Noan - 14

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Sous les suppliques de ma mère, je n'ai pas été au commissariat, du moins pas encore. Nous n'avons pas de nouvelles de cet affreux personnage depuis la dernière fois, mais il ne saurait tarder. Je rentre pour manger ce midi, comme depuis sa réapparition. La porte est déjà ouverte, ce n'est pas normal. Et pourquoi est-ce que, maman, t'as ouvert cette foutue porte ? Merde quoi, elle sait très bien qu'il est dans le coin et elle ouvre tout naturellement. Et ce que je vois en entrant me glace le sang. Elle est parterre, et il continue à frapper. Encore et encore jusqu'à ce que je puisse enfin l'atteindre et lui en foutre une. Il se retourne et se défoule bien vite sur moi. Une pluie de coups se déverse sur moi, je prends les coups et quand l'occasion se présente je le pousse vers la porte et nous enferme, moi et ma mère, dans l'appartement, attendant qu'il s'en aille. Je m'adosse à la porte et respire profondément. Il faut que j'aille m'occuper de ma mère maintenant.

Dès qu'elle fût au lit, je me suis précipité au commissariat. Je ne veux rien lui entendre dire, ce sera déjà fait. On finit par me recevoir après un bon moment d'attente comme toujours. Je porte plainte pour coups et blessures contre mon père, il fallait des photos, des preuves, choses que je fournis, je me suis renseigné, je ne veux pas qu'il s'en sorte sans problèmes. La procédure est lancée, et je suis soulagé. Il est toujours libre mais c'est un poids en moins de savoir que la police est consciente du problème et j'espère que ma mère aura compris que ce n'est pas possible de le laisser dans la nature, merde. J'ai beau l'aimer énormément, sur ce coup-là je ne la comprends pas. L'amour est insensé, hein ? Mais de son côté à lui ce n'est que de la haine qui l'habite. Je souffle un bon coup et vais chercher les petits avant de rentrer et de m'en occuper toute la soirée, laissant ma mère récupérer tranquillement.

- Noo', pourquoi mama' elle est pô là ? me demande Noé innocemment.
- Elle est malade, il faut la laisser se reposer un peu, d'accord ?

Il acquiesce dans une moue incertaine, les jumeaux savent très bien ce qu'il en est et ne disent pas un mot de la soirée. J'essaye de les dérider un peu, leur met un dessin animé pour qu'ils s'endorment avec de jolies images en tête. Bonne nuit les enfants. Le souvenir de ses poings sur mon corps couplé à celui de Cal', je ne sais comment je vais bien pouvoir dormir... Lorsque j'arrive enfin dans ma chambre, je tombe sur l'album-photo que j'avais confectionné pour Aurore. Je n'ai pas eu l'occasion de le lui donner depuis le temps... Maintenant que je suis un peu moins sous le joug de la peur, je vais essayer de la retrouver.

Nyx & ErèbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant