Noan - 4

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Aaron passe sa journée à me faire ses blagues à la con sur tout ce qui passe devant nos yeux. Un petit groupe se tord de rire, derrière lui, assoiffé de popularité, argh. Je m'embourbe dans ce cercle banalement, idiotement, par facilité. Mais soit, allons-y, pleinement. Je me prends au jeu, et fait des blagues vaseuses à mon tour.
La journée se fait longue, le trajet de retour est morne, les feuilles continuent à tomber le long des routes, oranges et mortes. Elle est tombée de la même manière. Putain, elle est partie. Elle a baissé les bras. Je rentre en essayant de gommer cette mélancolie qui tente de me happer. Je sourie tout en embrassant Noé qui me saute dans les bras mais me refuse un bisou, adorable. Petit antidépresseur que j'aime.
- Où Aurore ? Elle vient pu... marmonne-t-il.
- Elle s'occupe de sa soeur et du bébé qui arrive, tu sais ?
- Alors, t'es pas fâché ?
- Mais non bonhomme, t'inquiètes pas.
Bon, aller Noan, un peu de devoirs avant d'aller se perdre dans un gros bouquin, ça fait longtemps.

Au plein milieu de la nuit, je me réveille en sursaut, en sueur. Je courrais dans tous les sens comme un dératé pour essayer de la rattraper. En vain. À chaque fois, je n'y parviens pas et elle m'échappe. Je cours encore et encore jusqu'à m'époumoner mais elle s'évapore quand même. Putain qu'elle me manque. Impossible de me recoucher avant plusieurs heures. Je vais un peu sur le toit voir ce qu'il s'y passe et j'y découvre un véritable refuge : une couette, des bouquins éparpillés et annotés, quelques paquets de clopes. Je me recouvre avec la couette épaisse et analyse les hauteurs. Les lampadaires forment un cortège jusqu'aux berges et s'y reflètent joyeusement. Je finis par piquer du nez et aller me coucher. 

Le matin, je rejoins Aaron et sa petite troupe pour tenter de rigoler avec eux, d'oublier ce foutu cauchemar qui me hante encore et encore. J'entraperçois Aurore dormir dans un coin de la salle, mes yeux aimeraient retrouver le sommeil également, bonne nuit. Un grand sourire vient se parquer sur mes lèvres dans le but de donner le change, de ne pas laisser le moindre interstices ouverts sur mes sentiments. Je camoufle tout ça à triple tour au fond de mon être et oublie tout dans les conneries déblatérées par mon pote. Il m'invite soudainement à une soirée ce week-end, c'est parti pour mon retour dans le monde des masques.

Nyx & ErèbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant