Chapitre 3

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David était assis à l'une des tables situées dans la cour devant la cafétéria. Le temps que Laurie le rejoigne, il avait déjà englouti la moitié de son déjeuner et se sentait beaucoup mieux. Tandis que sa petite amie posait son plateau près du sien, il vit Robert Billings se diriger lui aussi vers la cour.

« Hé, regarde », murmura David à Laurie pendant qu'elle s'asseyait près de lui.

Robert sortit de la cafétéria le plateau à la main, cherchant une place où s'asseoir. Fidèle à lui-même, il avait commencé à manger debout sur le seuil : une moitié de hot- dog lui sortait de la bouche.

Il choisit une table où deux autres filles de la classe d'histoire de M. Ross avaient pris place. Dès qu'il posa son plateau, elles se levèrent d'un même mouvement pour aller s'installer ailleurs. Robert fit comme s'il n'avait rien remarqué.

David secoua la tête.
« L'intouchable du lycée... marmonna-t-il.
– Tu crois qu'il a vraiment un problème ? demanda Laurie.

– J'en sais rien. Autant que je m'en souvienne, il a toujours été bizarre. D'un autre côté, si on me traitait de cette façon, moi aussi je deviendrais bizarre. Ce qui m'épate, c'est que lui et son frère puissent venir de la même famille.

– Je t'ai déjà dit que ma mère connaît sa mère ?

– Ah bon ? Et elle parle beaucoup de son fils à ta mère ?

– Jamais. Sauf une fois, où elle lui a dit que Robert venait de passer une série de tests ; contre toute attente, il a un QI normal. Il n'est pas retardé, ni rien.

– Juste bizarre », conclut David avant de réattaquer son déjeuner.
De son côté, Laurie picorait à peine dans son assiette. Elle semblait préoccupée.

« Qu'est-ce qu'il y a ?
– C'est ce film, David. Il m'a vraiment retournée. Pas toi ? »
Après un instant de réflexion, il répondit :
« Si, bien sûr. C'est vraiment horrible. Mais ça s'est passé il y a longtemps, Laurie. Pour moi, c'est de l'histoire ancienne. On ne peut pas revenir en arrière.

– Non, mais on ne peut pas l'oublier non plus. »

Elle se força à mordre dans son hamburger, mais fit aussitôt la grimace et le reposa sur son plateau.

« Peut-être, mais tu ne vas pas passer ta vie à déprimer à cause de ça », déclara David.

Sur ces mots, il lorgna le hamburger intact de Laurie. « Tu comptes le manger ? »
Elle fit non de la tête. Le documentaire lui avait coupé l'appétit.
« Vas-y, tu peux le prendre. »
David finit non seulement son sandwich, mais aussi ses frites, sa salade et sa glace.

Laurie regardait dans sa direction sans le voir vraiment.
« Miam, fit David en s'essuyant les lèvres avec sa serviette. – Tu veux autre chose ?
– Maintenant que t'en paries...
– Salut ! La place est libre ? s'enquit une voix derrière eux.

– J'étais là la première ! » protesta une autre.

Amy Smith et Brian Ammon, le quarterback, étaient arrivés à leur table en même temps.

« Comment ça, t'étais là la première ? s'indigna Brian.
– Euh... en tout cas, c'était mon intention.
– L'intention, on s'en fiche. En plus, je dois parler football avec David.
– Et moi, je dois parler à Laurie.
– Et de quoi ?
– De n'importe quoi, histoire de lui tenir compagnie pendant que vous deux vous

discutez de votre foot à la noix.
– Arrêtez, intervint Laurie. Il y a assez de place pour deux.
– Pour deux, oui, mais avec ces grands gaillards, il faut au moins trois places, rétorqua

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