Ce qui se passa le lendemain stupéfia Ben. Pour une fois, ce fut lui qui arriva en classe après la sonnerie, et non ses élèves. Ce matin- là, il avait oublié par inadvertance ses notes ci le livre sur le Japon dans sa voiture et dut lourir au parking juste avant le cours. Tandis qu'il se ruait vers la classe, il imaginait déjà le bazar total qui l'attendait. La surprise fut de taille.
Dans la salle, les cinq rangées de sept bureaux individuels étaient impeccables. À chaque bureau se tenait assis un lycéen bien droit, dans la position que Ben leur avait apprise la veille. Le silence régnait, lien balaya la pièce du regard, mal à l'aise. S'agissait-il d'une blague ? Ici et là, certains réprimaient un sourire, mais ils étaient en minorité face au nombre de visages sérieux regardant droit devant d'un air concentré. Quelques-uns lui lancèrent des regards interrogateurs, attendant de voir s'il irait plus loin encore. Le devait- il ? C'était une expérience tellement hors normes qu'il était tenté de la poursuivre. Que pouvaient-ils en apprendre ? Et lui-même, qu'en retirerait- il ? L'appel de l'inconnu fut le plus fort, il se devait de découvrir où tout cela les mènerait.
« Bon, fit-il en rangeant ses notes. Quelle force voyons-nous à l'œuvre dans cette classe ? »
Les lycéens le fixèrent sans comprendre. Ben porta son regard vers le fond de la salle.« Robert ? »
Robert Billings se leva en vitesse et se plaça à côté de sa table. Il avait rentré sa chemise dans son pantalon et peigné ses cheveux.
« Monsieur Ross, la discipline.
– Exact, la discipline, répéta le professeur. Mais ce n'est pas tout. »
Il se tourna vers le tableau et, sous « LA FORCE PAR LA DISCIPLINE », il écrivit : « LA COMMUNAUTÉ ». Ensuite, il refit face à la classe.
« La communauté est le lien qui unit les gens qui travaillent et luttent ensemble pour atteindre un but commun. Comme lorsqu'on construit une grange entre voisins. »
Quelques rires fusèrent. Mais David comprenait ce que le professeur voulait dire. C'est ce à quoi il avait lui-même pensé la veille après le cours : une espèce d'esprit d'équipe dont les gars du club de foot avaient bien besoin.
« C'est le sentiment d'appartenir à une chose plus importante que soi, poursuivit Ben. Vous faites partie d'un mouvement, d'une équipe, d'une cause. Vous vous engagez personnellement...
– On n'a que ça à faire... marmonna quelqu'un, mais ses voisins le firent taire.
– Comme la discipline, continua le professeur, pour comprendre parfaitement la communauté, vous devez en faire l'expérience, y participer. Dorénavant, nos deux slogans seront : "La Force par la Discipline", "la Force par la Communauté". Allez, tout le monde répète. »
Les élèves se placèrent à côté de leur bureau pour réciter les slogans : « La Force par la Discipline », « la Force par la Communauté ».
Un petit groupe, dont Laurie et Brad, ne suivit pas le mouvement, restant assis, mal à l'aise, sur leur chaise, pendant que Ben faisait répéter les slogans encore et encore. Laurie finit par se lever, suivie de Brad. Bientôt, la classe dans son ensemble se retrouva debout.
« Maintenant, il nous faut un symbole pour notre nouvelle communauté », déclara Ben.
Après un instant de réflexion, il dessina au tableau une vague entourée d'un cercle.
« Ce sera notre logo. La vague évoque le changement. Elle représente un mouvement, une direction. À partir de maintenant, notre communauté, notre mouvement s'appellera la Vague. »
VOUS LISEZ
La Vague
Historical FictionCela commence par un jeu et fini par une dictature Ici vous trouverez l'histoire de La Vague écrite par Todd Strasser. L'histoire est basé sur une incident qui s'est réellement produit en 1969 en Californie.