Les Enquêtes d'Alice | Tome 1 Débuts à Londres

Chapitre X

  Je m'habille en vitesse et range mes affaires dans un sac, sans oublier mon petit carnet noir. J'y tiens énormément depuis que j'ai découvert mon ancienne maison. Il contient tout ce que j'ai vécu durant un an. Les meilleurs comme les pires souvenirs. Il contient surtout ma vraie identité : Eliza Spencer. Une personne que j'ai été durant sept ans avant d'être rebaptisée Alice Helens. Mais pourquoi choisir ce nom ?
  Un cri me sort de mes rêveries. Je me précipite vers le bruit et découvre Emma faisant sa valise.
  – Qu'est-ce qui ne va pas ? lui demandé-je.
  – Je n'arrive pas à faire rentrer toutes mes affaires dans cette fichue valise ! rage-t-elle.
  En effet, la moitié de ses vêtements sont toujours sur son lit. L'autre moitié étant en boule dans sa valise.
  – Il suffit de plier tes vêtements et tout va rentrer... Tu sais que, si tout est en boule, ça prend deux fois plus de place.
  Je sors de sa chambre et pars pour le salon pour voir où en est Luke.
  Tout est rangé et organisé. Au moins un qui a fini ! Il patiente en lisant le journal qu'il a dû aller acheter pendant qu'on dormait encore. Je m'approche et il lève la tête de sa revue.
  – Bonjour, me dit-il.
  – Bonjour, je lui réponds. Qu'est-ce que tu lis ? lui demandé-je alors que je connais la réponse.
  – Je lis le journal, tes parents ne font plus la une, m'informe-t-il.
  Par « tes parents » il désigne le vol et non mes parents.
  – Il faut croire que le public se lasse vite d'entendre toujours la même chose : « aucun suspect n'a encore été repéré, l'enquête n'avance pas. » Ils ont mis quoi à la place ?
  – Des anecdotes sur une personne célèbre.
  – Pas intéressant.
  – On est d'accord, mais ça plaît aux gens.
  Je me dirige vers la chambre d'Emma quand elle déboule les bras pleins de sacs, valise et objets en tous genres.
  – Comment comptes-tu faire prendre le train à tout ça ? dis-je en désignant tout son bazar.
  – Je ne sais pas.
  – Déjà, comment se fait-il que tu aies tant de choses à transporter ?
  – Ce sont toutes les affaires que je transporte partout où je vais.
  À cette vitesse nous n'allons jamais partir !
  – Mmm... Eh bien ça ne change pas le fait que tu vas devoir leur trouver une place à toutes ces affaires. Commence par ouvrir tes sacs et ta valise.
  Elle les ouvre et je découvre un désastre d'organisation : elle mélangeait tout ! Cette fille est un désastre d'organisation !
  – Sors tout ! On recommence à zéro !
  Quelque une demi-heure plus tard ses bagages sont faits et nous sommes en retard de dix minutes sur notre planning. Nous rendons les clés de la chambre à l'accueil de l'hôtel et prenons un taxi jusqu'à la gare. Ensuite c'est la course d'obstacles pour arriver jusqu'au train avant son départ.
 
  Une fois enfin à l'intérieur du train, nous sommes tout essoufflés. Il reste un carré de quatre places assises où nous nous installons. Le train s'ébranle et démarre : nous sommes en route pour Canterbury.

  Durant le trajet, je fixe le paysage qui défile au loin, morose à l'idée de revoir mes parents. Un arbre, une maison, une voiture, un arbre, une maison, une voiture...
  Je n'ai jamais réellement observé le paysage qui sépare ma ville de celle d'Emma. C'est toujours la même chose. Un arbre, une maison, une voiture, un arbre, une maison, une voiture...
  Aucun d'entre nous ne parle durant le trajet : c'est le silence total. Le train ralentit à son entrée en gare puis, s'arrête définitivement. Nous prenons nos bagages puis sortons de la gare pour emprunter un taxi qui nous porte deux rues à côtés de chez moi.
  Ça y est, le moment de la rencontre inévitable avec mes parents est arrivé.