La malédiction de la Mélomane [Fic Wakfu]

Chapitre 7

Vingt minutes. C'était le temps où j'étais partie. Pourtant, lorsque je revins c'est pour voir le gardien à deux doigts d'aplatir Yugo comme une crêpe.

- Vous avez osé souiller le rocher sacré ! Vous allez...

- Oï ! Gardien, tu veux pas te calmer, deux minutes ? Tu me donnes mal au crâne... L'interrompis-je, dans sa lancée.

- Dame Sillianne ?

- Je t'ai déjà dit de ne pas me nommer, ainsi...

- Je ne le pourrais jamais, Madame. Une si grande amie du dragon ne peut être appelée autrement, voyons...

Je soupirais doucement de lassitude.

- Yugo, Adamaï... Je vous présente le Gardien du Dofus de Grougal...

Après quelques courbettes inutiles, il nous invita à venir manger avant de nous demander pourquoi nous nous trouvions ici. Et d'exploser.

- Il en est hors de question !

- Mais puisqu'on vous dit que Adamaï est un dragon ! S'exclama Yugo à bout.

- Mes yeux ne trompent pas ! Tu as cru pouvoir me duper avec ce Tofu savant, mais c'était naïf.

Je soupirais. Récupérant le dragonnet-Tofu des mains d'un des petits enfants du Gardien, je me levais doucement.

- Gardien. Vas-tu m'accuser de m'être fourvoyer sur leurs propos ? Vraiment ?

- C'est-à-dire que... Je... Excusez-moi, Dame Sillianne...

Je rouspétais dans ma barbe inexistante en entendant l'appellation. Quelle galère...

- Bien. Maintenant, tu vas conduire Yugo dans le temple, veux-tu ? Grougal, lui-même, nous a missionné, tous les trois. Je te prierais aussi de ne plus insulter celui que je considère comme un petit frère, merci. Il est un dragon. As-tu une mémoire qui serait capable d'oublier que les dragons peuvent changer de forme, autant qu'ils leur plaisent ?

- Je... Bien.

- Après le repas, cela te convient-il ?

- Comme cela vous plaira, Madame.

Je fis donc signe à Yugo de finir son fruit tandis que je gardais Adamaï sur l'épaule. J'avais oublié à quel point les gardiens étaient agaçants... J'avais le sentiment que seul Yugo pourrait arriver à prendre le Dofus, puis peut-être avais-je envie de tester sa force... Je savais que le sous-estimer pouvait s'avérer dangereux, néanmoins, lorsque je le voyais, bien que le Wakfu irradier de ses paumes, je ne voyais qu'un enfant... Adamaï prit alors la décision de suivre les deux enfants et je le laissais faire, restant dans mes pensées, à la fenêtre de la maison Troglodyte.

—

- Grougal ? Pourquoi tu m'emmènes ici ?

- Parce que beaucoup de choses sont importantes, et cet endroit l'est aussi. Connaissant ta faculté à oublier toutes notions de géographie, je doute que tu te souviennes du chemin, mais je veux que tu te souviennes de la puissance de cet endroit, ma grande.

Le dragon était sous forme humaine, aujourd'hui. Comme les derniers jours, d'ailleurs, tout le long du trajet de leur atterrissage sur le continent jusque ce lieu. Oui, l'atmosphère était familière. Elle se sentait comme dans le souterrain où ils vivaient tous les deux.

- C'est ton aura que je ressens ? Non ! C'est diffèrent...

- Oui, c'est mon Dofus...

- Je vois...

Devant elle se dressait une tour longiligne, ornée de la tête d'un dragon.

—

Déjà quinze ans... Le temps passe si vite. Je vis alors Yugo revenir l'œuf entre les mains, suivi un peu plus loin de mon petit-frère, un tantinet paniqué, à la vue d'un... C'était pas le chien-chien de la dernière fois... ? Bon sang... J'avais encore rêvassé trop longtemps... Ca devenait une sacrée mauvaise habitude... Et un symptôme confirmant que le temps était compté... L'Eliatrop me tendit le Dofus, en arrivant devant moi.

- Tiens.

- Ah ! Pourquoi ... ? Fis-je, étonnée.

- Tout simplement, parce que Grougal, c'était comme ton père, non ?

Je souris en posant une main sur le haut de son crâne. Il me regardait toujours avec son joli sourire, avant que j'attrape le Dofus d'une main. D'un mélange de brun et de couleur sable, il donnait un air chaleureux à l'ensemble. Je le rangeais donc délicatement dans un sac que me prêta le Gardien.

- Merci, les garçons. Ça me touche que vous pensiez à moi.

- C'est normal ! Tu es notre amie ! Sourit l'enfant, en se frottant le bout du nez.

Peu de temps après, on prit notre envol, direction le royaume Sadida. Lorsque l'on arriva en vue du royaume, tous les deux perchés sur le dos d'Adamaï, qui semblait peiné plus que d'habitude, je lui dis de prendre une pause. Yugo avait beau avoir hâte de revoir les autres, il accepta de laisser le temps à son dragon de frère de reprendre des forces. Quelle insouciance enfantine... Pourvu que Nox n'ait pas eu le temps de monter une nouvelle attaque grandiloquente... 

Deux petites heures plus tard, nous avions repris notre route, arrivant au niveau des sentinelles du royaume Sadida. En nous voyant, les sentinelles se mirent à nous tirer dessus, en donnant l'alerte. Dans l'incompréhension, nous n'agîmes pas immédiatement, une flèche m'écorcha alors la joue.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe ?

- Hé ! Mais on est des amis ! S'indigna le brun, tandis que je le ramenais vers moi, en m'accrochant fermement à mon petit frère.

Adamaï plongea, pour éviter les flèches de lumière des soldats Crâ. Les flèches se mirent ensuite à exploser tout autour de nous. Jamais tranquille... Cette agitation commençait à me taper sur le système...