10.

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- C'est mignon, chez toi.

- Mignon ? répète Louis d'un ton amusé avant de jeter ses clés sur le comptoir de la cuisine. Si tu veux. Tu veux manger ?

  Louis vide le sac de course sur la table et se met à ranger la nourriture et les boissons dans les placards et le réfrigérateur. L'appartement est si vide sans sa mère et sa sœur. Harry et lui ont jugé qu'ils ne risquaient plus grand-chose, et espéraient que le CEF ait lâché l'affaire, depuis le temps.

  Harry a laissé leurs sacs dans l'entrée et il scrute les alentours, s'imprégnant de ce nouvel environnement qui lui plaît déjà. Pour Louis, ça lui fait tout drôle de le voir ici.

- J'ai pas trop faim. C'est ta petite sœur, sur la photo ?

  Harry s'empare d'un petit cadre, posé sur une table au coin du salon. Louna n'avait que sept ans sur la photo, elle fait un grand sourire auquel il manque deux dents.

- Mhm.

- C'est fou, elle te ressemble pas du tout.

- On n'a pas le même père...

- Elle est chiante ?

- T'imagines même pas. Dis-toi c'est elle qui m'a balancé à Mathilde quand j'ai fugué. Elle a pas perdu de temps, elle lui a dit le marché de Noailles comme si elle était payée pour le faire. Elle est petite, mais mine de rien, elle est pas bête.

  Louis ouvre la fenêtre de la cuisine pour aérer un peu. Sur le bord du cadre, il voit un cendrier en verre, rempli à ras bord. Il le vide alors que Harry le rejoint dans la petite pièce. Il l'enlace de derrière, l'embrasse dans le cou et lui chuchote :

- On est tous seuls. Pour la première fois.

  Louis sourit, et puis il place ses mains sur les siennes, les bras en croix contre son torse; Harry le berce doucement, il lui fredonne quelque chose au creux de l'oreille, ça le fait rire et ça lui fout des frissons à la fois.

- Je veux te dessiner, Harry.

- Mhm ? Comment tu me veux ?

- Je te veux nu.

- Tu me veux toujours nu, grand fou. Je le fais que pour toi.

  Ils s'installent dans sa petite chambre, avec son lit à une place et son couvre-lit bleu, son grand poster vintage de l'A.S. Monaco contre l'Olympique de Marseille du samedi 18 juillet 1987, ses BD et ses cahiers éparpillés sur le bureau, comme il les avait laissés. Sa mère a fait son lit et la poussière, mais elle n'a rien touché d'autre. Il a retrouvé son portable, enfoui sous son oreiller, un vieil iPhone 5C blanc, à l'écran un peu abîmé mais qui fonctionne toujours après l'avoir branché. D'ailleurs, c'est sur son portable qu'il met de la musique. Ils fument un pétard qu'ils se passent depuis une petite demi-heure.

- Ça va ma pose ? demande Harry en se repositionnant sur le lit. La lumière, ça va ?

- Ça va. Tu peux bouger si tu veux, c'est pas interdit.

  Harry lui sourit et s'étire sur le matelas, dévoilant son corps nu dans toute sa splendeur. Le lit fait face à la fenêtre et le soleil auquel il a déjà tant goûté cet été l'éclabousse, se reflète sur sa chaîne dorée et, sous sa lumière, ses cheveux sont châtains. Tout son corps est brun de soleil, à l'exception de la trace disgracieuse de son maillot de bain.

    Louis est assis sur sa chaise de bureau, un nouveau cahier de dessin entre les mains. Celui-ci est beaucoup plus grand, aux pages bien plus adaptées au dessin. Et pour le moment, son croquis lui plaît énormément.

SOBREVIVIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant