La malédiction de la Mélomane [Fic Wakfu]

Chapitre 5

La confrérie du Tofu. Très sympathique comme nom. La promesse d'être de nouveau réunis. Enfantine, mais attachante idée... Je souris en les voyant faire, avant qu'on ne s'en aille, Adamaï, Yugo et moi, de notre côté. En attendant, les autres allaient faire tout leur possible pour freiner Nox. Nous devions aller jusqu'au tombeau de Grougal, le plus rapidement possible et entraîner Yugo, au passage. 

Nous nous étions posés pour dormir un peu, après avoir volé plusieurs heures. J'avais allumé un feu avec facilité, avec deux silex que je gardais toujours sur moi. Adamaï dormait déjà sereinement, on avait beaucoup avancé aujourd'hui. Yugo mangeait encore un peu, il n'avait pas encore fini, semblant perdu dans ses pensées. Je regardais tranquillement le feu brulant. Mon regard se perdit dedans pendant de longues minutes, avant que la main de Yugo ne se pose sur mon épaule, me ramenant à la réalité dans un long frisson.

- Silly ? 

- O-oui, Yugo ?

- Tu sais où est son dofus ?

- Oui, je l'ai vu l'y poser, il y a bien longtemps. Je suis plus vieille que je ne le montre, effectivement. Fis-je, en souriant un peu amèrement.

-  C'est dur, de vivre des années, bien plus que tout le monde ?

- Un peu, mais on s'y fait... Les Eliatrops aussi vivent très longtemps. C'est pour ça, que tu me poses la question ?

- Oui... 

Je posais ma main sur son épaule, en souriant plus franchement.

- La vie est la vie. D'une minute à l'autre, tout peut changer ! Reste optimiste, ça te va bien mieux que ton petit air triste.

Yugo eut l'air un peu plus rassuré, avant de venir me faire un câlin, me surprenant. Je mis quelques secondes à lui rendre son étreinte.

- Tu restera avec moi, si...

- Je serais toujours là, Yugo, je te le promets. Jusqu'à ce que tu n'ai plus besoin de moi...

- Merci, Silly...

Je le repoussais doucement, en lui souriant tendrement. Il était attachant ce gosse... Si ma Malédiction n'existait pas, je serais tellement heureuse...

- Allez, va dormir... Il faut que tu te reposes. Demain, on continuera encore à marcher.

- D'accord. Tarde pas non plus, alors...

- Ne t'en fais pas pour moi. 

Yugo partit donc contre son frère dragon, et s'endormit presque directement. Les larmes me vinrent alors aux yeux. C'était qu'un enfant, Silly... J'avais pas le choix. La dure réalité est bien trop cruelle pour que je sois en capacité de la lui montrer...

- Si seulement, je pouvais croire en mes promesses... Pardon, Yugo, de te mentir...

La nuit finit par s'éteindre au profit du jour, sans que je n'eusses dormi, tant j'avais été triste. Lorsque les deux enfants émergèrent, je remis mon masque de pensées positives pour ne pas alerter leurs consciences. Le petit déjeuner avalé, nous reprîmes la marche vers notre destination. Nous avions déjà fait la moitié du chemin, aux bout de quatre longues heures, grâce aux ailes du dragonnet. C'était pratique de voler, quand même.

- Nous voici à l'endroit le plus intéressant à mon humble avis... Fis-je, un petit sourire aux lèvres.

- Hey, Silly ? M'interpella Adamaï. Tu crois qu'on pourrait entraîner Yugo, ici ?

- Que tu pourra entraîner Yugo, oui.

- Mais...

- Je pense que son frère-dragon sera plus pédagogue que moi... Rappelle-toi comment je t'ai appris à voler...

Adamaï frissonna à se souvenir. Yugo le regarda curieusement, tandis que mon sourire se fit amusé, et peut-être un poil sadique.

- A ce point ?

- Elle m'a jeté du point le plus haut de l'île... Elle m'a fait ça jusqu'à ce que j'arrive à voler avant de toucher le sol.

Yugo eut une petite grimace, en posant sa main sur l'épaule de son frère en soutien. Au moins, aucun des deux ne me demandera de leur apprendre quelque chose, à moins d'être masochiste.

- Barf, je savais que tu n'en mourrais pas, les dragons sont solides. Ris-je, gentiment. Bref, Adamaï, je te laisse faire. Je vais essayer de dérouiller mes propres facultés...

- Tu nous rejoins, de l'autre côté ? Fit innocemment le dragon, essayant de me faire rentrer dans son petit jeu de compétition.

- Je vais vous y attendre, oui.

Sur ce, je sautais dans les innombrables crevasses de l'espèce de canyon, dans ce désert. Toujours aussi chaud que dans mon souvenir, tiens... Je soupirais avant de tester ma vitesse et mes réflexes. Depuis le temps, valait mieux réactiver mes connaissances sur ma puissance... Je pris une profonde inspiration, avant de partir tout en expiant lentement, comme une balle. Je fus surprise de n'avoir rien perdu sur la vitesse, je sentis même que je pouvais encore augmenter de vitesse, ce que je fis avec plaisir, voyant voir ma limite. Le vent me faisait du bien, devenant encore plus froid au fur et à mesure que ma vitesse augmentait. Je crus voir pendant un instant l'ombre d'une silhouette courant derrière moi. Jetant un regard, j'écarquillais les yeux en voyant Lamy, me souriant... Quoi ...? Essayant de suivre ce simulacre de ma sœur, je ne fis pas attention à l'enchevêtrement des couloirs, pour finalement me prendre une paroi, en prenant un détour inexistant d'une crevasse.

- Aie...

Finalement, allongée sur le sol, en me tenant le crane des mains, je ne pus m'empêcher de rire, devant ma propre bêtise... Mes sœurs n'appartenaient plus à ce monde. Oui, c'était un rire bien froid et jaune, que quiconque aurait entendu ne s'en serait jamais remis, sans doute. Lorsque je sortis de ces crevasses, je me posais à l'ombre d'un rocher, pour éviter de cramer sous le soleil de plomb, même lorsqu'il se couchait, huit bonnes heures plus tard. Les garçons n'étaient pas encore là, j'en conclus alors qu'ils n'étaient pas encore sorti. Adamaï va râler, encore. Il n'aimait pas perdre, ce petit dragon...