Chapitre 6

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Une fois rassasiés, Damiano n'avait qu'une seule envie, enlever toute la transpiration qui recouvrait son corps.

– Mec, allons à la plage nous rafraîchir ! J'ai beaucoup trop chaud et j'en peux plus de suer comme un porc. Dit-il en passant son bras sur son front constellé de gouttes de sueur.

– Tu ne veux pas plutôt qu'on prenne une douche ? Demanda-t-il.

 Malgré la transpiration qui collait ses vêtements contre sa peau, son ami  ne semblait pas avoir chaud.

– S'il te plaît, Andreas ! Le coupa son meilleur ami en faisant une moue suppliante.

– Ok, soupira le jeune homme.

Arrivés à la plage, Damiano retira avec précipitation son haut et ses chaussures, les jetant sur le sable, puis partit en courant et sauta dans l'eau, éclaboussant ceux qui avaient le malheur de se trouver à cet endroit. Puis, il s'éloigna du large et partit nager dans les eaux profondes. Andreas, lui, rassembla en tas leurs affaires avant de se rendre aux douches publiques. Son corps était suintant et la chaleur l'étouffait. Damiano avait raison, il ne pouvait pas attendre d'être rentrer chez lui. Après avoir patienté dans la queue, ce fut enfin à son tour. Avec empressement, il appuya sur le pressoir et l'eau froide tomba sur lui, coulant tout le long de son corps, éteignant le feu qui le brûlait. Il resta un moment à laisser l'eau glaciale dégouliner sur sa peau, savourant sa froideur qui dissipait la chaleur. Alors qu'il allait partir, Andreas se retourna et tomba nez à nez avec une jeune femme d'à peu près son âge. Ses cheveux trempés, collés à son visage, ruisselaient sur ses fines épaules. Des centaines de taches de rousseur décoraient ses joues et son nez. Ses yeux émeraudes étaient fixés au sien. Tandis que l'eau coulait toujours sur Andreas, il fut incapable de bouger captivé par le regard de l'inconnue.

Adel était dans le même état, pétrifiée et incapable de détourner son regard des iris azur du jeune homme. Des gouttes aplatissaient les cheveux de l'inconnu sur son front et gouttaient de son nez et de son menton. Ils eurent l'impression qu'ils se regardaient depuis une éternité, alors que seulement quelques secondes avaient passées. Elles avaient suffi à faire impatienter les gens qui attendaient leur tour. Alors, des voix se mirent à râler, interrompant cet instant si particulier.

– Bon les jeunes, vous bougez de là, on attend nous ! Grogna un homme à la carrure imposante.

Tous deux reposèrent leur attention sur cet homme. Lorsqu'ils réalisèrent qu'ils étaient depuis tout à l'heure sous les douches qui ne coulaient plus, un rouge d'embarras surgit sur leurs joues. Ils murmurèrent de plates excuses, puis sortir rapidement des douches publiques. De nouveau sur le sable, leurs prunelles se replongèrent dans celles de l'autre, mais aucun mot ne réussit à sortir de leur bouche. Voyant que cela devenait gênant, Andreas ouvrit la bouche s'apprêtant à dire quelque chose, mais la jeune femme lui sourit avant de se retourner et de partir rejoindre sa serviette. Le jeune homme resta planté là, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés par la surprise. L'inconnue était la jeune femme qui dansait au bord de la mer hier soir. Un léger sourire s'afficha sur son visage trempé, tandis qu'il contemplait l'inconnue. La douche avait refroidit son corps bouillant mais une flamme de chaleur se raviva en un instant dans son cœur.

Alors qu'elle regagna sa serviette, son sourire s'élargit encore plus. Adel avait reconnu la lueur de mélancolie dans les yeux de cet inconnu. Il était le jeune homme d'hier soir. Elle se laissa tomber sur sa serviette, le cœur battant la chamade et le rouge aux joues. Ses paupières se fermèrent et les iris bleues de l'inconnu réapparurent.

Un regard, seulement un regard avait suffi à faire germer dans le cœur d'Andreas et d'Adel une petite graine d'amour. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme. Si ce proverbe est vrai, alors ils avaient chacun découvert l'âme de l'autre rien qu'en contemplant ses yeux, dans un silence complet et sans un mot.

– Hey mec, je t'ai pas trop manqué ! S'écria Damiano qui  surgit si brusquement face à lui, qu'Andreas en sursauta de frayeur

– Putain tu m'as fait peur ! S'exclama le jeune homme en s'écartant de Damiano et de ses cheveux  dégoulinants qui, aplatis, tombaient sur ses épaules.

Ce dernier secoua ses cheveux trempant son ami. Lorsqu'il releva la tête, sa coupe afro avait reprit forme.

– Mec t'abuses ! Tu pouvais pas prendre une serviette pour t'essuyer, comme le font les gens normaux ? S'écria Andreas en passant sa main sur son visage mouillé.

– Alors ? T'as trouvé l'amour de ta vie pendant mon absence ? L'interrogea son meilleur ami, en lui donnant des coups de coudes tout en faisant une danse des sourcils.

Andreas rit au fond de lui en pensant : « s'il savait ». 

– J'ai rencontré un monsieur barbu ronchon, il m'a engueulé parce que je mettais trop de temps à la douche. Il était beau comme un dieu, je crois que c'est mon âme sœur plaisanta-t-il, en lui cachant la vérité.

– Ah-ah très drôle ! Répliqua Damiano, à moitié déçu.

Les deux amis restèrent un long moment, assit sur le sable à se lancer des piques et à rire aux éclats, pendant que les rayons du soleil séchaient leur peau. Puis, ils se rhabillèrent et repartirent arpenter les rues de la ville, sans aucun but particulier. Debout sur son skate et perdu dans ses pensées, Andreas revoyait les beaux yeux verts de la jeune femme, un sourire béat  sur son visage. 

Sleep with the fishesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant