Les Enquêtes d'Alice | Tome 1 Débuts à Londres

Chapitre I

  Je m'appelle Alice Helens, j'ai seize ans. J'ai oublié les six premières années de ma vie. Il m'arrive d'avoir des flash-back, et  j'essaie ainsi de reconstituer ce dont je ne me souviens plus. J'ai toujours eu l'impression que mes souvenirs ont été effacés car dès que j'essaie de me souvenir de l'Avant, les images sont coupées net.
  J'ai toujours rêvé d'enquêter même si mes parents voient pour moi un avenir tout tracé dans l'éducation. Je me décris comme une fille comme les autres, (bien sûr vous savez que je peux faire des choses pas comme les autres, mais pour moi ça a toujours été naturel, flippant, mais naturel) jusqu'au jour où... Je vais vous raconter l'histoire qui a bouleversée ma vie.

  Cela fait plusieurs années que je trouve les allers et retours de mes parents un peu louches. Ils partent le matin très tôt et reviennent tard le soir. Je vais à l'école dans un pensionnat d'Oxford, je ne les voie donc que pendant les vacances.

  Tous les matins où je me trouve chez moi, un mot m'attend sur la table de la cuisine : Fais attention à toi, à la maison et n'entre pas dans la Pièce, Papa et Maman.

  Tous les jours, je respecte ces recommandations, mes parents rentrent et viennent me souhaiter bonne nuit. Cette « Pièce » m'a toujours intriguée, sans pourtant que je n'ose y entrer (nous en reparlerons plus tard). Je vécus ainsi pendant seize ans, ma vie était morne, mais heureusement j'avais ma super copine, Emma, qui était toujours là pour me remonter le moral avec son humour inépuisable. Dès que je rentre chez moi, ma seule envie est de retourner au pensionnat.

  Là-bas,  je dors dans la même chambre qu'Emma et avant de nous endormir, on s'invente des tas d'aventures, car Emma, elle aussi, rêve d'enquêter. Je lui ai raconté les allers retours incessants de mes parents, elle a alors inventé une histoire où ils sont des agents secrets et qu'ils effectuent des missions secrètes pour le gouvernement anglais. J'ai beaucoup ri et nous nous sommes endormies de bonne humeur.

  Le lendemain, c'est les vacances, ce qui veut dire que je ne reverrai plus Emma durant deux semaines. Mes affaires sont prêtes, je ferme mes valises et je pars prendre mon train. Comme toujours, nous nous installons dans la septième cabine et je sors mes nombreux paquets de bonbons, achetés à l'avance.
  – Alors, prête pour le voyage de l'ennui une fois de plus ? me demande Emma.
  – Prête si tu es prête, je lui réponds. 
  – Tiens, dit-elle, jouons à devine qui va m'attendre à la gare. Je commence, dit-elle. Alors, pour moi, je pense qu'il va y avoir une foule de paparazzi, comme d'habitude... dit-elle en s'éventant avec un éventail imaginaire.
  Je la regarde en riant et en avalant une grosse poignée de bonbons.
  – Et vous, comment allez-vous être accueillie Reine Alice ? plaisante-t-elle.
  – Comme vous Impératrice Emma, sauf qu'en plus des paparazzis, il y aura un carrosse et un prince charmant.

  Nous rions ainsi durant tout le voyage, lorsque, dans le haut-parleur résonne la voix du conducteur du train nous indiquant l'arrivée imminente à Londres, chez Emma. Il reste donc environ une heure avant l'arrivée à Canterbury, chez moi. Je déteste cette partie du voyage où je suis seule. Comme prévu par Emma une foule de paparazzi est là, ses cinq frères et sœurs (du plus vieux au plus jeune ça donne : Matthew, Agatha, Teresa, Janet, Elizabeth, Charles, James, Lily, Nick, et Zachary. Ça en fait un paquet ! Et Emma est la deuxième.)
  Je me balade donc dans les allées du train en regardant les enfants dans les cabines. Plus le temps passe, plus elles se vident, jusqu'à me retrouver presque seule.   
  Canterbury, ville paumée dans le sud du beau pays qu'est l'Angleterre, où il pleut trois cent soixante-quatre jours sur trois cent soixante-cinq et où le seul jour où il fait beau, excusez-moi, où il ne pleut pas, il fait froid.
  Comme prévu à mon arrivée la foule de paparazzi est là : personne, le carrosse aussi : une vieille voiture déglinguée, et même le prince charmant : alias mon voisin hyper collant.

  Voilà comment en quelques lignes, je viens de vous résumer la vie d'Alice Helens.