Aurore - 15

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Cela fait quelques jours que, malgré les molécules artificielles, je suis incapable de trouver la force de continuer les cours. Je n'arriverais à rien dans la vie, je ne veux rien faire, alors à quoi bon perdre du temps dans ces salles ? À ne rien y faire ? Globalement, que ce soit là ou ailleurs, je perds mon temps. Mais quel temps ? Qu'est-ce que mon temps peut avoir de si précieux ? Je n'ai qu'une idée en tête : y mettre un terme. L'arrêter. Tout arrêter. Enfin. Je me déteste, et encore plus pour avoir ces idées qui feront peut-être souffrir quelques personnes. Mais elles se comptent sur le doigt d'une main et elles finiront bien par s'en remettre. Je me dois de les lester de ce poids que je leur fais subir, n'est-ce pas ? Puis ils seront plus légers et m'oublieront. Ils n'ont pas besoin de moi. J'aurais eu besoin d'eux si mon pessimisme n'était pas assez ancré en moi et qu'il pouvait en être délogé.

J'ai essayé de mettre un terme à cette mascarade il y a deux jours. Le nombre de gélules ne devait pas être suffisant puisque je suis encore là à y penser. Combien en faut-il ? Est-ce que je réessaye avec le plus possible jusqu'à ce que mon réflexe vomitif me dise que je peux plus en prendre ? Ou est-ce que je finis par enfin sauter de ce putain de toit dont le sol me fait de l'oeil depuis des années ? Ou pour ne pas être trouvée par ma famille, je vais sur cette foutue passerelle qui n'est pas si loin ? Je louche sur le sol qui m'est proposé, ce sol qui me paraît si doux mais qui me terrifie à la fois.

J'ai des vertiges. Je ne sais plus vraiment où je suis, quoi faire. Les mêmes pensées suicidaires tournent dans mon crâne. L'envie de retrouver la faucheuse si elle existe quelque part. La rejoindre, qu'elle me prenne dans ses bras, que la mort m'embrasse, qu'elle me bouffe toute entière et que je ne sois plus. Que plus rien n'existe autour de moi, surtout moi. La petite prendra ma place. Au moins, elle ne m'aura pas connu et ne souffrira pas d'une disparition soudaine, et elle pourra récupérer ma chambre, elle aura sa place. Pas la mienne, je l'espère pour elle. Personne ne devrait y être, personne ne devrait se sentir comme ça. Ces putains de sentiments destructeurs et incontrôlables.

J'ai qu'une envie : en finir.

Nyx & ErèbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant