Chapitre 15 - Partie 1

414 41 4
                                    


LOU

Je me suis réveillée en sursaut. Je n'aurais jamais dû m'endormir dans ses bras, mais par chance, j'ai émergé la première. Après tout, avec la dette de sommeil accumulée, il me semble logique que je n'aie pas résisté à notre étreinte. Ces dernières semaines, il me faut une volonté de fer pour m'extirper du lit, pourtant hier, j'ai fui les draps à peine les yeux ouverts. J'étais incapable de rester. J'étais incapable de l'affronter. Il m'a manqué. Il m'a offert, une nouvelle fois, la sérénité que je ne trouve qu'à ses côtés. Je devrais m'en vouloir de lui imposer tout ça. La raison me dit de m'excuser, de lui promettre que je suis tombée assez bas et que je suis prête à changer. Pour lui. Mais c'est au-dessus de mes forces. Je le respecte suffisamment pour ne plus mentir.

Les gens se montrent plus honnêtes avec les gestes qu'avec les mots et Tristan est l'exemple même de cette règle. Je n'ai pas besoin de longs discours pour savoir ce qu'il ressent ou jusqu'où il est capable d'aller pour moi. C'est bien pour ça que ça me semblait la meilleure chose à faire. Battre en retraite. Décamper. Plier bagage. Fuir. Lui dire adieu.

De retour au loft, mes démons reviennent. Le soleil se lève à peine que la première crise d'angoisse fait son apparition. Elle me déchire le diaphragme. Me dévore de l'intérieur. Je brûle à petit feu. Heureusement, la délivrance n'est plus très loin. Je ne mange presque plus, dors très peu alors que je traîne au lit toute la journée. L'université est définitivement sortie de mon quotidien. Depuis mon retour de Fairfield, je ne fais que travailler, concevoir les derniers détails de mon plan et prier pour que tout se passe comme prévu. Et ça y est, la machine est en marche.

— Bonjour Lou ! chantonne la voix à l'autre bout du fil.

J'ai trouvé le journaliste idéal pour couvrir la sortie. D'un côté, Gomez n'est pas fort apprécié donc rien de compliqué. Il a été parfait. De l'édition du livre au plan de lancement, il a tout géré. Nous sommes à deux jours de la fin de ces mois de travail, et comme chaque midi, il vient aux nouvelles.

— Salut.

— Dis-moi, je sais que tu n'en peux plus de cette question, mais es-tu sûre ? On peut encore faire marche arrière...

C'est pour ça que je lui offre mon entière confiance. Il est disposé à s'asseoir sur ce gros contrat pour me protéger, alors que nous avons échangé que par téléphone et qu'il connaît mon histoire qu'à travers mes mots.

— Oui Christian. Encore une fois, je suis certaine.

— O.K.... Bon, j'ai mis les journaux locaux sur le coup et je suis persuadé que ça remontera aux oreilles des nationaux le jour même. J'ai protégé au maximum ton identité, mais comme tu m'as dit en avoir vaguement parlé à l'époque, je crains de ne pas réussir à la garder secrète longtemps. J'ai été clair avec tout le monde, pas d'interview.

— Arrête de t'inquiéter, je t'ai déjà dit que je me fous de la réaction de gens. Du moment que ce connard se retrouve à terre...

— Ça, je peux te le garantir, glisse-t-il d'un rire peiné.

— C'est tout ce que je demande.

Le reste, je m'en fous. Il ne le sait pas encore, mais ce qu'il voit comme le début de la machine se trouve en fait être la fin de la mienne. Admirer Gomez tout perdre est la seule chose qui compte.

— À très vite alors ! Si tu as besoin de quoi que ce soit...

— Christian...., le coupé-je.

— Oui, oui. Je sais. Bon, bonne journée à toi guerrière !

— Bonne journée.

Putain. On y est. Après tout ce travail, toute cette colère, toute cette attente, ça va péter. Enfin. Encore deux nuits de cauchemars avant de lui servir mes terreurs sur un plateau d'argent.

Quelques minutes plus tard, je reçois une invitation pour le lendemain, pour une fête sur la plage de San Gregorio. Depuis quelques semaines, je n'étais plus conviée aux soirées du Club. Moi qui pensais qu'ils avaient finalement abandonné, j'y vois un signe du destin. La possibilité de m'amuser une dernière fois à la place d'une nuit blanche d'appréhension. J'accepte immédiatement et pour la première fois depuis longtemps, j'attends cette soirée avec impatience. 

Drop the end | Terminé ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant