Chapitre 5 - Forcer le passage

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Tout devant, Brook restait impassible. D'un point de vue externe, on aurait dit que cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Alors qu'à l'intérieur, cette situation l'horripilait au plus profond de lui-même.

Depuis toujours, il montrait aux autres que ce qu'il souhaitait. Cette attitude distante lui avait valu bien des surnoms au début de ses années de faculté. Le frigide, le glacé, le mort-vivant. Des appellations parvenus à ses oreilles qu'il avait préféré taire, ne voulant point être perturbé par des idiots incapables.

Ce jeune médecin prodige était pourtant quelqu'un de sensible qui intériorisait toutes ses émotions pour éviter qu'elles ne le submergent en pleine action. À l'exact opposé de son ami Dan.

Le regard fixé au loin, il faisait abstraction de ce qui se déroulait dehors. Concentré, il réfléchissait déjà à un plan d'attaque sur les lieux car que les minutes seraient comptées.

« Oh non, c'est pas vrai.

— Je ne sais pas si on arrivera à temps. Je ne peux pas même plus prendre la bande d'arrêt d'urgence, elle est saturée.

— Pas le choix. Dans ce cas, on va devoir forcer le passage, jugea Brook. »

Sur la route, certaines voitures ralentissaient à cause des multiples départs des habitants. Le bouchon commençait à se créer lorsque le chauffeur actionna son klaxon en supplément de la sirène.

La plupart des véhicules se décalèrent dans la mesure du possible pour leur céder la voie. Tandis que certains automobilistes saisissaient parfaitement la situation d'urgence, d'autres rouspétaient pensant qu'ils avaient le droit de s'enfuir.

« Et voilà, on est obligé de leur laisser la route sous prétexte que c'est une ambulance. Nous aussi on veut se casser d'ici, merde alors, hurla un conducteur à travers la fenêtre ouverte.

— Mais ma parole, t'es complètement idiot ! Eux, ils sont coincés dans cette ville pour aller sauver des cons comme toi qui mettent leur existence en danger en désirant partir, lui ferma le clapet son épouse assise sur le siège passager. »

Le mari se renfrogna à sa place et grommela devant la remarque de sa compagne. Bien sûr qu'il le savait, mais exprimer sa colère face à cette situation lui permettait de ne pas couler.

Quant à sa femme, à l'ordinaire contente de pouvoir clouer le bec à sa moitié, elle se sentait toute petite. Elle regardait ce désastre sans un mot depuis le départ, meurtrie de devoir quitter cet endroit.

Comme une excuse pour l'insulte qu'elle avait prononcée, elle posa sa main sur celle de son cher et tendre. Une manière de lui témoigner que ses termes avaient dépassé sa pensée.

Cette catastrophe naturelle mettait en lumière la peur, le pire des sentiments, celui qui se tassait au plus profond de l'être humain. Aujourd'hui, il reflétait la personnalité vaine et égoïste de certains individus. Mais cela ne montrait que leur impuissance face au drame qui s'abattait sur eux.

Tant bien que mal, l'ambulance se fraya un chemin progressant à la vitesse d'un escargot parmi les voitures désormais à l'arrêt. Ce ralentissement soudain fit même ouvrir les yeux de Lyn qui se demandait ce qu'il pouvait bien se passer.

« À ce rythme-là, lorsqu'on va arriver, ils seront tous morts ! S'ébranla-t-elle de terreur. »

Sa remarque cinglante rompit le silence dans l'habitacle et tout le monde se retourna pour la regarder. Les yeux exorbités d'effroi, elle tentait de contrôler sa respiration en avalant sa salive.

« C'est vrai, quoi ! Pourquoi les gens ne se poussent pas ? Nous sommes une ambulance.

— Lyn, eux aussi ont peur et souhaitent à tout prix quitter cet enfer. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas nous laisser passer, c'est qu'ils sont mortifiés par cette situation qui les dépasse. »

La voix de Brook se pensait réconfortante, mais son indifférence prit le dessus plus qu'il ne l'aurait désiré. En réalité, ses réflexions ressemblaient étroitement aux dires de Carolyn, mais en tant que chef de l'équipe, il ne pouvait montrer son désarroi à ses collègues et amis.

Lyn se réinstalla sur son siège, la mine boudeuse face à la remarque de Brook. Au fond d'elle, elle savait qu'il avait raison, mais cette capacité à être froid en permanence l'agaçait au plus haut point.

Croisant les bras sur sa poitrine, Carolyn fixa ses chaussures comme un enfant que l'on venait de gronder. Les joues légèrement rouges, la honte prenait petit à petit place dans son être.

À sa droite, Daniel, qui n'avait encore rien dit depuis le départ, remarqua sa gêne. Sans réfléchir, il mit sa main sur son épaule, lui montrant ainsi son soutien face à cette discussion.

La jeune femme ne releva pas les yeux, sentir la chaleur de son ami lui suffit à réconforter son cœur meurtri. Sans s'en rendre compte, sa tête bascula sur le côté et vint se poser sur le poignet de Dan. Une attention qui le fit sourire à l'intérieur de lui.

Dehors, le paysage défilait, se ressemblant trait pour trait. Des voitures faisaient la queue à n'en plus finir, la pluie battait toujours son plein et les nuages s'assombrissaient de plus en plus.

Le regard égaré au loin, l'adolescente déconnectée de la réalité, faisait le vide dans son esprit. Tourner en boucle les conséquences de cette catastrophe la rendait nauséeuse. Elle préférait plutôt se remémorer de doux souvenirs.

Au fil des kilomètres, la jeune fille se concentra sur la route, gardant les yeux rivés sur les éléments du paysage qui se dressaient devant l'ambulance. Ceux-ci se perdirent un instant dans le panorama en ruine de sa ville de naissance.

Reconnaissant peu à peu le chemin que prenait le véhicule d'urgence, Erin se redressa sur son siège et se tourna vers l'avant pour indiquer le lieu de l'accident.

« Il me semble qu'il y a une petite sortie pas très loin, c'est par là que je suis venue.

— Oui, je la vois ! »

En un rien de temps, les automobilistes se décalèrent pour libérer l'accès et le fourgon put s'y insérer sans encombre. La route, plus dégagée, car vide de voitures, offrait la possibilité d'accélérer.

L'ambulance prit alors de la vitesse et rattrapa son retard au plus grand plaisir des passagers. La chance leur souriait enfin depuis le début de ce périple, de quoi raviver les espoirs des médecins.

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J'espère que ce chapitre vous aura plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, je serai plus que ravie de lire vos commentaires.

Que pensez-vous de l'histoire jusqu'à présent ?

Des théories pour la suite du récit ?

Avez-vous déjà un personnage préféré ?

Comment réagiriez-vous face à cette catastrophe naturelle ?

♥ À bientôt pour la suite de cette aventure livresque. ♥

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