Chapitre 95 : Absinthe.

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L'absinthe vient du grec "sans douceur", elle en tire bien son parti car c'est la plante la plus amère connue en Europe. Le langage des fleurs l'utilise pour exprimer les souffrances du cœur et l'amertume causées par un sentiment d'abandon. L'absinthe sera utilisée pour exprimer la douleur causée par l'absence de l'être aimé


Royaume Gwangju, Palais de Golfar.

Jung Minhyuk avait encore une fois perdu le fil du temps, ne cherchant même plus à dormir. Simplement allongé sur son lit, il fixait le plafond sans même le voir. Depuis quelques temps, quand la nuit prenait place dans le ciel, il avait une horrible sensation dans le corps. Cette impression de voler au-dessus de son lit, et de ne plus avoir aucun lien avec la réalité. Minhyuk flottait, s'isolant dans son propre petit monde. Il avait bien vu, que son renfermement avait énormément affecté son entourage. Son frère, Hyungwon ne le quittait jamais réellement des yeux, s'occupant de lui plus que de nécessaire. Hoseok veillait son état avec prudence, l'analysant parfois au-delà du supportable. Même WonHo était devenu un parfait interrogateur, continuant à demander sans n'avoir aucune réponse de sa part. Parce que Minhyuk n'avait rien à dire.

Il n'avait jamais eu rien à dire.

Il était juste tombé dans les mauvais bras et connaissait à présent la vraie signification du mot amour. Et quelle magnifique leçon de vie. Voilà à quoi cela l'avait mené, à être de nouveau seul dans son désespoir. Et non, c'était même bien pire qu'avant. A présent, le jeune Iota avait juste le cœur brisé. Il pouvait encore se souvenir, si parfaitement, de cette nuit-là, ou son corps avait connu les premières affres de l'amour. Ses premiers soupirs, ses premières caresses, la première fois qu'un autre corps l'avait réellement comblé. C'était un spectacle si pitoyable, quand on affrontait réellement la vérité. Car le lendemain, il n'y avait pas eu de tendre embrassade, de belle promesse et de future rencontre. Non, son compagnon l'avait juste laissé là, sans un mot et un regard. Jooheon l'avait abandonné, lui aussi.

Et c'était comme affronter un nouveau deuil, aussi douloureux que la mort de Daehyun. Sauf que cette fois si, ce n'était pas la mort qui avait été mauvaise joueuse. Non...Et peut-être que c'était même encore plus douloureux. Minhyuk n'avait donc jamais était important pour lui ? Ce tendre moment de folie, n'était donc rien de plus que cela ? C'était si triste de constater, qu'il s'était fait si facilement avoir. Il avait même volontairement écarté les cuisses, agissant comme ce qu'il l'avait toujours répugné. Minhyuk avait alors comprit, que tout cela n'aurait aucun impact. Rien ne pourrait ramener Wang Jooheon à la raison, pas même lui, pas même son amour. Alors, il fallait bien plus que des larmes pour encaisser la nouvelle. Même les mots ne seraient jamais assez suffisants. Donc, il préférait rester dans le silence, pour un jour avoir la chance de reprendre pied avec l'évidence.

Un sursaut l'agita, alors que sa conscience se faisait plus claire. Ses yeux se posèrent sur sa fenêtre, ou tombait avec force une pluie colérique. Le Iota pouvait même entendre l'orage gronder au loin. Enfant, lui et Hyungwon aimaient passer ces nuits d'orage dans le giron de Daehyun, bien vite rejoint par Hoseok et Jun. A cette époque, il était une famille unie, sans aucun reproche, aucune peur de vivre. Pourquoi, en si peu de temps, les choses avaient ainsi basculé ? Minhyuk aurait tellement voulu redevenir enfant, quand il ne savait rien des drames et de l'affliction. A ce temps, ou personne ne pouvait jamais le laisser seul, une seule seconde. Renfrogné dans son lit, il mit plusieurs minutes à réagir au bruit suspect contre les carreaux de sa fenêtre.

Ce n'était sans doute rien. Un simple oiseau qui demandait refuge, pendant cette averse monstrueuse. Mais le bruit bien plus fort, l'obligea presque à reposer ses iris sur le carreau de la baie. Ses yeux s'écarquillèrent et la paralysie le prit, en apercevant assez nettement un visage dans le reflet. Et ce visage était semblable à ses songes, veilleur de ses rêves, démon de ses cauchemars. Était-il devenu fou, finalement ? Jooheon ne pouvait pas être là, suspendu au bord de sa fenêtre, en le fixant avec peine. C'était surement une autre de ses crises, et son frère viendrait bientôt l'en sortir. Sa réflexion ne dura pas longtemps, avant que son corps n'agisse de lui-même. Qu'importe, que cela soit réel ou non. Son instinct avait viscéralement besoin de la voir, à ce moment précis. Dans la précipitation et un bruit effroyable, il ouvrit l'ouverture qui laissant entrer une violente bourrasque de vent. Jooheon échoua lourdement sur le sol, trempé des pieds à la tête, reprenant au mieux sa respiration. Et Minhyuk restait sur place, les membres tremblants, ne sachant pas quoi faire face à cette apparition soudaine.

Les légendes de Koréa.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant