Chapitre 14

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Lorsque j'ouvris les yeux, je me retrouvai face à une boîte de nouilles. Je mis quelques minutes avant de réaliser que j'étais assise sur la chaise de la salle à manger et allongée sur la table. Je me redressai et fis doucement craquer mon dos et mon cou. Ce fut à ce moment-là que je me rendis compte que je m'étais endormie sur mes cours de maths autour de plusieurs autres boîtes de nourriture asiatique : sushi, nems, samoussa, ramen, etc.

Une feuille attira mon attention, il y était inscrit quelque chose qui n'était pas dans mon écriture. Je me frottai les yeux et pris la feuille pour la lire.

 Je me frottai les yeux et pris la feuille pour la lire

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Je souris en me rappelant enfin de la soirée. C'était vraiment très agréable et j'avais l'impression qu'on s'était réconciliés inconsciemment. Nous avions beaucoup ri, parlé entre deux explications et finalement nous nous étions un peu redécouvert. Je n'avais pas pensé une seule fois à ma mère, ni à mon père.

Mon père qui devait rentrer entre 22h30 et 23h.. Je me jetai sur mon téléphone pour vérifier l'heure, je n'avais aucune notion du temps et je ne savais pas combien de temps, j'avais dormi. L'horloge annonçait 23h07, la ponctualité n'était pas le fort de mon géniteur surtout quand ça me concernait et heureusement pour moi cette fois-ci..

Je me levai rapidement et regrettai aussi vite mon acte quand ma vue se brouilla. Après avoir attendu que les ombres se dissipent, je me dépêchai de rassembler mes affaires de maths dans un petit tac que je monterai plus tard. J'entrepris de débarrasser la table, je réunis ce qu'il restait dans un tupperware, de quoi tenir plusieurs jours avec la pizza et le pique-nique de ce midi.

Je sortis ensuite dehors, les emballages en équilibre sur mes bras et les jetai dans la poubelle jaune. Lorsque je refermai le couvercle, j'aperçus des phares. À cette heure-ci, cela ne pouvait être que mon père.

Je courus vers la maison, et une fois à l'intérieur, fermai la porte à clé dans l'espoir que ça pourrait le ralentir. Mon plan était très simple : faire croire que je dormais pour possiblement échapper à une engueulade. Je récupérai mes affaires scolaires et montai dans ma chambre. Mais à mi-chemin vers l'escalier, je m'arrêtai.

La boîte de macarons était restée dans le garage. Je pouvais très bien les récupérer demain, si j'arrivais à m'en souvenir, mais si mon père mettait la main dessus avant, j'étais foutue. En vrai, je ne savais pas si mon père allait dans le garage en cachette comme moi. Est-ce que je pouvais prendre le risque qu'il trouve les pâtisseries dans la pièce où il m'interdisait formellement d'entrer ?

Je décidai que non et posai mon petit tac sur un escalier. Je courus vers la pièce me disant qu'heureusement, j'avais bien mangé et que je ne me retrouverai pas encore à l'hôpital pour crise d'hypoglycémie. J'entrai, récupérai la boîte et ressortis.

Mais au lieu de continuer de sprinter jusqu'à ma chambre et de me jeter dans les draps comme je l'imaginais dans ma tête, je me figeai. La clé venait de tourner dans la serrure et ce petit bruit m'empêcha de faire un pas de plus. Je ne pensai même pas à m'éloigner de la porte, à poser la boîte ou à simplement lâcher la poignée pendant le temps qu'il me restait.

La porte d'entrée s'ouvrit sur le visage en colère de mon père, qui ne tarda pas à changer d'expression faciale.

- Tu peux m'expliquer ce que tu fais dans le garage ?? Non, explique-moi d'abord les 70 euros de UberEat !

- Ah.. Tu as reçu l'alerte..

J'avais espéré au fond de moi que l'application de mon père qui gérait sa carte bleu ne lui envoie pas la notification.

- Bien sûr que oui ! Qu'est-ce qu'il t'as pris de payer 70 euros de bouffe chinoise ??

- C'était pas que de la nourriture chinoise, j'ai acheté beaucoup de truc quand même.. Il en reste si tu veux..

- Y'avait du caviar dans leurs sushis ? Du taureau dans leur nems ?

- Non, je-

- Tu as mangé toute seule ? Y'avait pas ton acolyte blonde, j'espère !

- Non, bien sûr que non, j'étais toute seule, mais en fait-

- Oh, j'y crois pas ! Tu es vraiment égoïste ! Dépenser autant d'argent dans ton repas avec pour excuse que c'est un jour difficile ! Je sais que je ne suis pas souvent à la maison, mais ce n'est pas une raison pour te laisser aller sur l'argent et sur la bouffe. Moi, je fais attention, à toi, à mon travail, à mon corps. Je fais de mon mieux pour toi et pour ton avenir et toi, tu ne penses qu'à ta petite personne. Tu ne communiques jamais, tu restes toujours coincée dans ta chambre !

- Tu ne donnes peut-être pas envie de communiquer..

- Pardon ?

La voix de mon père se fit plus dure, signe qu'il s'énervait. Cependant, je ne me laissais pas démonter, relevant la tête pour le défier du regard.

- T'es jamais là de toute façon et tu veux que je communique avec toi ? Comment ? Par téléphone ? Ah j'oubliai ! Tu es tellement occupé que tu ne peux pas m'appeler ou m'envoyer des textos !

- Estelle !

- Quoi ? Ne recommence pas à te plaindre de mon comportement et de ma commande ! Tu avais qu'à me faire à manger ! Faire ton travail de père ! Tu n'es même pas capable de remarquer les choses par toi-même, tu as besoin que le CPE m'espionne ou que ta putain de carte bancaire te signale que j'ai fait un encore écart !

- Estelle..

- Tu ne t'es jamais rendu compte que je ne mange pas le soir ? Pourquoi à ton avis ? Tu commandes des pizzas, des pizzas et encore des pizzas ! Tous les soirs ! Ça me dégoûte, tu me dégoûtes, tout dans cette putain de vie qui est la mienne me dégoûte ! criai-je les larmes aux yeux avant de marquer une pause. Eh ben, tu sais quoi ? Je suis contente d'avoir passé une journée superbe avec mon amie et un repas divin qui est un des seuls que j'ai pris plaisir à manger jusque-là !

Je ne suis pas sûre d'avoir bien suivi mon propre monologue. Mais d'après la claque que je m'étais prise, mon père n'en avait pas perdu une miette.



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Douche Froide [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant