Chapitre 8

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David et Laurie habitaient tous deux non loin du lycée. L'itinéraire de David ne le conduisait pas forcément devant la maison de Laurie, mais depuis la seconde, l'année où il avait commencé à s'intéresser à elle, il avait pris l'habitude de faire un détour tous les matins, espérant la croiser en chemin. Au début, il ne la retrouvait qu'une fois par semaine environ. Mais au fil des mois, tandis qu'ils apprenaient à se connaître, il la croisa de plus en plus souvent, jusqu'à ce que, au printemps, ils en arrivent à faire le trajet ensemble pratiquement tous les jours. Pendant longtemps, David crut qu'il ne s'agissait que de hasard et de chance. Jamais il n'aurait pensé que, depuis le début, Laurie l'avait guetté à sa fenêtre. Les premiers temps, elle avait fait semblant de « tomber sur lui » une fois par semaine. Les jours passant, elle avait décidé que cela arriverait de plus en plus souvent.

Lorsque David passa prendre Laurie le lendemain matin, il avait le cerveau en ébullition.

«Je t'assure, Laurie, c'est exactement ce dont l'équipe a besoin, déclara-t-il tandis qu'ils marchaient vers le lycée.

– Ce dont l'équipe a besoin, c'est d'un quarterback qui sache faire une passe, d'un arrière qui ne perde pas le ballon, de deux plaqueurs qui n'aient pas peur de jouer leur rôle, d'un ailier qui...

– Ça va, arrête, la coupa-t-il, irrité. Je suis parfaitement sérieux. J'ai initié l'équipe à la Vague, hier, avec l'aide de Brian et d'Eric. Les gars étaient enthousiasmés. Bon, ce n'est pas comme si on avait fait des progrès avec un seul entraînement, mais j'ai senti qu'il se passait un truc. J'ai vraiment senti un esprit d'équipe se former. Même Schiller, notre entraîneur, était impressionné. Il a dit qu'il ne nous reconnaissait pas.

– En tout cas, pour ma mère, tout ça ressemble à un lavage de cerveau.

– Quoi ?

– Selon elle, M. Ross nous manipule.

– Ta mère est tarée. Qu'est-ce qu'elle peut en savoir, de toute façon ? Et puis, depuis quand t'écoutes ta mère ? Tu sais bien qu'elle s'inquiète pour un rien...

– Je n'ai pas dit que j'étais d'accord avec elle.

– Tu n'as pas dit le contraire non plus.

– Je te répétais juste ses paroles ! »

David ne voulait pas lâcher le morceau.

« De quel droit elle raconte ça, d'abord ? insista-t-il. Elle ne peut pas comprendre la Vague tant qu'elle n'a pas vu comment ça fonctionne dans une classe. Les parents croient toujours tout savoir... »

Laurie sentit soudain une envie irrépressible de le contredire, mais elle se contint. Elle ne voulait pas se disputer avec lui pour un truc si bête. Elle détestait lorsqu'ils se fâchaient. De plus, pour ce qu'elle en savait, la Vague était peut-être bien ce qu'il fallait à l'équipe. Une chose était sûre, c'est qu'elle avait besoin de changement. Elle décida de parler d'autre chose.

«T'as trouvé quelqu'un pour t'aider en algèbre ?

– Nan, fit-il en haussant les épaules. Les seuls bons élèves sont dans ma classe.

– Alors, pourquoi tu ne demandes pas à l'un d'eux ?

– Impossible. Je ne veux pas qu'ils sachent que je rame en cours.

– Pourquoi ça ? Je suis sûre que quelqu'un serait prêt à t'aider.

– Evidemment. Mais je ne veux pas de leur aide. »

Laurie soupira. Effectivement, beaucoup de lycéens étaient en compétition pour avoir les meilleures notes et participer le plus possible en classe. Mais peu poussaient le vice aussi loin que David.

La VagueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant