Chapitre 12

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- Qu'est-ce que tu bois ? demande Adrian après m'avoir relâché.

- Quelque chose de frais, je réponds en espérant que le rouge sur mes joues se soit atténué.

Adrian attrape des gobelets, puis me pousse vers le balcon après avoir mélangé une bonne quantité de boissons. Nous nous faufilons entre les fumeurs, traversons des volutes de fumée grises et rejoignons deux petites chaises longues orange restées étonnamment libres. Nous trinquons et je remercie encore Adrian pour son aide. Le cocktail est chargé et me brûle la gorge lorsque je l'avale.

- Il n'y a que de l'alcool là-dedans ! je m'écrie en grimaçant.

Adrian sirote tranquillement sa boisson et hausse les épaules en riant.

- J'ai simplement vu que t'avais besoin de te détendre.

- Comment une personne qui sait aussi bien cuisiner, peut-elle créer des cocktails aussi imbuvables ?

- Désolé, les cocktails n'ont pas fait partis de ma formation, dit-il avec une bonne dose d'humour. Mais je retiens le compliment pour la cuisine !

Sous l'œil attentif d'Adrian, je trempe une nouvelle fois mes lèvres dans le mélange. C'est toujours aussi fort, mais moins écœurant. On dirait que mon palais s'habitue.

- Alors, qu'est-ce que tu penses de la soirée ? Est-ce que tu t'amuses quand même malgré le lourdaud qui t'as dragué ?

Je prends mon temps pour répondre. Je n'ai pas envie de passer pour la petite fille sage, raisonnable et disciplinée dont on me qualifie occasionnellement.

- Sans vouloir jouer la rabat-joie, ce n'est pas la meilleure soirée que j'ai faite. Je ne connais pas grand monde et les invités d'Andréa sont un peu particuliers.

- Carrément bizarre, ouais, tu veux dire... J'ai parlé à pas mal de monde ce soir, et je peux te dire que certains sont vraiment perchés.

J'approuve d'un hochement de tête vigoureux avant de porter le gobelet à ma bouche. Je suis contente qu'Adrian soit sur la même longueur d'onde que moi.

- Ce Dylan, par exemple, est perché... Élisa a eu la brillante idée de lui donner mon numéro. C'est pour ça qu'il ne voulait pas me lâcher.

Adrian hausse les sourcils et ne peut réfréner un sourire sardonique.

- Pourquoi je ne suis pas étonné ? Miss Gaffeuse... Je suis persuadée qu'elle a un petit-pois à la place du cerveau, grogne-t-il, goguenard. On peut dire que toi et Tim, vous avez le don pour choisir vos copains et copines !

- Qu'est-ce que tu veux dire ? je demande sans comprendre.

Il hésite un instant, cherche ses mots puis, résigné, balance d'une traite :

- Vous avez le don pour vous mettre avec des personnes qui ne vous correspondent pas.

- Pourquoi dis-tu ça ? j'interroge un peu douchée. Louis n'est venu que trois ou quatre fois, tu l'as à peine vu.

- Laisse-tomber, je n'aurais jamais dû dire ça, maugrée-t-il semblant soudainement regretter les paroles précédentes sorties trop vites de sa bouche.

Le silence s'abat sur nous telle une chape de plomb. Aucun de nous deux n'ose poursuivre sur ce terrain glissant ni relancer la conversation sur un autre sujet. J'avale plusieurs gorgées de mon cocktail pour me donner une contenance. Je bois trop vite et le liquide se répand dans mon estomac en l'enflammant.

- En fait, tu n'es pas le premier à me le dire, je déclare lorsque la brûlure s'est apaisée.

Son front plissé se détend et il semble soulagé. Les yeux rivés sur la boisson que je fais tourbillonner dans mon verre, je poursuis :

En effervescence [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant