue avait assisté à la scène avec elle. Les deux femmes passaient beaucoup de temps ensemble afin de préparer leur offensive.

— Qu'est-ce que tout cela signifie, Reina ?

Celle-ci réfléchit quelques instants avant de lui répondre. Elle n'avait jamais entendu parler de cette Prophétie, mais il lui semblait qu'elle lui soit très favorable.

— Ma chère enfant, nous sommes le « peuple oublié » et en effet rien ne pourra nous empêcher de renverser à jamais les Anges et les Démons, en les éliminant pour toujours et à jamais. Il est temps de mettre notre plan en marche.