04 - La fête de fin d'année

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La fête de fin d'année battait son plein. Raf et Sulfus dansaient, tous les deux, depuis le début de la soirée. C'était un peu comme s'il n'y avait qu'eux dans la grande salle. Il n'était d'ailleurs pas impossible de penser qu'ils n'auraient rien remarqué si tous les autres élèves avaient quitté la pièce d'un coup. Les deux jeunes Éternels, actuellement sous leur forme humaine, étaient confiants dans leur décision de se lancer sur le Sentier des Métamorphoses, quand l'automne arriverait.

Raf et Sulfus avaient en effet décidé de passer un ultime été avec leurs amis et familles. Raf n'avait d'ailleurs toujours pas eu de discussion avec ses parents adoptifs, mais ceux-ci savaient qu'elle était au courant de ses origines humaines. Sulfus devait parler à son père, ce qui n'était jamais une chose facile, surtout depuis que sa mère n'était plus là.

Si leur décision avait surpris tout le monde et suscité beaucoup d'émotions, la plupart des Éternels mis au courant respectait leur choix, même les professeurs Arkan et Temptel. Ce n'était en revanche pas le cas d'Urié et de Kabalé. Les deux adolescentes étaient restées en retrait toute la soirée. Urié n'était même pas restée très longtemps à la fête, prétextant une grosse fatigue pour retourner se reposer dans la chambre des rêves.

Sulfus rassura Raf en lui affirmant qu'Urié avait simplement besoin de temps. Kabalé, qui était à ce moment à proximité d'eux, se mit à rire en entendant les paroles de son « meilleur ami ». Cabria tenta de la calmer, un peu inquiète. Il n'y avait en effet rien de drôle dans cette situation, et même Cabria était de moins en moins à l'aise avec le projet de Raf et Sulfus. Ce dernier tenta d'attirer la jeune Kabalé vers un coin plus calme de la grande salle dans laquelle se déroulait la fête, pour lui parler posément, mais celle-ci ne lui en laissa pas le temps et le gifla.

— T'es vraiment qu'un imbécile égoïste, Sulfus.

Sulfus, qui ne s'attendait pas à une telle réaction de son amie, resta bouche bée. Kabalé ne lui laissa de toute façon à nouveau pas le temps de dire quoi que ce soit, elle avait déjà quitté la salle en courant. Cabria sourit tristement au jeune Démon avant de partir à la poursuite de leur amie. Kabalé n'avait pas tord, mais Sulfus était toujours, pour l'instant, un Démon, et il n'y avait au fond rien de surprenant à ce qu'il soit égoïste.

Raf tenta de consoler celui qu'elle considérait comme l'amour de sa vie, mais il lui fit comprendre que ça n'était pas la peine.

— Elle aussi, elle comprendra.

***

Cabria avait fini par retrouver Kabalé sur le toit de l'Académie. La jeune Démon pleurait à chaudes larmes.

— Les Démons ne sont pas censés pleurer, tu sais.

La remarque fit doucement rire Kabalé, qui tenta de sécher ses larmes. Cabria ne pouvait pas lui en vouloir, elle aussi pleurait, et plus souvent qu'on ne pouvait le penser. Elle s'assit au côté de son amie.

— Tu sais Cabria, je sais que Sulfus me considère comme sa meilleure amie mais moi, je l'aime un peu plus qu'amicalement.

Cabria le savait déjà, mais l'entendre de vive voix fit se serrer son cœur.

— Je sais bien qu'il est fou amoureux de Raf, et qu'il y a de forte chance qu'il le soit toute sa vie, surtout maintenant qu'ils ont décidé de se rendre sur ce stupide sentier. Je me suis résignée mais c'est difficile d'accepter qu'on aime quelqu'un qui ne nous aimera sans doute jamais en retour. Je ne pense pas que tu puisses comprendre.

Cela fit sourire Cabria, mais son sourire était, pour la deuxième fois de la soirée, un sourire triste.

— C'est ce que tu crois, Kabalé.

Devant l'air surpris de son amie, Cabria n'en dit pas davantage et se releva. Elle aida ensuite son amie afin qu'elle se relève, elle aussi. Il était tard.

Sur le trajet vers leur chambre, Kabalé demanda à Cabria si elle pouvait dormir dans son lit cette nuit. C'était une habitude qu'avait pris les deux jeunes Démons depuis que Kabalé faisait certaines nuits des cauchemars, dont seule Cabria était au courant de l'existence. En effet, depuis maintenant plusieurs mois, Kabalé faisait régulièrement le même cauchemar. Elle rêvait de Reina, qui disait qu'elle était enfin libre et qu'Humains et Éternels devaient se tenir prêts. « Parce que Reina est de retour. » Kabalé et Cabria n'en avait parlé à personne, Reina était encore un sujet bien trop sensible à l'Académie d'Or. Les cauchemars semblait de plus se calmer quand Kabalé se blottissait auprès de son amie Cabria.

— Ta proximité me rassure. Et je n'ai pas envie d'encore te réveiller en plein milieu de la nuit. Mieux vaut prévenir que guérir !

Cabria n'avait, comme d'habitude, pas la force, ni l'envie de refuser. La proximité de Kabalé l'apaisait également.

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