Les Enquêtes d'Alice | Tome 1 Débuts à Londres

Chapitre VII

  Nous marchons dans la ruelle en suivant les traces de pas. Pour l'instant, il n'y a rien de spécial, la rue est sombre car elle est abritée par les toits des hautes maisons qui la bordent. C'est interminable et je ne vois pas le bout, les kilomètres passent et toujours rien. La neige commence à fondre et ce sera bientôt impossible de suivre les traces de pas. Nous décidons de nous arrêter pour nous reposer deux minutes.
  – Ça va ? Pas trop fatiguée ? me demande Luke.
  – Non, ça va, dis-je tout de même un peu essoufflée.
  – Sûre ?
  – Sûre. Bon, on y retourne ?
  – Allons-y.
  Nous nous remettons donc en route sur ce chemin interminable. Au bout d'une demi-heure de marche, nous entendons des bruits de pas qui viennent vers nous. J'envoie un message à Emma pour lui signaler que nous les avons peut être trouvés. Suis le dialogue suivant :  
  **J'arrive, ne bougez pas. De toute manière, il n'y a rien de mon côté.**
  Je la presse d'un autre message.
  **Cours ! Il nous a fallu au moins deux heures de marche pour arriver là où nous sommes !**
  **C'est peut-être parce que tu as fait des pauses pour embrasser Tu-Sais-Qui...** m'envoie-t-elle, taquine.
  **Rêve pas ! **
  **Assume ! **
  **Ta gueule ! Cordialement ! ** je réponds pour mettre fin à cet échange plus que douteux.
  Elle me revoie un emoji qui pleure de rire, ce qui me met légèrement en colère. Quelle garce !
  – Alors qu'est-ce qu'elle te répond ? me demande Luke.
  – Qu'elle arrive. Et qu'on doit l'attendre.
  – Bon alors on va l'attendre, je te propose de nous asseoir.
  – Bonne idée.
  Nous nous asseyons le dos contre le mur et attendons Emma.
  – Tu sais que...
  Puis il se tait pour écouter les pas qui se rapprochent. Je commence à stresser à l'idée de retrouver mes parents. Comment vont-ils réagir en me voyant ici ? Avec notre voisin ? Mal. Sûrement très mal.
 
  Les pas se rapprochent. Deux cents mètres. Cent cinquante. Cent. Cinquante. Vingt. Dix. Plus qu'un virage et ils nous voient. Puis, plus de bruit. Les pas se sont arrêtés. Je me recroqueville contre Luke, tant pis pour ce qu'en dira Emma. J'essaie de ne plus exister. Puis le crouch-crouch des pas dans la neige reprend. Dix secondes avant qu'ils nous voient, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un...
  – Bonjour Alice. Que fais-tu si loin du pensionnat ? Avec Luke ? me demande mon père sur une voix accusatrice.
  Je me lève pour ne pas me sentir trop petite face à eux. Je reste d'abord interdite puis les souvenirs de ce qu'ils ont fait me viennent à l'esprit et la colère me submerge. Je parle ensuite sans réfléchir, en leur jetant à la figure toute la vérité sur leurs mensonges. Ils le méritent !
  – Je vous ai démasqué ! Je sais que c'est vous durant toutes ces années qui avez cambriolé, volé, caché toutes ces choses qui sont dans la Pièce !
  – C'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ? se moque ma mère.
  – Je vais aller vous dénoncer à la police !
  – Essaie pour voir ! me défie ma mère.
  – La police ! Tu arrives en retard ! Regarde ça ! me dit mon père en sortant un badge de police tout neuf.
  – De toute façon, votre planque est foutue ! contre attaqué-je de mon mieux.
  – Un bon voleur n'a pas qu'une cachette ! se défend ma mère.
  Des pas résonnent derrière nous.
  – Vous êtes... Ils sont... bafouille Emma.
  – Bonjour Emma, dit mon père de sa voix mielleuse. Vous êtes donc trois dans cette histoire.
  – Trois de trop !
  Ma mère sort un revolver de sa poche et le pointe sur  chacun de nous à tour de rôle.
  – Qui de vous veut mourir en premier ?
  Une lueur folle brille dans son regard. Mais que leur est-il arrivé ?
  – Je suis sûre que tu as envie de choisir entre tes deux amis qui va crever, Alice ! Allez, choisis !
  Mon père sort lui aussi un revolver et le pointe sur Emma, tandis que ma mère le pointe sur Luke. Je tente de gagner du temps en essayant de les dissuader de tirer.
  – Je sais que vous ne savez pas ce que vous faites ! Vous allez le regretter une fois que vous l'aurez fait ! Rangez vos flingues ! Je suis votre fille, vous ne pouvez pas me faire ça !
  – Tu ne crois pas si bien dire ! Sache que quand tu veux arriver à tes fins, tout est permis ! Alors, qu'est-ce que tu attends ? Choisis ! me presse ma mère.
  – S'il vous plaît ! Pas ça ! je les supplie.
  – Choisis ou on descend les deux ! crie mon père.
 
  C'est impossible ! Comment a-t-on pu en arriver là ? Je ne pourrai jamais choisir entre Emma et Luke ! Je prends alors la main d'Emma et la serre trois fois. Elle me la serre une fois en retour. C'est un vieux moyen de communication qu'on avait inventé quand on était plus petites. Trois fois veut dire que l'on part en courant dans trois secondes et une fois veut dire ok. Je prends la main de Luke et à trois pars en courant sous les coups de feu de mes parents.