Noan - 10

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Je n'ai eu presque aucun contact avec Aurore depuis notre petite balade. Elle n'est plus elle-même, elle n'est plus là. Je ne sais que faire, je ne suis déjà raté une fois, pas deux. Je lui dois un cadeau que je n'ai toujours pas trouvé depuis deux semaines. J'ai une petite idée mais il va me falloir un peu d'aide. Merci maman. Ce soir en rentrant, il faut que je me mette en quête de ce présent.

- Salut maman, t'es là tôt aujourd'hui ?
- J'avais plus grand chose à faire, mon patron m'a laissée partir.
- Tu m'aiderais à retrouver de vieilles photos ? Quand on habitait ici, quand j'étais petit ?
- Si tu veux, pourquoi est-ce que tu veux ça ?
- Perdu un gage avec Aurore, je dois lui faire un cadeau, j'ai pensé à ça.
- Oh, ça lui fera peut-être plaisir.
- J'espère bien...

On a dû chercher ces photos une bonne demi-heure avant de mettre enfin la main dessus. Je les farfouille depuis plusieurs heures, les découvrant une à une et en en choisissant quelques unes pour en faire un mini-album. Je ne garde que les plus drôles ou les plus mignonnes, je ne sais quand je lui donnerai, ni même comment je vais fabriquer ça mais j'espère que ça lui plaira, que ça lui mettra un peu de baume au coeur. C'est assez original.

Je m'endors des photos de nous deux enfants pleins la tête. Mes yeux verts dans ses yeux anthracites, je ne sais plus quels visages sont à qui, je me perds dans les méandres de mon esprit, dans ces jolis souvenirs qui peuplent le creux de mes paupières cette nuit, je suis heureux. Elles ont effacé mon cauchemar récurrent.

Je me lève heureux et montre les quelques clichés à ma mère qui me racontent, dans les moindres détails, le contexte de chaque photo prise. Ça me plaît de me souvenir de ces moments, ces moments de joie qui ont abrités toute mon enfance. Je souris sincèrement pour une des premières fois depuis des années, oubliant quelque peu les autres soucis.

Je ne croise pas Aurore du week-end. Je ne la revoie que le lundi matin qui sort de l'immeuble bien avant moi pour marcher jusqu'au lycée. Et lorsque j'arrive en cours, elle est déjà couchée sur sa table dans un coin dans la salle. Je m'assoie à ses côtés, mais rien à faire, elle ne bouge pas. Cela me fait mal, j'ai l'impression de la retrouver comme au tout début, il y a deux-trois mois de ça, quand je suis arrivé. C'est à peine que la sonnerie retentit, qu'elle est partie. Il fût vain de la chercher puisqu'à la fin de la récréation, je ne l'avais toujours pas trouvée.

Nyx & ErèbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant