Chapitre XIV

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  Quand je me réveille, pour de bon cette fois, le lendemain matin, je suis toujours roulée dans les bras de Luke qui ne semble pas vouloir me lâcher. Je gigote un peu et me retrouve face à lui.
  – Bonjour toi, je lui souffle pour le sortir du sommeil.
  Il bouge, ouvre et cligne des yeux, ébloui par la lumière du jour, puis me répond.
  – Bonjour, dit-il d'une voix encore endormie. Bien dormi ? Tu t'es réveillée cette nuit, tu t'en souviens ?
  – Oui. J'avais fait un cauchemar sur mes parents et Nicholas. Je me suis réveillée avant que mes parents ne me tuent de sang-froid, dis-je d'un ton qui banalisait la chose bien qu'elle fut monstrueuse.
  – Co... Comment ça te « tuent de sang-froid » ? répète-t-il les yeux écarquillés.
  – Oui, tu as bien entendu. J'ai affreusement peur d'avoir fait un rêve prémonitoire.
  – Mais non ! Tout va bien se passer, dit-il en resserrant la prise autour de mes épaules. Reste positive et oublie ce cauchemar ! Tout va bien se passer, répète-t-il comme s'il avait besoin de s'en convaincre, lui aussi.
  Il m'embrasse doucement, me faisant oublier un court instant mes problèmes, puis nous nous habillons en silence et descendons à la cuisine, où, Emma réveillée depuis bien longtemps a préparé un petit déjeuner complet avec œufs et bacon grillé.
  – Regardez ça ! annonce-t-elle fière de son travail. Regardez-moi ce petit déjeuner ! Il vous appelle ! Venez-vous servir, je l'ai préparé pour ça ! lance-t-elle joyeusement.
  – Tout d'abord, bonjour Emma et ensuite, merci pour tout ce que tu as préparé, c'est vraiment gentil de ta part, la remercié-je.
  – Oui, merci, ajoute Luke.
  – Oh mais de rien, c'est normal après tout !
  Nous mangeons donc les nombreux aliments à table puis la voiture envoyée par Nicholas arrive. Il est environ dix heures lorsque nous montons à l'intérieur de sa limousine noire. Le trajet me paraît trop court pour ce que je m'apprête à vivre. 
  Je ressens la peur de ce moment décuplée par le rêve, ou plutôt cauchemar, de cette nuit. Nous arrivons donc dans la tanière des services secrets et y pénétrons par une petite porte cachée à l'arrière du bâtiment. L'ascenseur, de nouveau, nous conduit dans les profondeurs terrestres, juste devant l'entrée du bureau de Nicholas.
  Les lettres d'or hautaines formant son nom sur la porte renforcent le sentiment en moi d'avoir déçu une personne haut placée, comme si elles me narguaient. L'on frappe et la porte s'ouvre. Nous rentrons et, comme dans mon rêve, il nous attend sur son siège de cuir noir. Première similitude qui, bien qu'insignifiante, ne fait qu'augmenter mon stress. Je ne veux pas, je ne veux pas...
  – Bonjour, commence-t-il sur cette voix si particulière.
  – Bonjour, répondons-nous en cœur, comme des robots programmés pour obéir.
  – J'ai entendu dire que le délai avait pris fin hier, enchaîne-t-il, toujours aimable.
  – En effet. Nous sommes venus vous donner des nouvelles de celle-ci, dis-je en me nommant porte-parole du groupe.
  – Mmm ? dit-il pour m'encourager à continuer.
  – Nous avons... euh... comment dire... bégayé-je, en commençant à perdre mes moyens.
  Luke prend ma main et me regarde comme pour dire « c'est bon je m'en occupe».
  – Nous n'avons pas arrêté les coupables mais nous pouvons vous donner leur identité, assure-t-il, me sauvant d'une explication peu certaine et nous donnant ainsi un avantage sur Nicholas.
  L'effet est immédiat : il veut nos informations.
  – Qui sont-ils ? demande-t-il immédiatement, oubliant par la même occasion que nous ne les avons pas arrêtés.
  Luke me regarde de nouveau, comme pour me demander l'autorisation que je lui accorde d'un rapide hochement de tête.
  – Ce sont M. et Mme Helens qui ont cambriolé cette banque. Ils sont, entre autres, les parents d'Alice ici présente.
  De même que dans mon rêve, Nicholas pâlit et prononce ces mots :
  – Eh bien, eh bien... C'est une surprise à laquelle je ne m'attendais pas... Je vais euh... Rentrez chez vous et euh... je m'en occupe... ce ne sont plus vos affaires.
  Luke et Emma qui n'ont, bien évidemment, pas fait mon rêve, se regardent, incrédules. Me souvenant de la suite du rêve, je saisis la main de mes deux camarades pour les entrainer à l'abri, lorsque la porte s'ouvre à la volée, créant ainsi un courant d'air, comme pour annoncer la fin de tout.

  Mes parents sont là.

Les Enquêtes d'Alice | Tome 1 Débuts à Londres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant