En réalité, avec du courage, il n'était pas bien compliqué de sortir de cette caverne. Une caverne qui se révéla d'ailleurs n'être autre chose qu'un gros trou dans un gros arbre comme se le formula Agathe.
La descente dut être sinueuse, mais la petite fille n'en garda pas le moindre souvenir. Ce qui est sûr pourtant, c'est qu'étant arrivée au pied du baobab, elle s'élança, prenant ses jambes à son cou. Il faisait nuit encore et la petite, galopant, cavalant aussi bien qu'elle le pouvait, détalait à travers champs. Ou jardins. Ou herbes tout simplement. Elle courait, brimbalant autant que faire se peut les bestioles cramponnées à son chapeau et l'animal pendu à ses bras. Elle s'arrêta dès qu'elle n'eut plus eu le souffle de poursuivre. Alors, déposant le lapin et retirant sa coiffe, elle s'affaissa dans l'herbe.
Toujours sur le chapeau qu'elle tenait désormais en main, les deux Elfes s'agitaient tandis que le dernier, Spoc, semblait émerger d'un profond, très profond sommeil. Il n'y a pas toujours besoin de prince pour être sauvé. Agathe se rappela cette phrase de sa mère qui, là, devant une Belle au bois dormant s'éveillant sans baiser magique, prenait tout son sens.
« TU NOUS AS SAUVÉS !! Zbi et Shtrouc, eux aussi, revivaient.
- C'est vrai ce qu'on voit dans tes yeux... commença Zbi.
- Oui, poursuivit Shtrouc, tu es comme nous. »
C'était la deuxième fois qu'on lui faisait la remarque mais Agathe, cette fois encore, n'était pas bien sûre de comprendre. À supposer qu'elle ait bien les mêmes yeux qu'eux ; les yeux avec la lumière, l'innocence, le rêve, le courage, l'espérance et tout et tout, elle n'était sûrement pas un Elfe. Enfin, elle le saurait tout de même, non ?
Les Elfes, qui avaient d'ailleurs très certainement suivi le cours de sa pensée – Agathe était persuadée qu'ils pouvaient entendre la voix de sa tête – ne daignèrent pourtant pas s'expliquer davantage. Et, sans qu'elle ne comprenne d'où venait la chose, ils lui tendirent un anneau.
« C'est pour te remercier, expliqua Shtrouc.
- Et pour te rappeler que tu es comme nous, ajouta Zbi avec un imperceptible clin d'œil.
La fillette se saisit de l'objet.
- Maintenant, il faut que tu rentres chez toi. Nous allons aussi rentrer chez nous.
Et, chacun lui prenant un bras, ils aidèrent Spoc à se relever. Il était encore somnolant mais ne devait pas peser trop lourd.
- Au revoir Agathe ! » s'exclamèrent les deux Elfes de rivière, un grand sourire aux lèvres avant de s'envoler, soutenant leur compagnon, et de disparaître enfin, comme dans un rêve.
Comme dans un rêve. Pensa l'enfant, enfilant délicatement la bague un peu grande à son majeur droit.
Comme dans un rêve.
Puis, comme reprenant tout à fait ses esprits, elle chercha Ananas du regard. Il fallait récupérer le lapin et rentrer à la maison.
Le lapin, justement, était devant elle. Les dernières péripéties ayant sûrement fait passer son goût de l'exploration à l'animal qui – rappelons-le – était aveugle, ce dernier restait sagement à proximité immédiate de la fillette. Ce problème étant réglé, celle-ci entreprit de considérer le second : la maison. Où était la maison ?
L'enfant, contemplant son chapeau vide de ses occupants, resta un moment songeuse, le lapin blotti contre son chausson.
L'aurore naissait lorsque enfin, on la retrouva.
L'enfant gisait, étendue, au milieu de la pelouse. Son chapeau de pirate comme oreiller et un lapin en lieu et place de doudou, elle dormait profondément.
Sa mère s'approcha silencieusement. Elle était accompagnée d'un des amis chez qui la petite et elles logeaient pour les vacances. Devant cette image débordant de l'innocence et de la pureté du sommeil enfantin, ils n'échangèrent pas un mot. Un regard avait suffi.
Un regard et un sourire pleins de tendresse face à ces deux compères ainsi enchevêtrés dans leur rêves.
L'homme se saisit délicatement du lapin qui pionçait avec ardeur tandis que la femme soulevait sa fille. Elle l'amena contre elle si bien que la tête de cette dernière vint immédiatement se blottir dans le creux du cou maternel. Les deux grands ainsi chargés regagnèrent l'habitation. Leur pas était lent mais assuré, ils marchaient dos à la nuit ; face au jour qui se levait.
Le visage encore dans l'ombre du crépuscule, Agathe, à mi-chemin entre songe et réalité, entrouvrit ses lourdes paupières et, presque aussitôt, les laissa retomber.
La scène n'avait duré qu'une dizaine de secondes et pourtant, là dans l'opacité du jour fleurissant, une lumière d'un jaune étincelant avait comme traversé le regard de la petite.
À l'aube des premiers rayons solaires inquisiteurs, coincés entre ombre et lumière, les reflets nocturnes semblaient danser sur la peau de l'enfant. Ceux-ci, s'articulant en une curieuse harmonie sur son précieux visage enfantin, lui donnaient des éclats indigos. Elle était comme Bleue.
Bleue aux yeux blondes.
FIN
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bleue aux yeux blondes
FantasyAgathe est blonde aux yeux bleus. Elle a six ans, des rêves plein la tête et de l'imagination plein les yeux. Agathe est une guerrière. Elle n'a pas peur du noir, combat les monstres et affronte les cauchemars. Agathe est une enfant. Elle vit a...