Drop the end | Terminé ✔

Chapitre 4 - Partie 3

TRISTAN

La séance est passée à une allure folle. Si, les premières minutes, sentir ses œillades appuyées me perturbait, les constellations éclairant le plafond m'ont vite rappelé à l'ordre et je me suis évadé dans les astres. Les regards que nous échangions paraissaient tout d'un coup très naturels. Les cours au planétarium ont le don de me détendre, mais cette fois je me sens particulièrement apaisé et à ma place.

Je mets un certain temps à revenir à moi, une fois les lumières rallumées. Je range mes notes, peu fournies aujourd'hui, dans mon sac à dos. Lorsque je quitte mon siège, Lou est déjà partie. C'était à prévoir. Je rejoins les étudiants qui s'existent dans le couloir. Pour la plupart d'entre nous, il s'agissait du dernier cours de la semaine. Ils préparent tous leurs soirées, discutant des différentes options qui s'offrent à eux. Dans mon cas, ce sera retour immédiat à l'appartement. J'espère juste que les garçons ne tarderont pas à sortir eux aussi. J'ai besoin de calme.

— Tristan ! Tu comptais vraiment déguerpir comme ça ?

Lou me rattrape. Elle trottine sur les pavés, un large sourire au visage. Son attitude paraît contrefaite. L'opposé de ce qui la caractérise. À moins que ce ne soit moi qui l'ai vu dans ses mauvais jours. Après tout, je ne la connais pas.

— Heu... J'aurais dû attendre quelque chose ?

— Bah, moi ? dit-elle avec suffisance.

J'ai loupé un épisode ? Je crois que je préfère encore la Lou froide et énigmatique. Son enthousiasme étrange a un côté flippant.

— On avait rendez-vous ?

— Non, mais je voulais te parler.

— Ah ?

— En fait, je voulais te demander si tu pouvais me filer tes notes d'astrophysique ? J'ai manqué pas mal de cours et Lupus me tient à l'œil. Il faut que je rattrape mon retard...

Tout s'explique. Sa présence, ses sourires. Elle avait besoin de moi. Forcément, être le major de la matière ça attire les opportunistes, j'en ai déjà fait les frais.

— Je vois. Ton adresse se trouve dans la base de données étudiante ? Je te les transmettrais ce soir.

Elle hoche la tête, un rictus falsifié encore accroché à ses lèvres. Je lui ai offert du Tristan tout craché, incapable de dire non. Je reprends ma route avant que ma pointe de déception se transforme en quelque chose de pire.

— Attends ! me lance-t-elle.

Si je continue tout droit, je pourrais prétendre ne pas l'avoir entendu, non ? Malheureusement, sa main manucurée me freine bien vite.

— Je voulais te parler, répète-t-elle.

— Oui, j'ai compris. T'inquiète, je t'envoie tout ce soir. Si tu as des questions, n'hésite pas, m'enfoncé-je.

— Te parler ce que j'ai raconté à ton sujet, précise-t-elle.

Mes pas s'arrêtent aussitôt. Là, ça m'intéresse.

— Je t'écoute.

— Bah... Je... Je ne sais pas par où commencer, reprend-t-elle moins sûre d'elle. Tu allais où ?

— Chez moi.

— Je peux t'accompagner ? Ça risque d'être long.

L'expression graveleuse de Brad s'immisce directement dans mon esprit.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée...

— Non, mais je fais juste le chemin avec toi, histoire de t'expliquer en marchant, me coupe-t-elle.