Noan - 8

4 1 0
                                    

Ma mère a engagé une discussion qui m'a mis au pied du mur : je ne peux pas continuer comme ça. Je dois arrêter mes conneries ça lui fait du mal. Alors quand j'ai descendu les poubelles et que je l'ai vue, je me suis dit que ça devait commencer par là. Me faire pardonner à ses yeux. C'est quelqu'un que j'ai appréciée le peu de temps où je l'ai connue alors je dois commencer par elle. Elle ne m'a rien fait.

Aujourd'hui, je dois la retrouver à quatorze heures, donc à quatorze heures précises, même un peu avant, j'étais au pied de l'immeuble à l'attendre. Elle est arrivée avec juste une petite veste qui m'aurait fait croire que nous étions au début du printemps alors que nous sommes au début de l'hiver. Le froid l'a saisie lorsqu'elle sort du sas.

- Tu es sûre de vouloir sortir comme ça ?
- Oui, oui t'inquiètes, tout va bien. Où tu m'emmènes comme ça ?
- Je sais pas trop en vérité... je voulais me faire pardonner mais je ne connais pas vraiment les environs...

Un rire franc l'a prie sous mon aveu et elle nous conduisit jusqu'à un petit square qu'elle connaissait visiblement assez bien. Elle s'installe naturellement sur un tourniquet, m'invite du regard à me joindre à elle, et nous lance doucement. Mes yeux se perdent dans les cieux, je me noie sous son poids hallucinant. Je me reprends et tourne la tête vers Aurore, elle s'est perdue également, les yeux fermés, dans son monde. Elle semble sereine, calme, apaisée.

- Qu'est-ce tu fais à me regarder comme ça ?
- Rien je t'admirais voyons, quoi d'étonnant ?
- Ah. Ah. Ah. Alors comment tu comptes te faire pardonner ?
- Ah. Oui. Effectivement, je n'y avais pas pensé. Je voulais juste t'inviter, passer du temps avec toi mais à part vous présenter mes plus plates excuses, je ne saurais que faire, votre majesté.

Un nouveau véritable rire danse le long de sa gorge et ses yeux se font rieurs. Une simple phrase lui fait du bien, c'est plaisant. J'ai l'impression de retrouver un peu de sa douceur dans ses gestes à elle, j'espère que la noirceur n'est pas telle. Arrête, arrête d'y penser.

- On fait un jeu ?

Acquiescement de sa part.

- Le dernier qui sort du square a un gage.

Elle part en trombe, ne me laissant même pas le temps de réagir alors que j'avais lancé ce défi. Bon, j'ai perdu. J'ai peur de ce qui peut bien m'attendre, quoiqu'elle ne m'a pas l'air machiavélique non plus. Je la rejoins trente secondes après son départ précipité :

- Bah alors, on n'assume pas ses propres propos ? se moque-t-elle gentiment
- Trop rapide pour moi, désolé, répondis-je faussement penaud.
- À qui le gage alors ? T'as de la chance que je ne sois pas inventive. Je veux un cadeau, débrouilles-toi pour trouver un truc sympathique !
- Euh, je veux bien essayer... qu'est-ce qui te plait ?
- Tut tut, je veux une surprise, je ne te dirais rien. À toi de voir.

On finit par rentrer doucement lorsque le soleil décline, presque bras dessus, bras dessous tant on s'est bien entendu. C'était une très bonne après-midi.

- Salut Noan, alors cette journée ?
- C'était super sympa, et je me suis enfin excusé auprès d'Aurore.
- C'est bien mon fils, je suis heureuse que tu essayes de surmonter tout ça. On mange bientôt, va chercher les petits s'il te plaît.

Nyx & ErèbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant