Ma chère Galatée by @-insaisissable

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Lettre pour elle

Le soleil se levait doucement et embrasait la nuit de son feu ardent. Alors que tous dormaient, au beau milieu d'un atelier de sculptures, se tenait une femme. Elle ne pouvait s'arrêter de pleurer, une lettre à la main.

« Ma chère Galatée,

Auparavant j'étais un roi. J'étais beau, riche, et j'attirais les femmes ; j'avais tout pour moi. Mais cela ne m'intéressait guère. Je vivais pour la sculpture. À travers mes mains naissaient les trésors de mon imagination.

Un jour, resté gravé à jamais dans ma mémoire, une femme que je connaissais bien, m'avait crié en pleurant :

« Toi qui repousse mon amour sincère et profond, je prie, ô je prie les dieux qu'un jour tu vives ma souffrance. Je prie que la seule personne qui fasse battre ton cœur ne puisse te rendre ton amour. Et quand ce jour arrivera, car il le fera, tu comprendras ... »

Était-ce un sort ? Ou les dieux avaient-ils entendu sa prière ? Peut être n'était-ce que le destin...

Les jours défilèrent, et je me donnai corps et âme dans mes sculptures. Mais je me rendis compte qu'il me fallait plus, une plus grande raison de vivre. Quelque chose de si prenant que j'en oublierais tout le reste.

C'est pourquoi je choisis de te sculpter.

Toi.

La plus belle œuvre que personne n'avait jamais réalisé.

Toi, si parfaite que même les dieux ne pouvaient égaler.

N'ai-je pas été puni pour mon insolence ?

C'est ainsi que j'entamai la sculpture de ma vie. Celle qui allait tout changer.

Je passais encore plus de temps dans mon atelier, ne me levant que rarement.

Je soignais chaque détail, de la pointe de tes pieds aux minuscules traits de ton visage. Que la lune en soit témoin. Et petit à petit, le morceau d'ivoire que tu étais commença à ressembler à une femme. À la plus belle femme d'ivoire que le monde eut connu. Ta peau était si pure, si blanche, semblable à du lait : c'est pourquoi je décidai de te nommer Galatée.

Je me couchais la nuit pour te revoir le lendemain matin.

Un drôle de sentiment, que je ne connaissais pas encore me berçait.

Comment pourrais-je te le décrire ? Avec mes mots très maladroits je te dirais que c'est pareil à un soleil. Un petit soleil qui vit en toi et qui, doucement, de ses rayons, éclaire tes journées, les réchauffe.

Ces jours avaient été les plus beaux de toute mon existence.

Mais voilà, sais-tu ce qui vient après l'amour ? La souffrance certes, mais bien pire pour certains.

Je passais mes journées à tes côtés, te chérissant. Et petit à petit, je me sentis perdre la tête. Je voulais te voir rire, danser, sentir tes doigts chauds sur ma peau. Je voulais que tu vives, plus que tout.

Imagine que la seule chose que tu aies jamais voulue, cette seule chose là, qu'elle te soit impossible à avoir.

Si tu ne peux avoir ce qui donne une raison à ta vie, à quoi te sert alors de vivre ?

Ainsi mes journées devinrent semblables à des tempêtes, mes sentiments se déchaînant sur moi.

J'en voulais à tout le monde. À cette femme que j'avais repoussée, aux dieux, à la terre. Ils avaient la chance de continuer leur vie pendant que la mienne s'arrêtait. Je le sentais, que ma raison s'était envolée. Je fis des choses affreuses, j'en dis aussi, des paroles cruelles.

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