Chapitre 23

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Un silence lourd régnait dans le van. Seuls les grincements joyeux du combi contrastaient avec la morosité oppressante de l'atmosphère. Le ciel, coloré de teintes orange, accueillait le soleil rougeoyant dans sa mer de nuages roses mais n'arrivait pas à illuminer les visages tristes d'Andreas et d'Adel.

La jeune femme, visage collé contre la vitre, contemplait pensivement le paysage flou. De la musique, emplie de mélancolie, s'insinuait dans ses tympans, faisant vibrer toutes les parcelles de son corps. Son cœur battait tristement au rythme des airs de spleen qui résonnaient dans ses oreilles. Coupée du monde, elle était isolée dans son mutisme et ses pensées. Elle lui en voulait. Pourtant, elle n'arrivait pas à éprouver de la colère envers Andreas.

Lui, fixait la route de béton. Ses yeux azur étaient bouffis, gonflés par trop de larmes déversées. Depuis l'incident, un froid glacial, tel une muraille, les séparaient. Le jeune homme n'avait pas fermé l'œil de la nuit. A chaque fois qu'il tentait de fermer ses paupières, les images pleines de violences de la scène apparaissaient brutalement dans son esprit tourmenté. Une peur bleue, blottie dans le creux de son ventre emplissait son corps d'effroi. Il avait peur de lui-même.

Au petit matin, le petit groupe avait laissé derrière eux, la belle ville de Grenade, illuminé de rouge à l'aurore, ainsi que le regard doré de Juan. Pourtant, celui-ci persistait dans leurs pensées, hantant les cœurs écorchés des amoureux.

– T'as merdé gamin.

Andreas releva son visage bouleversé. Ses prunelles ternies de remords se posèrent sur le visage calme et sérieux de son oncle. Le jeune homme sentit les larmes emplir à nouveau ses yeux de sels :

– Je suis qu'un minable, bredouilla-t-il.

– Oui c'est sûr tu n'es qu'un idiot, le sermonna Humphrey en fronçant ses sourcils broussailleux, je ne t'ai jamais appris à te comporter de cette manière.

– Désolé...si tu savais comme je regrette.

– Écoute mon garçon, dans ces moments-là il ne faut pas se lamenter lâchement sur son sort, non, il faut arranger les choses, se battre pour rattraper tes erreurs.

Andreas essuya d'un revers de manche les larmes qui striés ses joues rougies.

– Je comprends le sentiment qui t'as envahi. Je l'ai déjà ressenti. Tout le monde l'a ressenti un jour. On appelle ça de la jalousie. Ce sentiment néfaste nous met dans tous nos états, nous contrôle. La jalousie est terriblement dangereuse, car elle te blesse autant qu'elle blesse l'autre.

Le jeune homme avait le souffle coupé, incapable de prononcer le moindre mot. Les paroles de vérité qui sortaient de la bouche de son oncle le touchait en plein cœur, décrivant le sentiment qui avait assiégé la supernova logée dans sa poitrine.

– Rien n'arrête la jalousie, elle est cruelle et avide de cœur tourmenté. Dans ta vie, tu la rencontreras de nombreuses fois, mais sache qu'il faut tout faire pour lui résister et l'empêcher d'atteindre ton cœur.

Des larmes silencieuses dégringolèrent à nouveau sur son visage. Andreas se sentait plus léger, libéré du poids de la jalousie, comme si celle-ci s'était envolée.

– Fiston, désormais, si tu aimes vraiment cette jeune fille, bats-toi corps et âme pour rattraper ton erreur.

Humphrey tourna son visage vers celui du jeune homme et esquissa un sourire encourageant.

– Merci, murmura-t-il.

– Allez, ne t'en fais pas, ça va s'arranger, le rassura son oncle en étreignant son genou de sa grosse main.

Sleep with the fishesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant