En effervescence [TERMINÉ]

Chapitre 34

Nous sursautons tous deux violemment et Mathéo se redresse hâtivement. D'un bond, je rejoins le sol et me tourne vers Tim apparu dans le salon, la mine furieuse et les poings serrés. Alors que je n'ai rien fait de mal, la culpabilité m'envahit et le rouge me monte aux joues.

- On s'embrassait et tu nous as interrompus, répond Mathéo avec un flegme que viennent contredire ses bras bandés.

Tim lui jette un regard noir et se tourne vers moi avant de cracher son courroux :

- Élisa m'avait dit que tu voyais un mec... Quelqu'un qu'on ne connaissait pas. Je vois que tu t'es bien foutu de sa gueule ! Sérieusement, tu sors avec lui ?

Le mépris avec lequel il prononce le mot « lui » déclenche ma colère. Une colère trop longtemps contenue :

- C'est ma vie privée, je ne vois pas en quoi ça te concerne !

Il s'approche avec un air effrayant que je ne lui connais pas et Mathéo, gentleman, se place devant moi pour s'interposer. J'apprécie son geste de protection même si je doute de sa réelle utilité.

- C'est bon, je ne vais pas la toucher ! lance Tim, agressif en s'arrêtant néanmoins à bonne distance. Tu fous quoi avec lui, merde ? Putain, tu me déçois !

- Mais c'est quoi ton problème à la fin ? je m'exclame furieuse. Tu es insupportable depuis qu'Adrian est parti. Pourquoi tu m'en veux à ce point ? Ce n'est pas moi qui l'ai fait partir !

Tim éclate d'un rire sinistre qui me ficherait presque la chair de poule.

- T'es stupide ou tu le fais exprès ? gronde-t-il sourdement. Tu as joué avec lui, tu as joué avec ses sentiments et tu l'as laissé tomber pour le premier crétin qui passait.

- C'est moi que tu traites de crétin ? aboie Mathéo en esquissant un pas vers mon colocataire.

Je pose une main apaisante quoique légèrement tremblotante sur son épaule :

- Laisse-moi gérer ça.

J'expire dans l'espoir de ralentir mon pouls qui s'affole un peu plus à chaque phrase échappée de la bouche de Tim.

- Je n'ai jamais joué avec Adrian, d'accord ? je reprends plus calmement. Il est mon ami. S'il a fait le choix de partir, c'est parce qu'il a attaqué Mathéo sans raison et qu'il a eu honte d'avoir agi comme ça.

Les traits de Tim se tordent et il serre les mâchoires :

- Ah ouais ? Selon toi, il l'aurait attaqué sans raison ? On dirait qu'il te manque une partie de l'histoire ma belle... A ta place, je ne ferais pas la fière.

Moi, faire la fière ? Ça en est trop. J'explose littéralement, hors de contrôle, et m'égosille :

- Tu oses me juger ? Tu oses me donner des leçons de morales, à moi ? Tu passes ton temps à tromper Élisa sans que ça ne te pose le moindre problème de conscience. Tu fais n'importe quoi et ensuite, tu appelles au secours pour qu'on te sorte du pétrin. Il y a peu de temps, j'ai dû lui jurer dans les yeux que tu ne la trompais pas. Tu trouves ça bien peut-être ?

Je m'interromps pour reprendre mon souffle, la voix cassée.

- S'il y en a bien un de nous deux qui ne peux faire le fier, c'est bien toi, espèce de... de sombre idiot !

Il chancelle, les yeux écarquillés, stupéfié par mon soudain débordement. C'est la première fois que je hausse la voix ainsi devant lui. Pourtant, il se ressaisit illico. Il n'est pas le genre d'adversaire que l'on met facilement au tapis. Il pointe un doigt accusateur dans ma direction et abat sa dernière carte :