This Is Not A Disney -J.JK.

II

Je m'affale de tout mon long sur mon petit canapé qui est l'un des seuls meubles en ma possession et regarde mon petit ange gardien me préparer un repas bien mérité. Eun-Jung se retourne et pose le plat sur le minuscule îlot puis me fait signe de la rejoindre. Je pose brutalement mon derrière sur le tabouret alors que mon estomac pousse un cri d'agonie, mes mains rejoignent prestement mon ventre et Eun-Jung pousse un rire tout mignon. 

- Alors, dis-moi, Astrée. Pourquoi as-tu quittée ce pays magnifique qu'est la France pour venir ici? me demande t-elle curieuse. 

- Et bien... J'avais besoin de changer d'air, fis-je pensive.

- Je vois, dit-elle en hochant la tête. Tu as trouvé un travail? 

- Oui, je commence dans deux jours. J'ai été prise chez Samsung. 

- Wow! Ma chérie, c'est génial! Qu'est-ce que tu fais exactement? 

- Je m'occupe du côté juridique. Les contrats... que tout ce que l'entreprise fait ou souhaite faire est dans les règles. 

- Ca m'a l'air intéressant... J'espère que tout ira bien pour toi, finit-elle en enveloppant mes mains des siennes. 

- J'espère aussi, lâchai-je avec un sourire. 

                                                                                  ***

Mes talons claquent sur les marches bétonnées de l'escalier du métro alors que je prends une profonde inspiration parmis les corps pressés des coréens se rendant à leurs boulots. Je marche dans les rues de Gangnam et m'arrête finalement au pied du siège de Samsung dont les portes vitrées s'ouvrent face à moi. Au fond de l'immense hall se dresse un imposant bureau derrière lequel se tient un homme en costume noir qui ne prend pas la peine de lever les yeux vers moi lorsque je m'approche de lui. Je tente une toux discrète, puis l'intensifie quelque peu pour signaler ma présence. Il lève lentement sa figure vers moi et me fait signe de parler, d'un air pressé. 

- Bonjour, je suis Astrée Klein. Je viens d'être embauchée, lui dis-je à toute allure mais en n'oubliant pas de sourire. Il me détaille un instant des pieds à la tête, cherchant apparemment le moindre signe d'une blague. 

- Vous... n'êtes pas un peu jeune? fait-il en rigolant à moitié. Cette phrase est assez drôle étant donné que je dois être plus âgée que lui de un ou deux ans. 

- Vous voulez dire, autant que vous? Son visage se rembrunit un peu, mais je décide de continuer. Avec tout le respect que je vous dois, "c'est-à dire pas beaucoup", je pense, l'âge ne compte pas quand les compétences sont acquises. Je vois sa mâchoire se contracter alors qu'il me tend brutalement un badge blanc qui se balance avec joie au bout du ruban, puis il me fait signe de sortir de son champ de vision. 

Je me détourne de cette énergumène et commence à marcher un peu au hasard dans le hall éclairé par toute la lumière qui perce par les immenses fenêtres. Je ne sais pas vraiment où aller ni où mes pas me conduisent. Est-ce trop demander de me donner quelques informations? 

Mon attaché-case dans une main, mon Ice Americano dans l'autre et le badge enfilé autour du cou, je tourne ma tête dans tous les sens, espérant un quelconque miracle ou une âme charitable. 

Je vois finalement un ascenseur au-dessus duquel est gravé "département juridique/direction", et c'est donc avec une immense assurance que je monte à bord de la cabine, comme si je travaillais ici depuis cinq grandes et dures années... Mais une question se pose à moi: à quel étage s'arrêter? Etant donné que je bénéficie d'un des postes les plus hauts, ne serait-il pas logique que j'aille au dernier?