This Is Not A Disney -J.JK.

XIX

- J'ai tout fait, s'énerve Yoongi en faisant rouler sa pomme rouge plus loin sur la table d'un geste rageur. Je l'ai menacé, vraiment toutes les menaces possibles, je l'ai blessé, je lui ai proposé de l'argent... Rien! Il veut pas lâcher l'affaire! 

- C'est Park Seo-Joon, tu t'attendais à quoi? Il enquête sur nous depuis maintenant treize ans! déclare Seokjin.

Treize ans? Depuis que Jungkook est arrivé ici?

- On va quand même pas se laisser faire? gronde justement le brun. 

- Je... Je suis un peu dépassé par les évènements, je t'avoue que je ne sais pas trop quoi faire, hésite Nam. 

- On pourrait s'enfuir. 

- Ecoute, petit, c'est mignon mais partout où on ira, il nous suivra. 

- M'appelle pas "petit", fait le brun en boudant, ce qui le décrédibilise.

- Ok, si tu veux. Bon, Kookie, j'ai un dernier plan... Qu'est-ce que vous pensez de s'en prendre à sa nouvelle femme? 

- Pas mal, répond Yoongi. 

- Tu t'en charges, Jungkook?

Le brun me lance un petit coup d'oeil discret puis se retourne vers Nam.

- J'ai déjà mis le feu et tué l'autre gars qui voulait pas coopérer. Je trouve que ça fait déjà beaucoup. 

Une petite bulle de chaleur se forme dans ma poitrine lorsque je me rends compte qu'il a refusé et ce -du moins je crois- parce qu'il sait que je déteste vraiment ce côté de lui.

- Ok, alors Yoongi je compte sur toi. 

- Avec plaisir. 

Tous. Des. Psychopathes. 

                                                                                 ***

Je suis assise en tailleur sur mon lit, enveloppée dans la couverture colorée à lire un livre trouvé dans une bibliothèque alors que Jungkook fait je ne sais trop quoi en se roulant par terre. 

- Tu lis quoi? me demande t-il finalement, l'ennui suintant de ses paroles.

- Hamlet, de Shakespeare. 

- Tu veux pas qu'on fasse un truc?

- Comme quoi?

- Bataille de coussins! ses yeux s'illuminent juste à y penser.

- Comme le dit mon très cher Shakespeare à la ligne quatre-vingt trois de l'acte trois, scène trois: "Non". 

- T'es absolument pas drôle. 

- Tu me l'as déjà dit.

- Alors remets-toi en question. 

- Non, je suis très bien comme je suis. Je dirai oui, que si tu me laisses faire un truc avec tes cheveux.

- Genre quoi?

- Deux petites couettes, je fais en riant. 

Il prend une profonde inspiration tandis que ses paupières sont fermées. 

- Vas-y. Dépêche. 

J'enlève ma couverture de mes épaules d'un geste théâtral puis défais ma queue de cheval afin d'avoir deux élastiques pour lui attacher ses cheveux bruns. Je m'approche de son corps brûlant, dont je sens la chaleur de là où je suis.

- Reste tranquille. 

Je me concentre tellement que mes sourcils se froncent et ma langue sort légèrement à la commissure de mes lèvres. Il rigole lorsqu'il le voit mais ne fait aucun commentaire pour me laisser tranquille. Quand je me recule pour observer mon oeuvre, je ne peux m'empêcher de poser mes mains sur mes joues en criant "c'est trop mignonnnnnnnn" sans m'arrêter. Il gigote sa tête à droite et à gauche, testant l'ergonomie de la chose. 

- Tu trouves ça mignon? me demande t-il dubitatif. 

- Ouiiiiiiiiii! 

J'enlève mes mains de mes joues et les posent sur les siennes en appuyant dessus, ce qui fait ressortir sa bouche fine et rosée.  

- On dirait un petit bébé! 

Je dépose un baiser léger comme une plume sur ses lèvres puis me lève et retourne sous ma couette.

- Hé! s'indigne t-il. T'avais dit bataille de coussins après! 

 Je me tords dans tous les sens pour attraper un de mes coussins et lui balance à la figure puis retourne à ma lecture, assez contente de mon coup. Mais c'est sans attendre la réaction du brun, qui n'apprécie pas la blague. Il prend mon livre des mains et le balance plus loin puis me pousse en arrière. Je rebondis légèrement sur mon matelas en riant et essaie de le repousser pour ne pas qu'il s'approche. Mais lorsque je ris, les forces me manquent et quand il commence à poser ses mains sur ma taille et me chatouiller sans interruption, je perds le peu de force qu'il me reste. 

- A... -rrê... -te.... Jun... -gkook, je hurle en éclatant de rire. 

- Hé! Les jeunes! J'essaie de dormir! crie Yoongi depuis la chambre d'à côté. 

Le brun se redresse et j'y vois là une façon de me venger. Je le pousse à mon tour et bloque son corps contre le matelas en emprisonnant son bassin sous mon corps. Je le chatouille sur les côtes et son éclat de rire est tellement beau que je me stoppe quelques secondes, fascinée. Puis je reprends, voulant l'entendre encore une fois. C'est comme si les étoiles s'alignaient et les portes du paradis s'ouvraient face à moi. Il se tord sous moi, incontrôlable dans ses gestes et ses rires. Il essaie de ne laisser aucun son passer la barrière de ses lèvres, mais c'est peine perdue, il est extrêmement chatouilleux. Je m'arrête après quelques petites minutes et j'allais passer mes jambes par-dessus son corps pour retourner m'assoir normalement sur mon lit, mais il me retient en posant ses mains brûlantes sur mes hanches. Jungkook se redresse, encore un peu essoufflé par notre altercation, et approche son visage du mien. 

- Je te protégerai, peu importe ce qu'il se passe. Je ferai de mon mieux. Je t'achèterai une belle maison, avec un grand jardin.

- Et on pourra adopter un chien? je fais en rentrant dans son délire.

- Quelle race? 

- Un Porémanien! 

- Ok, et on l'appellera Yeontan. 

- Oui! Et il sera adorables avec nos deux enfants! 

- Deux? Un garçon et une fille, alors.

- Oui, c'est sûr. Comment on les appellera?

- Pour le garçon, ça sera Jeongsan. 

- Hm... C'est joli... Ca sonne bien! Pour la fille... 

- Hang-Song. 

- Tu sais que ça veut dire "étoile"? 

- Bah ça va bien avec Astrée, non? 

- Pas faux... Oui, c'est vrai que c'est beau. 

- Ils seront destinés à de grandes choses, pas comme leurs parents.

- De vrais incapables, ces deux-là. 

- Ah mais oui. Jamais vu une chose pareille. 

On se regarde quelques secondes puis on éclate de rire. 

- Je voudrais vivre des choses comme ça tous les jours, me confesse t-il alors que ses oreilles se teintent d'un léger rouge.

- On a tout le temps, Jungkook. 

Le plus beau mensonge que j'avais prononcé jusqu'ici.