Imaginarium tome 2 : Sombre Dessein Terminé

4- Une lueur de désespoir

Chaque année, depuis le début de leurs traditions, les amis se réunissent dans la rue pour une virée nocturne. Effrayant les passants et se racontant des histoires d'horreur jusque tard dans la nuit. Pendant plusieurs années, les adultes les accompagnaient encore, mais cela ne fait que la deuxième saison qu'ils gambadent sans surveillance.

Tous s'acclament en levant leurs torches avec joie une fois que Sophia les rejoint après avoir déposé les clés à sa mère qui profite grandement de l'hospitalité des voisins. Sur le chemin, chacun est animé d'une discussion quasi entre couples. Arnaud et Élise expliquent les biens fondés de cette petite tradition. Ils sont étonnés quand ils se font assaillir de questions par la louve. Mehdi et Léane se tiennent main dans la main, balançant leurs bras joyeusement. Antoine, quant à lui, taquine Gabriel, qui ne se laisse pas démonter devant son charme.

Sophia les regarde tour à tour plus en retrait d'eux, sa lanterne se balançant en éclairant faiblement le chemin. Draguir ferme la marche derrière elle, scrutant les alentours telle une sentinelle.

— Tu sais qu'il te dévore des yeux, indique Antoine en se reculant vers Sophia.

— De qui parles-tu ?

— Le gars que ta famille à invité, déclare-t-il soucieux, je l'ai observé toute la soirée et il ne t'a pas lâché du regard. Un peu comme un possessif jaloux surveillant sa proie.

— Cela ne me surprend pas de lui, lorgne-t-elle en direction de Draguir qui la scrute avec son regard étincelant.

Elle se détourne et regarde devant elle en ressentant un frisson, écoutant à moitié ce que son ami dit :

— J'aimerais tellement qu'un homme me regarde comme ça moi, continue-t-il, il semble d'en pincer pour toi... En plus, c'est un beau brun ténébreux... Tu penses qu'il a une copine... Ou un copain... Dis, c'est peut-être une âme solitaire...

Sophia lève les yeux d'exaspération, étouffant un long soupir face au moulin à parole de son ami. Elle remarque que les étoiles scintillantes de la nuit se font recouvrir par les nuages. Un léger picotement se ressent dans son poignet quand ils franchissent la lisière de la forêt pour se rendre au kiosque proche du vieux moulin. Sophia indique à ses compagnons d'avancer, prétextant le lacet de sa botte à refaire.

Elle attend patiemment que les lanternes indiquant leurs positions soient assez loin pour remonter sa manche et retirer le gantelet de son bras droit. À la faible lueur de sa lanterne, elle scrute Evy de sa couleur terne. Elle a sûrement rêvé quand elle a ressenti le picotement, mais en le regardant plus précisément, elle remarque que ses yeux émeraude sont grands ouverts vers l'îlot.

Sophia oriente sa tête dans la même direction et remarque deux points verts. Elle s'avance pour distinguer la chose tapie dans l'ombre, quand une main se pose sur son épaule, lui laissant échapper un cri strident faisant écho dans le bois.

Elle se retourne en découvrant Draguir tandis que ses amis sont hilares de la situation. Gabriel et Leah sourient en répondant aux rires des amis de la demoiselle, mais la regardent avec un air sérieux à la limite de l'inquiétude.

— Reviens avec nous, ordonne sèchement Draguir.

— Je suis là, c'est bon, déclare-t-elle en le repoussant.

— Justement, non ! Tu étais comme hypnotisé et tu te dirigeais tout droit vers l'eau, peste-t-il entre ses dents.

Elle s'arrête et se tourne vers lui, ne comprenant pas ses paroles. Leah profite de ce moment pour détourner l'attention des amis de la demoiselle en les ramenant au kiosque, alors que les deux fauconniers se tiennent côte à côte, les bras croisés sur leurs torses, en l'observant comme une bête curieuse.