A l'aide... Quelqu'un... Pourquoi tout est noir ? Pourquoi quand je crie, rien ne sort ? Ce vide me bouffe... Je vais devenir folle... Alors, une lumière s'illumina dans un coin. Y voyant une porte de sortie, je m'y engouffrais, respirant comme si c'était la première fois. C'en fut presque douloureux.
Une main toucha mon visage, alors que l'odeur ferreuse supplanta la sensation d'air frais, me faisant ouvrir les yeux sur du rouge. Violent, agressif, omniprésent. Je commençais à trembler, alors que la main quitta mon visage, tombant lourdement sur le sol carmin.
Du sang, de la sueur et des larmes, j'en était recouverte. Le choc bloqua ma respiration, lorsque je pris pied dans cette réalité, celle écrasante des souvenirs. Sur mes mains, autour de cet être pur, le rouge écarquillait mon regard, tandis que mon souffle écrasait ma poitrine, comme des milliers de masses. J'étouffais en plein air. Je sentais le vent rafraîchir ma peau, sans vouloir accéder à mes poumons.
Son visage souriant, la main que je savais innocente... Tout ça me gifla avec plus de force qu'un ouragan. Tout est de ta faute, semblaient me dire ses yeux presque narquois. Non... Les larmes me piquèrent les prunelles, au moment où je relevait celles ci sur l'ensemble de l'arène, où ne se trouvait plus aucune vie. Du rouge partout... Cinq cadavres éparpillés, dont je ne pouvais pas voir les visages... Non... La foule, les gradins, bien loin du sable ensanglanté où nous étions toutes, qui ne pipait mot, laissant le silence me hurler ma culpabilité. Je me sentais oppressée, par leur regard fixe. Les dents serrées, le corps tremblant, alors que les perles salées tombaient sur mes joues pâles, une douloureuse plainte inaudible se transformant en hurlement déchirant transperça mes cordes vocales, chargé de toute l'horreur que je ressentais. Tout est de ma faute.
Deux bras m'encerclèrent, me tirant vers l'arrière, tandis que mes jambes et mes bras partaient dans tous les sens. Un corps se colla contre mon dos, tandis que des cheveux blancs comme neige apparurent devant mes yeux. Il n'y avait plus de rouge. Juste du blanc... J'hoquetais ma peine, pleurant sur mes erreurs qui ne me lâchaient pas. Une nouvelle prise se fit autour de mes jambes, alors que j'arrêtais de me débattre, mes sens revenant peu à peu à la réalité. On me berçait tendrement, sans que je n'arrive à calmer ma respiration aussi erratique que mon mental était en détresse.
-Sillianne... Chut, tout va bien... C'est fini... C'est juste un cauchemar, chuchota la voix à mon oreille.
-Je vais chercher de l'eau, fit la voix enfantine, près de mes jambes.
Plus de rouge... Que du blanc... Une tâche blanche s'envola dans mon champs de vision, alors que mes yeux remarquèrent enfin les parois d'une caverne. Mon coeur se déchira dans ma poitrine, alors que mes souvenirs se remettaient à leur place...
-Pardon, pardon... Je ne voulais pas les...
-Chut, chut Silly... M'enjoignit Grougal. Je sais que tu ne voulais pas. Elles aussi, j'en suis persuadé.
-Je...
-Tu n'avais pas le choix... Finit-il, à ma place, lorsqu'Adamaï revint avec une gourde d'eau, qu'il me tendit, inquiet.
Je pris le récipient de cuir tanné entre mes mains encore tremblantes avant de boire une gorgée, puis une seconde pour parvenir à calmer ma respiration. Le petit dragon revint se caler contre moi, venant sur mes jambes, la tête contre mon ventre. Que du blanc.
Lazarée, ma jumelle... Keridween, l'aînée de notre fratrie... Athlanta, la benjamine toujours souriante de la famille... Tilly, la dernière que j'ai pu serrer dans mes bras... Orianne, ma jolie danseuse de sœur, capable de charmer le plus venimeux des serpents... Ma sœur si tendre et si protectrice, Myla... Vous me manquez tant... Voilà un millénaire que je suis seule, sans vous, à insulter de toutes mes forces la déesse Mélomane pour ce destin funeste... Je ne pourrais jamais oublier que tout est de ma faute, que c'est moi qui vous ait toutes tuées...
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La malédiction de la Mélomane [Fic Wakfu]
FanfictionLe destin de sept soeurs, c'est elle qui a du l'enclencher, en les séparant. Elle est la dernière de sa famille. Entre folie et tristesse, elle avance un pied devant l'autre, alors que son propre destin la rattrape. Un Eliatrope vint à sa rencontre...