Chapitre 8

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Après s'être échangés leur numéro de téléphone, chacun repartit de son côté, un sourire figé aux lèvres et le ventre rempli d'une infinité de papillons. Lorsque Adel arriva enfin chez elle, il était 22h passé et ses grands-parents attendaient sur le porche, sourcils froncés et bras croisés.

–  Adel ! Tu es enfin là ! S'exclama sa grand-mère en se précipitant pour prendre sa petite-fille dans ses bras.

–  Je suis sincèrement désolée, il y a eut un imprévu. Dit Adel en lui rendant son étreinte.

–  Comment ça, un imprévu ? Demanda Marius d'une voix sévère.

–  Il t'aies arrivé quelque chose ? Tu as eu un accident ? L'interrompit sa femme d'une voix tremblante.

Ida prit vivement le visage de sa petite fille dans ses mains pour l'examiner, tournant sa tête dans tous les sens.

–  Non non, ne vous inquiétez pas ! Les rassura-t-elle.

–  Ouf ! Soupirèrent-ils de soulagement en cœur.

–  Enfin si...

–  Quoi ? Crièrent-ils à nouveau à l'unisson, yeux écarquillés.

–  J'ai fait un malaise sur le parking du supermarché...

–  Tu as quoi ? Demanda Ida affolée.

La vieille femme se sentit perdre pied alors que son mari la retenait en agrippant ses épaules. Toute tremblante et son cœur battant avec fureur, elle se crut au bord de la syncope.

–  Mais tout va bien, un garçon m'a rattrapée avant que je tombe et m'a aidée à reprendre mes esprits. Expliqua Adel en voyant le visage de ses grands-parents pâlirent.

–  Tu aurais pu te faire très mal ma douce, la sermonna Ida, heureusement qu'il était là.

–  Oui, j'ai eu de la chance. Dit Adel tandis que son sourire béat revint s'afficher sur son visage qui commençait à rougir.

–  Ce jeune homme a l'air de te plaire à ce que je vois. La taquina le vieil homme en ricanant tout en chatouillant ses côtes.

–  Quoi ? Non pas du tout ! S'exclama-t-elle surprise par la remarque de son grand-père, le visage en feu par l'embarras.

–  Oh ne nous ment pas jeune fille, on lit sur ton visage comme dans un livre ouvert !

–  Allez, arrête de l'embêter Marius et venez manger ! Intervint sa grand-mère en fouettant doucement le visage de son mari avec le torchon qu'elle tenait dans ses mains.

Ils retrouvèrent la chaleur de la maison et se mirent à table, leurs narines enivrées par l'odeur des lasagnes aux légumes. Alors qu'Adel, absorbée par ce qu'il y avait dans son assiette, savourait chaque bouchée, elle se rappela soudain qu'elle avait oublié d'acheter le beurre, le lait et les pommes que sa grand-mère lui avait demandé. Elle releva brusquement la tête.

–  Je suis désolé mamie ! Avec tous ces événements, j'ai complètement oublié de faire les commissions ! S'écria-t-elle honteuse.

–  Ce n'est pas grave ma douce, ne t'inquiète pas pour ça. C'est sûr que quand tu rencontres un beau garçon, tu as autre chose à faire que de faire les courses dit-elle en riant, les yeux pétillants de malice.

Adel sentit ses joues s'enflammer de nouveau face aux regards aguicheurs de ses grands-parents qui la dévisageaient. Elle ne pouvait rien leur cacher. Peut-être qu'à un âge avancé, on devenait une sorte de voyant, pensa-t-elle, une mine songeuse sur le visage.

Une fois le repas terminé, la jeune femme regagna sa chambre et se laissa tomber lourdement sur son lit moelleux, s'enfonçant dans le matelas et la couette molletonnée. Elle se mit à s'esclaffer, le cœur donnant le tempo à la mélodie de son rire.


Andreas, lui, savait ce qui l'attendait chez lui, mais pour rien au monde son sourire ne s'effacerait. Seul, dans la rue éclairée par des dizaines de lampadaires, il se sentait puissant et capable de l'impossible. C'est donc avec entrain qu'il passa le pas de la porte et découvrit ses parents dans le salon.

–  Hey, désolé de rentrer si tard, il y a eut un imprévu. Je n'ai pas pu faire les courses. dit-il avant qu'un de ses parents ne puissent dire quoique ce soit, Et je n'étais pas entrain de traîner dans des rues malfamées. Si vous voulez vraiment savoir, j'aidais une fille dans le besoin. Elle était vraiment belle, rajouta-t-il.

Ses parents, subjugués par le sourire et l'assurance de leur fils,restèrent muets. Andreas, serein, réchauffa des restes puis partit manger dans sa chambre, laissant ses parents toujours bouche bée. Le jeune homme était heureux et rien ne pouvait éteindre ce sentiment, pas même son père.


Tandis qu'Adel somnolait et que ses yeux se fermaient doucement, une pensée lui traversa l'esprit, la réveillant brusquement. La jeune femme réalisa qu'elle avait toujours sur elle le sweat d'Andreas. Elle se sentit alors gênée d'être partit avec. Après un instant de cogitation dans son cerveau, elle ne put résister et s'empressa de respirer l'odeur du vêtement. Il sentait le vent marin et une autre odeur inconnue qui était probablement celle d'Andreas. Elle se leva précipitamment du lit en trébuchant sur ses chaussures, vida en vitesse son sac afin de trouver son téléphone dans le tas que formait ses affaires, puis se jeta sur son lit, pour la seconde fois, faisant craquer les lattes du sommier.

«Hey, dsl j'ai gardé ton sweat ^^ »

Le téléphone contre son cœur, Adel attendit quelques secondes puis l'appareil vibra produisant une secousse dans son corps. Elle se précipita alors de lire le message :

«Hey, c'est pas grave tkt , on a maintenant une raison pour se revoir ; ) »

Son sourire s'élargit et elle se tortilla sur son lit, tapant frénétiquement des pieds, avant de répondre :

«Quand tu veux, où tu veux :D »

«Demain, 10h, sur la place de la ville, ça te va ? »

«Parfait ! »

«Cool : ) à demain alors, dors bien »

«Merci, toi aussi »

Tandis qu'Adel s'endormit, un sourire rêveur aux lèvres, emmitouflée dans le sweat d'Andreas et bercée par les battements d'ailes des papillons dans le creux de son estomac, le jeune homme, euphorique,sauta comme un fou dans sa chambre tout en poussant des cris silencieux. Il se jeta sur son lit et s'endormit à son tour, le beau visage d'Adel gravé sous ses paupières.


Seule la lune, éternelle spectatrice silencieuse, vit le bonheur des deux adolescents, alors que tous sombraient dans un sommeil profond. 


Sleep with the fishesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant