Je suis de retour au boulot et les forces commencent à me manquer. Pourtant, j'adore vraiment ce métier, je veux faire ça depuis ma rentrée en seconde, au lycée. Mais j'avoue que l'université ne m'avait pas préparé à toutes ces montagnes de dossier.
J'alterne entre taper sur mon clavier et boire mon café, tout ça sans quitter mon écran des yeux. Taehyung, lui, a fini son travail pour la journée alors qu'il n'est que seize heures... et cet individu n'a pas trouvé mieux que de venir s'installer sur une des chaises face à mon bureau pour me regarder travailler et me narguer. L'arrogant va même jusqu'à poser ses pieds sur la surface en verre de mon bureau, mais je le repousse d'une tapette sur les tibias. Il me lance un regard renfrogné puis retourne jouer à Candy Crush sur son smartphone.
Un coup sourd résonne contre la porte de la pièce, alors je lève les yeux quelques instants histoire de vérifier que ce n'est pas encore un de ces quarantenaires qui m'amène un dossier. Je le jure, si j'en vois encore un, je lui balance les papiers au visage.
Quelle ne fût pas ma surprise de découvrir le directeur appuyé contre l'encadrement de la porte que j'avais laissé ouverte, le bruit m'aide à me concentrer.
- Taehyung, pourriez-vous nous laisser seuls quelques minutes? lui demande doucement l'homme aux cheveux lilas.
- Oui, Monsieur, répond le secrétaire en s'inclinant poliment face au directeur.
Monsieur Park attend que Taehyung quitte les lieux, puis referme la porte derrière ce dernier. Il s'avance ensuite vers mon bureau d'un pas nonchalant et jette des petits regards un peu partout dans mon bureau.
- Il est plutôt pas mal, ce bureau, lâche t-il en m'adressant un sourire.
- Oui, c'est vrai. Je l'aime bien.
Le directeur pose ses mains sur mon bureau, puis se penche légèrement vers moi.
- J'ai besoin de vous pour un dossier important, m'annonce t-il à mi-voix.
- En quoi puis-je vous aider, Monsieur?
- Pas maintenant... Il lâche des petits coups d'oeil nerveux autour de lui.
- ... Quand, alors?
- Que diriez-vous d'en discuter autour d'un bon repas, hm? Monsieur Park plante son regard brun dans le mien ce qui me donne l'étrange impression d'être enfermée dans l'intensité de ses yeux cachés derrière ses lunettes rondes. Est-ce son but?
- P-Pourquoi pas? finis-je par articuler maladroitement. Où ça?
- J'ai entendu parler de ce restaurant... l'Omelas, je crois bien. Absolument tout le monde me dit d'y aller. Je veux voir cela de mes propres yeux! Ca vous va?
- Oui, d'accord, je prie simplement pour qu'il n'y ait pas Monsieur-j'ai-quarante-mille-jobs derrière le comptoir.
- Entendu! Libérez-vous pour vingt heures, Mademoiselle Klein, m'avertit t-il.
- Oui, Monsieur.
Il quitte la pièce, ses mains venant réajuster sa veste de costume sombre.
Comme me l'avait si bien fait remarquer le caissier brun, il fallait que je perde du poids, mais ce n'est pas en allant tous les jours dans ce fichu restaurant que ça allait s'arranger! Un soupir d'abattement s'échappe d'entre mes lèvres tandis que ma tête soudain lourde se laisse aller contre ma main.
Quel était ce dossier si important pour aller jusqu'à en parler à l'abri des regards persistants des employés? Je me le demande et j'ai un pressentiment des plus mauvais. Je ne veux pas qu'on m'embarque dans des histoires délirantes et malhonnêtes.
***
Il est dix-huit heures et je n'en peux plus, il me faut une autre dose de caféine. Je ne tiendrai jamais, sinon. Mes pas se dirigent d'eux-mêmes vers la machine à café près de l'imprimante sans que j'ai besoin de regarder devant moi. C'est donc le nez dans mon mobile que je tapais rageusement contre le clavier un message de pure haine envers Taehyung qui me nargue depuis chez lui, la preuve en image. Il m'envoie des photos de lui devant sa télé, puis de ses pieds fourrés dans des chaussons et enfin d'un paquet de chips posé à la hâte sur sa table basse en verre. Bien, quand est-ce que je le tue, celui-là?
- Excusez-moi, Mademoiselle. vous faites la queue pour la machine à café? me demande une voix masculine en face de moi, ce qui me sort de mes pensées.
Je relève brutalement la tête alors que mon pouce appuie sur le bouton "envoyer", ce qui fait apparaître un magnifique majeur dans ma discussion avec le secrétaire.
Je suis effectivement en plein milieu du couloir aux murs blancs, pile entre la machine à café et l'imprimante. Un homme au visage rayonnant me dévisage dans l'attente d'une réponse.
- Je... Oui, j'allais me prendre un café. Vous en voulez un?
- Avec plaisir! me répond t-il plein d'entrain.
Je lui prépare le café qu'il m'a demandé, puis le lui tends. Pendant que je prépare le mien, l'homme brun me fait la discussion.
- Comment vous vous appelez?
- Astrée Klein, je suis nouvelle. Et vous?
- Jung Hoseok. Je suis dans le secteur de la comptabilité... Mais on ne va pas se le cacher, c'est un peu ennuyeux.
- Mais qu'est-ce que vous faites ici? ris-je. Son département était à l'opposé de celui-ci.
- J'aime bien me balader dans l'entreprise quand je n'ai plus rien à faire. Je ne tiens pas vraiment en place.
- Donc là, vous n'avez plus rien à faire?
- Et non, pauvre de moi...
- Vous en avez de la chance! J'ai des tonnes de dossiers qui m'attendent gentiment sur mon bureau et je dois partir d'ici avant vingt heures!
- Ah~ Je suis désolé. Bon je dois repartir, mon tour quotidien de l'entreprise m'appelle! Ce fut un plaisir, Mademoiselle Klein.
Je lui adresse un signe d'au revoir de la main puis me retourne vers mon café qui était déjà fini depuis quelques instants, maintenant. Je sens mon portable vibrer contre ma cuisse, c'est encore un message de Taehyung. Je reprends ma conversation mouvementée avec lui sur le chemin du retour vers mon bureau.
***
- Mademoiselle? Mademoiselle Klein!
Je me réveille en sursaut, totalement désorientée. Monsieur Park me fait face, un air paniqué accroché au visage. Lorsqu'il me voit ouvrir les yeux, il ne peut s'empêcher de soupirer de soulagement. Il détaille mon visage puis se met à rire de façon mignonne. Je le regarde, mes yeux traduisent mon incompréhension totale de la situation. Je me suis vraiment endormie sur mon bureau?!
- Vous avez une feuille collé à votre joue, m'explique t-il en l'enlevant délicatement.
- Ah... Merci, Monsieur. Quelle heure il est?
- Vingt heures trente... Le dîner tient toujours? me demande t-il de façon hésitante.
- Oui, bien sûr! Je suis morte de faim.
Comme si je voulais le prouver, mon estomac crie famine ce qui fait rire le directeur aux cheveux lilas. Il me fait signe qu'il m'attend dehors alors que je me lève de mon bureau pour aller attraper mes affaires. J'enfile mon manteau et mon attaché-case ainsi que mon sac bien en main, je passe l'encadrement de la porte de mon bureau où m'attend le directeur.
- Prête?
Je lui répond par un signe affirmatif alors il me conduit à pas joyeux jusqu'à sa voiture noire étincelante garée dans le parking souterrain.
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This Is Not A Disney -J.JK.
FanfictionJ'ai aimé cet homme comme Icar a aimé le soleil. Beaucoup trop, et trop proche. Néanmoins, je ne regrettais rien. Il a été la plus belle chose qui me soit arrivée. Tout ce qui nous manquait... c'était du temps.