Douche Froide [EN PAUSE]

Chapitre 17

Je n'avais pas pu me concentrer pendant toute l'évaluation me demandant toujours s'il me regardait ou pas. Parfois, je sentais son regard sur moi et devais me faire violence pour ne pas me retourner. Je crois bien avoir raté mon ds..

Je rendis mon devoir une quinzaine de minutes avant la fin, j'avais terminé une demi-heure plus tôt, mais je ne voulais pas qu'on croie que j'avais bâclé. Ce qui était le cas.

Je n'avais jamais été une prodige en langues, mais j'arrivais à me débrouiller et à faire des phrases à peu près compréhensibles. J'avais toujours eu la moyenne dans toutes les matières, c'était une notion que j'avais acquise au fil de l'âge : travaille partout, on sait jamais où la vie t'amènera (même en sport, quand on faisait lutte ou acrogym).

Je récupérai ensuite mes affaires et glissai à Lucas que je l'attendais dehors. Le portail du lycée ne s'ouvrait que dix minutes avant chaque sonnerie, alors j'attendis. Dans l'enceinte de l'établissement, nous n'avions pas le droit d'utiliser nos téléphones sous peine de le voir être confisqué jusqu'à la fin de la semaine. C'était très strict ici même si personne ne suivait la règle, et la plupart d'entre eux se trouvait alors sans portable en quelques minutes.

Les couloirs paraissaient déserts, mais je ne me risquai pas à sortir mon téléphone. Je regrettai un peu d'avoir quitté la salle, j'aurai pu rentabiliser un minimum du temps que j'étais en train de perdre.. Non. Je n'aurais rien pu tirer de ce maudit sujet sur l'immigration, et puis, maintenant au moins, je n'étais plus obsédée par les possibles regards de Lucas.

J'attendis encore quelques minutes avant qu'une surveillante arrive et ouvre la porte. Je sortis et pris une minute pour regarder mon téléphone et ré-activer les notifications. Après avoir pris connaissance de celles importantes, je le rangeai et attendis encore.

Mon camarade arriva assez rapidement et me demanda si je croyais avoir réussi le contrôle.

- Honnêtement, moi et les langues, c'est pas une grande histoire d'amour, répondis-je.

- Oui, moi aussi. C'est pour ça que j'ai pas pris la spécialité Anglais contrairement à la plupart des personnes qui veulent aller en éco.

- Tu t'en es sorti toi ?

- Oui, ça allait. L'espagnol, c'est plus facile que l'anglais alors, je me débrouille.

Nous arrivâmes devant la voiture. J'ouvris la portière et entrai à l'intérieur.

- Tu viens ce soir, du coup ? demanda-t-il en s'installant à mes côtés.

- Oui, euh, si ça te dérange pas, je me disais que je pouvais venir plus tôt..

- Pas de problème, répondit-il en démarrant le moteur. Vers quelle heure ?

- J'ai pensé qu'on pourrait aller chez toi maintenant, j'ai mes affaires de maths dans mon sac et quand on aura fini, j'irai prendre des vêtements et une serviette.

- Ouais d'accord. Ma mère est en RTT aujourd'hui aussi donc elle sera là normalement.

- Super, ça fait un moment que je l'ai pas vu..

Il démarra la voiture et s'avança jusqu'à la route tout en me parlant de sa mère et de sa manie à cuisiner tout et n'importe quoi à chaque fois qu'elle était en congé.

- En plus, comme elle ne sait pas quoi faire, elle astique tous les recoins de la maison. Elle fait les courses et du shopping pour moi et mon père.

- C'est super, pourquoi tu te plains ?

- Si seulement les vêtements me plaisaient.. Je crois qu'elle fait exprès pour devoir les ramener le lendemain au magasin et en acheter des nouvelles.

Je ris tandis que mon voisin poursuivait son discours :

- Non mais franchement, ma mère ne devrait pas avoir autant de congés ! Elle est fonctionnaire donc elle en a plus que certains parents, mais sérieusement, elle devrait avoir que les vacances. Vivement la fin !

- Et ton père ? le questionnai-je.

- Mon père ne prend jamais de congés en même temps qu'elle, à part pour les voyages. Il la supporte pas, elle est trop hyperactive..

- Tes parents sont toujours chefs du service chirurgie ?

- Oui, ma mère du service neurochirurgie et mon père de la chirurgie thoracique et cardiovasculaire.

- Et le directeur de l'hôpital a décidé de son successeur ?

- Non, il l'annoncera l'année prochaine.

Les parents de Lucas, deux chirurgiens très talentueux, s'étaient rencontrés dans cet hôpital quand ils n'étaient qu'internes. Maintenant, après avoir gravi les échelons dans leur propre domaine, la place de directeur de l'établissement se décidait entre le couple ainsi qu'un autre chirurgien.

Alors que son niveau social s'éloignait du mien, il se rapprochait petit à petit de celui de Jade. Fille de deux cadres de l'entreprise, dans laquelle mon père travaillait, elle paraissait de loin être le meilleur parti pour Lucas. Je fermai les yeux, m'exaspérant de penser à de telles choses. Comme si déduire quelle sera la future femme de mon voisin m'intéresser !

- Et ton père ? demanda ce dernier. Tu me disais qu'il avait reçu une promotion..

- Lui, il est plus que ravi d'avoir sa promotion et de pouvoir travailler plus, ça lui donne des excuses pour ne pas m'adresser la parole.. Il est devenu chef de projet, dis-je finalement, le coupant avant qu'il puisse répondre.

Il y eut un silence, Lucas ne savait pas quoi dire après ma remarque.

- Je voulais savoir, commença-t-il. Pour le testament de ta mère..

- Ah, ça ! Elle n'en a pas fait, du coup, tout revient à mon père jusqu'à mes 18 ans où je toucherai le compte bancaire de ma mère. Vu que je suis mineure, c'est mon père qui était décisionnaire et il a décidé avec l'accord du juge que ma part, me reviendrait à ma majorité.

- Ah ouais, ok. Et tu sais quelle est ta part ?

- J'ai les trois-quart de ses biens : vêtements, bijoux, argent. Je ne compte certainement pas tout garder, je ferai des dons, à gauche/à droite.. Et pour l'argent, je l'utiliserai pour les études.

- Tu comptes aller vers où pour les études ?

- Je sais pas encore.. Je sais même pas dans quelle branche je veux travailler.. Et toi ?

- Il y a une superbe fac de commerce à une ou deux heures d'ici, j'aimerai bien y entrer pour travailler dans l'import-export.

- C'est super, comme projet.

- Merci, j'espère que ça marchera.. Bon, on est arrivés.

Il se gara sur le trottoir, près du portail de sa maison. La haie de son jardin bloquait ma portière. Donc, je dus passer par le côté conducteur, en enjambant de manière peu gracieuse le guidon de vitesse tout en évitant de m'assommer à cause du plafond.

- Euh.. Tu veux pas que je t'aide ? proposa mon voisin hilare.

- Non, je devrais m'en sortir, dis-je en surestimant ma souplesse.

Après m'être donné plusieurs coups sur la tête et avoir manqué de plonger sur la route, j'atterris finalement sur le siège de Lucas, vide heureusement pour lui. Je soufflai profondément avant d'ouvrir les yeux et découvrir la main que me tendait mon cher ami.

- La prochaine fois, je me garerai de l'autre côté et c'est moi qui sortirai par l'autre portière, hein !

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plume_songeuse