Aurore - 13

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Je ne sais plus quoi faire. Je tourne en rond dans mon cerveau depuis des heures, je n'arrive pas à dormir. Je tourne et je tourne et je tourne, enfin mes pensées surtout vont dans tous les sens, je ne les maîtrise plus, tout autant que mon corps qui se plie à toutes leurs volontés. Ça fait presque dix jours que je ne suis pas sortie de mon lit, sauf pour scotcher un sourire à mon visage et manger avec ma famille. Ils n'en savent rien et c'est pour le mieux. Ils dorment tous, il doit être bien trois heures passées, alors je rejoins silencieusement la salle de bain. Je retrouve une bonne amie et m'en fait d'autres. La lame passe et retrace des lignes vives sur d'anciennes refermées, et je perds le contrôle. Je ne sais combien ont pris place sur différentes parties de mon corps, venant former des constellations lugubres sur mon ciel. En refermant le placard, une boîte de médicaments tombe de celui-ci... des anti-douleurs. Il y en a plusieurs boîtes prescrites seulement sur ordonnance, c'est qu'ils doivent être puissants. Et si... et si ils pouvaient m'aider à arrêter de penser ? Deux finissent au fond de ma gorge sans attendre, le reste trouve foyer dans un coin de ma chambre pendant que je somnole doucement sur mon lit, enfin.

Vers huit heures, un peu avant, un regain d'énergie fait que je me sens capable de retourner en cours, merci les médocs je suppose. Et j'y vais sans que mon cerveau ne contrôle quoique ce soit, mécaniquement, je retrouve le lycée que je n'ai pas vu depuis presque deux semaines complètes. Je me poste au fond de la salle, je discute un peu avec quelques personnes autour sans y réfléchir, et suis le cours scrupuleusement, chose que je n'avais pas faite depuis des mois. D'ailleurs je ne sais comment Noan a pu se débrouiller avec mes notes au début d'année pour rattraper, m'enfin. Je pense que je me fais des idées mais la prof semble heureuse de ce revirement de situation. Je vous aime, merci. Et la journée se déroule sous un semblant de bonne humeur, sur un fond d'euphorie.

La descente se fait rude, la nuit se fait noire, la déprime se fait profonde. Les étoiles me brillent dessus pour me rappeler que je ne serais jamais aussi lumineuse qu'elles, je les aime autant que je les déteste. Ça fait déjà plus d'une semaine que je prends systématiquement mes deux à quatre gélules du jour. Si je ne les prends pas le matin, j'ai des vertiges et si je ne les prends pas le soir, j'ai des insomnies. Cela me fait somnoler constamment, jour ou nuit, mais au moins je ne pense plus à rien. Je m'endors dans cette couette réconfortante dans cette froide nuit noire qui m'enveloppe. Première fois que je m'endors vraiment et que je ne somnole pas depuis un bon bout de temps. Sous mes paupières se dessinent des objets indéfinis, des choses incompréhensibles.

Nyx & ErèbeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant