5. « Un doigt »

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Livaï tournait entre les recrues qui se battaient au corps à corps depuis maintenant plus d'une demi-heure. Il avait arrêté des combats, avait repris des échecs qui étaient, selon lui, lamentables. Il avait un regard dépité sur l'ensemble des recrues lui faisant face. Décidément, ces nuls avaient encore beaucoup à apprendre. Il tourna son regard vers une jeune fille brune qui s'entraînait seule. 

Quelques jours étaient passés depuis son agression, et il n'aurait jamais pensé que la jeune Ackerman pouvait se reprendre aussi vite. Après l'état dans lequel il l'avait vu, il aurait pensé la voir plus faible. Et pourtant, la voir frapper violemment l'air, voir la sueur sur son front - bien qu'il trouvait ça carrément dégueulasse -, lui fit un drôle d'effet. Il avait l'impression de voir devant lui une véritable machine de guerre. Il grimaça légèrement à cette pensée, qu'il regretta d'avoir eu. Il savait qu'elle n'en était pas une. La vision qu'il avait eu de cette femme l'avait conforté dans sa pensée. Livaï reporta finalement son attention sur la bande de nul qui lui servait de soldat et soupira. Je suis vraiment pas sorti de l'auberge.

Mikasa frappait l'air. Peu importe que personne n'ai voulu se mettre avec elle, elle comprenait. Mikasa savait qu'elle faisait peur aux gens. Elle savait que sa force en effrayait la plupart. Et elle comprenait qu'ils ne veuillent pas se retrouver le cul par terre à chaque tentatives. Mikasa ne s'en plaignait pas. Elle aimait plutôt ça, se retrouver seule avec elle-même. Dans ces moments-là, elle n'avait conscience que de son propre corps. Elle ne sentait que ses mouvements, son souffle saccadé, les battements de son cœur effréné. Depuis son passage à tabac par Eren, Mikasa avait décidé de se reprendre en main. Elle avait décidé d'envoyer toutes ses émotions au fin fond de son âme. Elle ne perdrait plus contenance face à qui que ce soit. Alors, depuis cette décision, son impassibilité ne l'avait plus jamais quitté une seule fois. Elle ne se permettait plus de ressentir. Elle ne se permettait plus de sourire.

La brune souffla et s'arrêta en reprenant son souffle, lorsqu'elle sentit un... Reniflement? Sur sa nuque. Mikasa se retourna, les sourcils froncés, et observa Mike Zacharias qui se redressait pour l'observer.

- Tu t'entraîne dur, Ackerman. Il se mit en garde en regardant la fille, qui ne comprenait pas. Combat avec moi, si tu n'as personne. Je veux voir jusqu'où tu peux aller.

Mikasa pesa le pour et le contre quelques secondes puis se positionna à son tour. Combattre quelqu'un de plus fort qu'elle la stimulait et la poussait à se surpasser. Ils se tournèrent autour quelques instants, jaugeant l'autre du regard, afin d'appréhender l'action de l'autre. Mikasa prit appui sur son pied et se jeta sur Mike, qui esquiva son coup facilement. Il se tourna pour l'avoir en ligne de vue, et fronça les sourcils en ne la voyant pas. Finalement, il arrêta le coup de poing que Mikasa voulait lui envoyer, à quelques centimètres de sa joue. Mike, d'une prise habile, la fit chuter au sol. Il coinça ses poignets avec ses mains, ses jambes bloquèrent alors celles de la fille.Il la regarda se débattre quelques secondes et lui adressa un léger sourire. Il se redressa alors et tendit sa main à Ackerman. Mike ricana quand elle se leva seule.

- Tu es rapide, Ackerman. Mais tu ne réfléchis pas assez.

Mikasa plissa le nez, mécontente de s'être fait battre aussi facilement, puis se remit en position. Elle porta son regard vers le terrain sableux sur lequel ils étaient pendant quelques instants puis se remit en position. La soldate attendait patiemment que son adversaire fasse quelque chose. Mike se décida et couru vers elle. La brune esquiva le coup de pied en se baissant. Elle attrapa une poignée de sable et la jeta dans les yeux de son adversaire, qui lâcha un cri de surprise en passant une main sur ses yeux. Ni une, ni deux, Mikasa envoya son pied dans le talon de l'homme et le fit chuter. A son tour, elle le bloqua, de la même façon qu'il avait fait sur elle, quelques instants plus tôt. L'homme, les yeux fermés à cause du sable, sourit en coin.

Touché dans le cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant