♻ Chapitre 2

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L'heure de cours fut une insoutenable torture, je sentais les regards insistants des six autres posés sur ma nuque tandis que la gêne s'installait avec de plus en plus de place entre Livny et moi ; quand, une cinquantaine de minutes plus tard, la sonnerie résonna dans le lycée entier, je bondis de ma place et m'évadais vers le coin café avec un soupir. Vraiment, le hasard fait bien des choses, mais parfois, je tendrais plutôt à dire que le destin a envie de s'amuser et de voir comment nous, pauvres petits humains, réagiront à ses provocations.

Je récupérais mon éternel cappuccino caramel, m'installais sur une table et, en attendant que les autres mecs me rejoignent, enfonçait mes écouteurs dans mes oreilles et révisais dans ma tête la chorégraphie que j'étudiais en secret depuis deux semaines. J'appréciais la K-Pop, et danser me libérait, mais je préférais autant garder ça pour moi.

« À force de vouloir rentrer dans un moule de perfection, on fini par s'oublier et cacher qui on est réellement aux autres. »

Je commençais à pianoter du bout des doigts sur le bord de la table en bois au rythme de la musique, en retournant dans ma tête les mots qu'un ami m'avait envoyé, citant une nouvelle fois... Je ne sais même pas qui. En voyant les mecs arriver, je changeais d'onglet avant de remettre mon téléphone dans la poche de ma veste en jean et de les rejoindre en bas des escaliers.

« Je t'avais dis, il y a un truc qui vous lie !

-Ta gueule ! »

Je balançais un coup de poing dans l'épaule de Dany, qui grimaça avant de rire bruyamment, s'attirant un regard de jugement de la part des lycéens qui passaient près de nous.

« T'es susceptible, c'est dingue ! À croire que j'ai raison ! »

Je levais les yeux au ciel tandis que le reste de la bande me regardait de travers, un sourire narquois accroché aux lèvres avant de les suivre en silence vers l'extérieur du lycée pour profiter de l'heure de pause qui nous était accordée en l'absence du prof d'histoire.

La journée passa assez vite, car je n'avais pas croisé Livny, et je fut donc épargné des piques des autres imbéciles... Jusqu'à la dernière heure. Je saluais les gars, avant de partir en direction de ma salle de physique. J'étais le seul du groupe à avoir choisi cette spécialité, donc, alors que les gars se rendaient pour la plupart à la salle, moi, je m'acharnais sur les vecteurs vitesse et les entités chimique.

Tandis que je rentrais dans la salle, la prof m'interpella par rapport au dernier devoir. Après m'avoir félicité pendant cinq minutes et m'avoir conseillé des exercices supplémentaires, que, je le sais, je ne ferais pas, je me retournais pour aller m'asseoir seul à ma double table. Enfin, c'est ce que je croyais. Parce qu'évidemment, il y avait déjà Livny. Et plus une seule place autre part, car évidemment j'avais bataillé au début de l'année pour avoir la seule place libre de la salle à côté de moi. Génial. J'espère que vous êtes sensibles à l'ironie. Donc, c'est à côté d'elle que je m'assis pour mes deux dernières heures de cours. J'espère vraiment que les gars ne seront jamais au courant.

Tandis que la classe entière planchait sur les exercices du nouveau chapitre, que j'avais déjà réalisé il y a une semaine, j'observais discrètement la jeune fille. Ses mèches ondulées, aussi pâles que la neige, flottant autour de son visage fin. Son grain de beauté sous l'œil droit, qui tranchait avec sa peau de neige. Ses doigts de pianistes, recouverts par la manche trop longue de son pull beige à l'air fait main, qui laissaient courir son stylo sur la feuille.

Je retire ce que j'ai dis tout à l'heure. Elle n'est pas mignonne. Elle est belle. Vraiment. C'est juste un constat, je tiens à le préciser. Et vu le sourire qu'afficha la prof alors que Livny donna précisément ses réponses à la classe entière, elle était douée en physique. Ma contemplation fut interrompue par le programme qui, terminale oblige, se devait d'avancer à un rythme assez soutenu. Étrangement, maintenant que les autres gars étaient partis, je n'éprouvais plus aucune gêne à être assis auprès d'elle.

Je dois avouer que je fut quelque peu étonné quand la fin du cours arriva, à 17 heures. Je n'aurais jamais imaginé la voir bondir de sa chaise pour partir si précipitamment. Elle avait plutôt l'air de la bonne élève qui reste à parler quelques minutes avec le professeur, mais les apparences sont trompeuses, comme on dit. À moins que je ne l'ai juste fais fuir...

« Ou bien qu'elle n'ait eu un cours après, comme, je ne sais pas... De la piscine ? »

Forever YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant